Woulo pou jénès Gwadloup !

Depuis trop longtemps déjà, on s'interroge de savoir ce que fait notre jeunesse,elle qui,jusqu'au début des années 80 était impliquée, sous diverses formes et à travers quelques organisations estudiantines ou politiques, dans les luttes pour améliorer tant sa situation,que celle de notre pays.

On se rappelle en ef fet les prises de posi- tions et les mouve- ments engagés, dans un passé pas si lointain, notamment par les étudiants de Vizioz ou de Fouillole par les lycéens de Bainbridge pour non seulement revendiquer de meilleures conditions d'études, mais aussi apporter quelques fois leur sou - tien aux travailleurs en lutte dans divers secteurs de la vie économique de la Guadeloupe.

On a encore en mémoire, les manifestations sous diverses for- mes, culturelles, sportives ou politiques, organisées par des organisations comme l'Union de la Jeunesse Communiste Guadeloupéenne (UJCG), la Jeunesse Ouvrière Chétienne (JOC), puis le Bik à Jen Guadeloupe (BIJENGWA) en direction de la jeunesse afin qu'elle prenne sa place dans la vie de son archipel.

Les décideurs, à quelque niveau qu'ils soient, savaient que notre jeunesse, si elle n'était pas écoutée pouvait être un tison. Au fil des ans, les choses ont bien changé et le vide s'est installé, laissant le soin aux aînés de décider en toute quiétude, pendant que la frange juvénile qui de plus en plus, s'est trouvée confrontée aux aléas de la vie guadeloupéenne, chaque jours plus exacerbés, donnait l'impression de «regarder passer le train» non plus chargé de cannes ou de travailleurs productifs, mais du chômage, de la désillu- sion, du désespoir même par- fois

. A tel point que beaucoup se laissent encore aller à fustiger notre jeunesse, la traitant malheureusement de tous les noms possibles.

Pourtant, nous avons une jeunes- se qui résiste, qui travaille et qui réussit, même quand toutes les portes ne lui sont pas ouvertes. Cette jeunesse là, doit continuer à être le phare et porter haut le flambeau afin d'entraîner avec elle les autres.

Aucun jeune en effet, ne doit être considéré comme«perdu».

Nous avons le devoir de les accompagner tous, ceux que nous considérons être dans le «droit chemin», et tous ceux qui, aujourd'hui, ont pris la tangente et sont en «marge» de cette société qui ne respec- te pas les droits fondamen- taux de l'homme.

Gardons toujours à l'esprit, et inculquons chaque jour un peu plus à nos jeunes, qu'ils sont notre richesse et notre avenir, un potentiel de savoir inestimable.

Mais, gardons-nous de les enfermer dans un cadre pré - déterminé, tracé pour eux, en prétextant que nous voulons leur offrir un espace de liberté d'expression, surtout que nous avons souvent affirmé que nous ne voulons pas «bri - der» notre jeunesse.

Aujourd'hui, un nouvel élan semble être pris avec notamment, le récent «Bik a jénès» qui a eu lieu au Palais des sports du Gosier à l'initiative du «Kolektif jénès Gwadloup». C'est une bonne initiative que de regarder le pays, et d'exprimer son désir de le faire aller de l'avant.

Un chemin qui s'ouvre donc et sur lequel aucune voie ne doit être fermée. Il convient alors maintenant de s'engager réellement pour notrepays.

Cet engagement doit être guidé par l'idée que nous avons la charge de préparer la Guadeloupe de demain que tous, me semble-t-il, nous voulons prospère.

Mais, cette prospérité, l'épa- nouissement même, ne tombe - ront pas du ciel.

Ils ne viendront pas de là-bas à 7000 km, ni de ceux qui, ici invi- tent à la résignation, à l'assujet- tissement, à nous enfermer dans l'assimilation.

Notre avenir, plus radieux, vien- dra de notre capacité d'abord à comprendre et à accepter l'idée que nous sommes un peuple différent des autres, puis à celle de nous engager résolument dans le combat pour changer , pour prendre demain toute notre place dans une Guadeloupe qui enfin, nous le croyons, aura su faire, au bon moment, les choix qu'impose une société qui veut enfin donner à ses enfants, un cadre pour un meilleur épanouissement.

Woulo alo,