L'illettrisme, véritable fléau du système éducatif français Prévenir et lutter : la Guadeloupe mobilisée ?

On peut, en vérité,s'interroger sur la question,en dépit des discours entendus lors desAssises Régionales pour laGuadeloupe, à l'in vitation de madame le Préfet Marcelle Pierrot,tenues le vendredi 04 octobre 2013,dans la salle de cinéma du RSMA,de la Jaille àBaie-Mahault. Ne faut-il pas, d'une manièr e ou d'une autr e, se donner bonne conscience dans un contexte de chômage endémique, de fermetur e de postes et de classes,d'austérité,et nous ne parlerons même pas de prochaines échéances électorales ?

On le sait : Le pouvoir magique et capti- vant des mots n'im- plique pas forcément la concrétisation des intentions et des promesses. Un public, composé de plusieurs centaines de personnes et de dizaines d'intervenants, dont, la représentante du Préfet, sous- Préfet délégué à la jeunesse et à la cohésion sociale, le Recteur de l'Académie, Stéphane Martens, le représentant du commandant du RSMA, les représentants des Assemblées Départementales et Régionales, respectivement messieurs Jules Otto et André Attala, le Directeur de l'Agence Nationale de lutte contre l'illettrisme, monsieur Hervé Fernandez, le Professeur Eustache Janky, rapporteur pour la Délégation Outre-Mer de l'Agence Nationale de Lutte Contre l'Illétrisme (ANLCI), des Inspecteurs d'Académie et des Inspecteurs de l'Education natio - nale, monsieur Georges Drumeaux, chargé de mission pour l'Outre-Mer, des responsa- bles ou représentants d'entreprises, de centres de formation, d'organismes sociaux, telle que la Caisse d'Allocations familiales, était effectivement présent pour faire le point de la situation, tant en France que dans les dernières colonies, constitutionnellement appelées Départements d'Outre- Mer, en l'occurrence : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte

. Mais que faut-il entendre par illettrisme ? Alors que l'analphabétisme concerne les personnes qui n'ont jamais été scolarisées, l'illettris- me est la situation des personnes qui ont été scolarisées mais qui, à la sortie du système, n'ar - rivent plus à maîtriser les compé- tences de base, lecture écriture, calcul pour s'insérer de façon autonome dans le tissu social et encore moins, professionnel. De cette définition, il ressort que la situation de la Guadeloupe, par rapport à ce phénomène, est particulièrement catastro - phique, quand on se réfère aux différents indicateurs sociaux. La réunion plénière de la mati - née, dirigée par madame fabienne CONDO, responsable du service de communication du Rectorat, était donc l'occasion pour tous les signataires de la Charte signée le 26 sep - tembre 2011, de faire un bilan à mi-parcours.

