Thierry Dol et ses compagnons de captivité libérés

L'ingénieur martiniquais Thierry Dol et ses trois autres compagnons de captivité : Daniel Larribe,Pierre Legrand et Marc Ferret ont été libérés mardi 29 octobre après 1139 jours de captivité.

Ils avaient été enlevés par l'AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique) sur le site minier d'Arlit dans le Nord du Niger où ils tra- vaillaient pour la société multi- nationale française AREVA. Ces ex-otages, comme ils sont dési - gnés maintenant par les autorités française et la presse sont arrivés mercredi matin sur l'aéroport mili- taire de Villa Coublay en provenance du Niger , dans l'avion Présidentiel français accompagné du Ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius et du Ministre de la Défense, Monsieur Jean-Yves le Drian. C'est le Président de la République en personne, François Hollande, entouré des membres des familles des otages libérés, qui les a accueillis sur le tarmac de l'aéroport. Les ex-otages sont apparus en apparence en bonne forme physique, mais tout de même un peu en décalage par rapport à la médiatisation de l'accueil. Ils ont écouté les salutations élogieuses du Président de laRépub lique sans pour autant prononcer un mot, préférant se concentrer sur la joie de retrouver leur famille qu'ils n'a - vaient pas vu ou entendu depuis trois longues années. Après un cheik complet qu'ils vont subir à l'hôpital militaire du Val de Grace pour évaluer leur état desa nté physique et psycholo - gique, ils vont rencontrer les membres des services secrets français pour un débriefing sur leurs conditions de détention. Pour l'heure il ne se sont pas beaucoup exprimés, mais tout le monde comprendra qu'ils sont forcément marqués par cette expérience dramatique qu'ils ont vécu dans un environnement hostile, avec la mort en perspective. On saura un peu plus sur ce qu'ils ont af fronté au quoti- dien, quand ils retrouveront leurs repères et le cadre sécurisant de leur milieu familial. C'est un grand soulagement pour tous ceux qui, chez nous se sont mobilisés pour la libération de Thierry Dol et pour soutenir sa famille.Par -delà la question humanitaire en relation avec la personne deso tages, il y a manifestement toutes les manœuvres et les enjeux politiques qui entourent cette question de prise d'otages français et la gestion de ces dos - siers par les pouvoirs français. Il faut bien se poser la question de savoir pourquoi la France est visée plus que d'autres pays par ces pra - tiques terroristes. On viendra rapidement à la com- préhension que les citoyens fran- çais pris en otage dans différents pays sont les victimes de la politique impérialiste et néo colo - nialiste de la France dans le monde, sa participation à des guerres de domination et les pra- tiques de ses multinationales qui pillent et exploitent sans vergogne les richesses naturelles de certains pays africains. L'ancien chef d'Al-Qaida, BenL aden, tué par les Américains avait clairement déclaré que les otages français allaient payer de leur vie si l'armée française ne laissait pas l'Afghanistan. La question va rebondir sur la façon dont la France va gérer ce dossier. Déjà une polémique commence à enfler : Le gouvernement français a-t-il payé le terrorisme pour la libé - ration de ces quatre otages, com - bien et avec quel argent ? Si on en croit le journal «Le Monde» qui a publié sur son site un article assez documenté sur la question, les ravisseurs auraient reçu au moins 25 millions d'euros pour libérer les otages. Qui a payé ? Le gouvernement, sur quel fond ? AREVA ? Quelle est la contrepartie ? Ces questions sont d'autant plus troublantes et embarrassantes lors- qu'on sait que la doctrine instau- rée par le Président François Hollande est : La France ne paie pas le terrorisme. Mais, il y a plus. On sait maintenant que le négociateur de cette libéra- tion est le Président nigérien Mahamadou Issoufou. Ce dernier est engagé dans une négociation serrée avec la société AREVA pour le renouvellement de l'exploitation des mines d'uranium avec la ferme intention de récupérer une part plus importante pour son pays des richesses tirées des sous-sols de son pays. Il n'y a aucun doute que le Président nigérien attend un retour sur «investissement» de la part de la France. Après ces libérations, sept Français restent en otage : Serge Lazarevic et Gilberto Rodriguez au Sahel, Francis Collomp au Nigéria, et quatre journalistes en Syrie, Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre T orrès. Que va faire la France pour ceux-là. Déjà se font entendre des mécon - tentements dans l'entourage des familles de ces derniers. On a entendu la fille de l'otage Lazarevic déclarer à la télévision qu'elle a été trompée par des mensonges d'Etat et d'une politique de deux mesures.L es retombées escomptées par le cabinet du Président Hollande pour redorer sa gouvernance à la veille des prochaines échéances électorales risquent d'être de cendre. Cela nous rappelle l'histoire de la libération des infirmières bulgares par Cécilia Sarkozy.