Rosan Girard : «Le communisme est le passé, le présent et l'avenir incontournable du genre humain»
Ce week-end, du 11 au 13 octobre au Moule, à l'initiative du «Comité pour promouvoir, l'œuvre et la pensée de Rosan Girard», sera célébré le centenaire de sa naissance. Si le nom de Rosan Girard est plus qu'évocateur pour les Guadeloupéens qui avaient l'âge de conscience dans les décennies 1940 à 1970, il est par contre méconnu des nouvelles générations. Médecin de profession, Rosan Girard est cet homme politique guadeloupéen qui a marqué d'une empreinte indélébile la vie politique de son pays de part son engagement, ses actions, sa pratique communistes au service des couches sociales défavorisées de la Guadeloupe et de son apport dans l'élaboration d'un projet global d'émancipation pour notre pays. Adulé des couches populaires et laborieuses de la Guadeloupe, tour à tour élu maire du Moule puis conseiller général en 1945, député de la Guadeloupe en novembre 1946, 1951 et 1956, réélu à la mairie du Moule en 1953, Rosan Girard est empêché d'occuper ses fonctions par un décret gouvernemental qui dissout en toute illégalité le conseil municipal. Bien que rétabli dans ses droits en mai 1957 par le Conseil d'Etat, le conseil municipal de Girard est à nouveau dissout pour défaut d'autorité morale en juillet 1957. Rosan Girard et les communistes constituent une menace pour le pouvoir colonial qui va par - tout déployer son arsenal de violence et de frau- de électorale pour faire barrage aux communistes notamment à Sainte-Anne, à Anse- Bertrand, à Petit-Canal à Morne à l'Eau, aux Abymes, à Deshaies, à Sainte-Rose. Co-fondateur du Mouvement Communiste en Guadeloupe en 1944, élu député Communiste de la Guadeloupe en novembre 1946, Rosan Girard quitte son cabinet de médecin et se consacre totalement à la défense des intérêts de la classe ouvrière et des couches laborieuses de notre pays en menant à l'Assemblée nationale française un combat sans relâche pour obtenir au bénéfice des citoyens guadeloupéens, l'égalité des droits politiques, économiques et sociaux, avec ceux des citoyens français. Premier secrétaire général du Parti Communiste Guadeloupéen qui devient indépendant en 1958, Rosan Girard est l'ennemi public numéro 1 du pouvoir colonial français, parce que pour la première fois dans l'histoire politique de la Guadeloupe, un parti politique affirme l'existence du peuple guadeloupéen, et son droit à gérerses propres affaires et revendique un statut politique d'autonomie pour la Guadeloupe dans le cadre de nouveaux rapports avec la France. De la création du mouvement communiste en Guadeloupe en 1944, jusqu'au 3ème congrès du PCG des 18, 19 et 20 décembre 1964, où à sa demande, il n'a pas été reconduit dans la fonction de secrétaire Général, Rosan Girard a apporté une contribution majeure à l'élabora - tion de la ligne stratégique et tactique du Parti Communiste Guadeloupéen dans sa lutte pour l'émancipation nationale et sociale du peuple et des travailleurs guadeloupéens. Même après avoir quitté toutes ses responsabili - tés publiques, Girard est demeuré un homme politique de premier plan, poursuivant à Pariso ù il s'est désormais installé le combat pour la décolonisation et l'émancipation de la Guadeloupe. Il l'a fait en exprimant fran - chement ses points de vue, ses critiques, ses désaccords avec les choix tactiques du PCG, mais en affirmant toujours son engage- ment communiste. En 1999, Rosan Girard dans une lettre adressée au Parti Communiste Guadeloupéen disait : «Le communisme est le passé, le présent et l'avenir incontournable du genre humain». Les questions de l'unité du peuple guadelou- péen, du rassemblement des forces anticolonialistes, des voies et moyens et objectifs de la lutte de libération nationale, le contenu d'un projet économique et social, le passage d'un sentiment identitaire à une conscience nationale, sont entre au tres, celles là même qui sont à l'ori- gine des dissensions, des scissions qui ont affecté le Parti Communiste Guadeloupéen et le camp anti-colonialiste. Ce sont ces questions que les forces patriotiques, les anti-colonialistes, les communistes se doivent aujourd'hui encore de résoudre en urgence. L'apport de Girard au travers son analyse marxiste constitue un matériau important de la révolution que nous devons entreprendre pour pénétrer le chemin de notre émancipation. La journée d'études organisée par le Centre Guadeloupéen d'Histoire Sociale et Politique (CGHSP) dans le cadre du centenaire de la nais- sance de Rosan Girard peut y contribuer.