Des extraits d'interventions qui permettent de comprendre Le lieutenant-colonel Christian Dugast révélait «qu'au niveau de la Journée Défense Citoyenneté, la détection révèle que 31% des jeunes guadelou- péens sont en situation d'illettrisme. 48% des jeunes n'ont pas le CAP, mais, à l'issue de la formation, 90% des stagiaires obtiennent le Certificat de Formation Générale, ce qui laisse un grand espoir». «Les sorties précoces du système éducatif, généralement après la troisième, sans diplômes, sans qualification, le retard pris par les élèves dès le Cour Elémentaire, placent l'Académie de la Guadeloupe en avant der- nière position sur le plan national et interpellent l'Assemblée Départementale», a déclaré monsieur Jules Otto. «Le Conseil Général s'investit donc dans ce champ de lutte contre l'illettris- me car elle conditionne le développement économique et la cohésion sociale». La lutte contre l'illettrisme, au label de grande cause nationale pour cette année 2013, par la volonté du Premier ministre, est une des préoccupations de la Région, affirmait monsieur Attala. «La collectivité Régionale est prête à accompagner toutes les initiatives innovantes dans le cadre de ses compétences». Pourtant, «l'Académie de la Guadeloupe n'a pas à rougir des actions menées dans le plan de lutte 2010-2015, eu égard aux divers moyens mis en œuvre et à l'effectif des bénéficiaires. Je garde l'espoir que de moins en moins de jeunes seront concer - nés par l'illettrisme en Guadeloupe» affirmait monsieur le Recteur . Pour madame la représentante du Préfet, les chiffres sont forts préoccupants, «d'autant que l'objectif fixé par le Comité Interministériel, en novembre 2009, de réduire de moitié, en 10 ans, l'écart d'illettrisme entre la France et l'Outre-Mer, est loin d'être atteint. La Charte signée en 2011, mise en œuvre en Guadeloupe entre les différents partenaires, démontre combien tous les acteurs étaient mobili- sés, dans tous les champs concernés et tous les publics, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte». Monsieur Hervé Hernandez, après avoir insisté sur le fait que c'est à la demande de 65 organi - sations très diverses de la société civile que le Premier ministre a décerné le Label l'illettrisme «grande cause nationale de cette année 2013», a procédé au commentaire d'un court métra- ge qui aura permis de montrer comment cette lutte relève de la conjugaison de l'action de toute la société, Institutions, associa- tions, entreprises, socio-profes- sionnels, organismes publics et privés, personnalités diverses ainsi que les médias. Les assises régionales seront prolongées par les Assises Nationales en novembre prochain. Il revenait au Professeur Eustache Janky de résumer le tableau de la situation pour l'Outre-mer. «La situation de la jeunesse traduit à la fois une richesse pour demain mais aussi un sujet d'inquiétude aujourd'hui au regard du chômage et du marché de l'emploi.. Sans amélioration, certaines collectivités connaîtront un niveau de fortes tensions sociales. Les territoires ultramarins se caractérisent par un taux d'illettrisme trois fois supérieur au taux métropolitain. Il faut déboucher sur des solutions pour l'insertion. C'est cette étude que nous menons, et qui sera achevée en 2014». La présentation des chiffres relatifs à l'illettrisme concernant la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte a été faite par monsieur GeorgesDrumeaux. La charte signée le 26/09/2009 étant un outil au niveau politique pour la période 2010-2015, il convient, à mi-parcours, de faire un bilan qui montre la corrélation entre l'illettrisme, l'âge de la scolarisation, la langue maternelle, le niveau et l'âge de la déscolarisation, le temps passé dans la recherche d'une inser - tion professionnelle. Plusieurs interventions de per - sonnalités ont permis de présen- ter des actions significatives de prévention et de lutte contre l'illettrisme : - Pour la direction de l'emploi, de l'alternance et de la forma- tion professionnelle, par la directrice Jacqueline Broliron. - Pour le Conseil Général par monsieur Gérard Proto, Directeur du Réseau Scolarité, Insertion (RSI). - Pour la Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi (DIECCTE) de la Guadeloupe, par madame Laquitaine. - Pour le Rectorat, par des Inspecteurs de l'Education Nationale (IEN), respectivement madame Rachel Kaakil, mon - sieur Mathieu Chalcou et le conseiller pédagogique, mon - sieur Delacaze, les deux derniers nommés s'occupant plus particulièrement de la circonscription de Capesterre-Belle-Eau qui regroupe trois communes. - Pour la Fédération des Œuvres Laïques de la Guadeloupe (FOLG), par madame Catherine Cappa et monsieur Chandler, ce dernier, pour un témoignage en tant que bénéficiaire de cesactions. Différentes entreprises et centres de formation ont exposé également leur implication dans ce partenariat. Les tables rondes de l'après-midi, avec comme modérateur le jour- naliste Steeve Prudent, ont permis au public d'échanger avec les intervenants, ce qui a permis de préciser des interrogations de la matinée et, notamment : - Le travail en synergie des dif fé - rents partenaires - Les causes et conséquences du phénomène d'illettrisme. Il va de soi que nous reviendrons, en temps utile, sur cette ques- tion dans nos colonnes car, force est de regretter, qu'après plus de 60 ans de départementalisationrégionalisation, la Guadeloupe soit encore dans cette situation, à laquelle s'ajoute une économie de plus en plus en déclin.