Henri Debs, un maître de la musique guadeloupéenne s'en est allé sur l’autre rive
Le célèbre musicien,chanteur et interprète guadeloupéen, Henri Debs,s'en est allé,à 81 ans,sur l'autre rive,à la rencontre de son épouse adorée qui lui manquait tant,depuis que la mort,cette faucheuse impitoyable,l'a emportée,le privant de cette source d'amour qui éclairait sa vie.
H enri Debs, d'origine liba- naise était, comme on le dit dans notre langue qui était la sienne, un «fondal natal», un enfant de chez nous, un Pointois de souche, un citoyen de sa ville, devenu un grand Guadeloupéen, exprimant à la perfection, la culture et «l'âme guadeloupéenne», à travers ce qui a été l'engagement de sa vie : La musique.
Parti des rues de Pointe-à-Pitre comme marchand ambulant, cet homme passionné de musique, s'est élevé au plus haut sommet dans ce milieu, par ses aptitudes à apprendre et à jouer des instru - ments les plus emblématiques : Flûte, saxophone, piano, guitare, par sa grande créativité de com - positeur et son sens des affaires, lorsqu'il s'est engagé dans l'aven - ture de la production de disques.
Avec plus de 300 titres composés, il laisse une œuvre musicale considérable et des titres inoubliables tels que : «Mwen sé on maléré», «Où sont les baisers», «Nou ka pati an bodé». Il a produit et enregistré, dans ses studios, au cours de ces 50 ans d'activité, les plus grosses pointures de la musique antillaise et caribéenne : Manuela Pioche, Paul Blamart, Daniel Forestal, Joseph Lacides, pour ne citer que ceux-là. Mais aussi, des orchestres prestigieux : T ypical Combo, Malavoi, Experience 7…
Il avait surtout, le grand méri - te de découvrir et de produire des jeunes chanteurs, pas encore connus, dont il savait évaluer le potentiel qui allait en faire de grands artistes. Ce fut le cas de T anya Saint-V al, Tatiana Miath, les sœurs Forstin et beaucoup d'autres.
Dans l'histoire de la musique guadeloupéenne, on retiendra aussi la contribution exception - nelle de Henri Debs pour sortir la musique traditionnelle, notre gwoka national, de l'ombre, en produisant les meilleurs joueurs et chanteurs de ka de son époque : Guy Konket, T i Séleste, Michel Halley…
Dans un livre autobiographique qu'il a écrit : «Mémoires et vérité sur la musique antillaise», il appor - te un certain éclairage, utile pour comprendre l'évolution de la musique et du business qui l'entourent dans les années passées. De son vivant, il a reçu plusieurs distinctions pour la qualité de sa création musicale et son enga - gement dans la défense de la culture créole :
- En 1985, le pris Alexandre Stellio - En 2008, l'Elwa d'or du Conseil Régional - En 2009, le diplôme de l'Académie de la musique - En février 2010, le Prix inter - national Arc d'Europe en caté- gorie or.
Le samedi 24 août, la Guadeloupe, dans sa diversité, avec les plus hautes personnalités politiques, le monde de l'entreprise et surtout les artistes, lui ont rendu un hom - mage mérité à l'Eglise Saint- Pierre et Saint Paul, après lui avoir of fert le plus grand bœuf musical sur le marché central de Pointe-à-Pitre, le vendredi soir.
Adieu l'artiste ! «Pati an bodé pou toujou» !