Pour juguler le recul et passer résolument à l'offensive

Il y a déjà cinq ans que commençaient les efforts de large unification dans l'action,du mouvement syndical qui ont abouti à la gigantesque mobilisation des travailleurs et d'une large partie de notre peuple au courant du premier trimestre de 2009.

P our exaltantes qu'elles furent, ces quarante-qua- tre journées de mobilisation, même si elles débouchèrent sur un accord jamais respecté (l'accord BINO, du nom du syndicaliste qui y laissa sa vie) ayant apporté quelques satis - factions aux revendications syn - dicales, elles laissèrent un goût amer aux anticolonialistes sincè - res qui avaient cru que le mouvement populaire qui avait pris un caractère de lutte «sociétale» pourrait se transformer en mouvement politique pour aboutir à l'érection d'un pou- voir guadeloupéen.

En fait, la vérité vraie de la péni- ble réalité, c'est que les partis et organisations politiques se récla- mant de l'anticolonialisme, présents dans la mobilisation, n'é - tant plus de véritables partis et organisations politiques de masses s'étaient trouvés dans l'inca - pacité de prendre la relève des syndicats pour faire basculer le mouvement syndical en mouve- ment politique, pour une avan- cée décisive vers la responsabilité et la souveraineté, même par - tielle, du peuple guadeloupéen.

Aujourd'hui que l'engagement militant ne s'articule qu'autourde la question des élections, il est vital pour les forces antico- lonialistes de se renforcer, de se redéployer, pour effectivement gagner les masses popu - laires, les travailleurs et les jeunes principalement, à la lutte pour les changements de fond dont le pays a besoin. C'est un recul pour notre lutte de décolonisation, cinquante-cinq après la création de notre PCG comme parti national guadeloupéen, cinquante ans après l'émergence du mouvement nationaliste dans notre pays, que se maintiennent et apparaissent encore aujourd'hui des appendices des mouvements politiques de France.

Il faut rapidement sortir de la situation de groupuscules dans laquelle se trouve quasiment l'ensemble des forces anticolo - nialistes pour en faire des orga- nisations de masses capables d'influer concrètement sur le cours politique des choses.

Il faut persévérer dans l'ef fort de la construction d'un large Front Patriotique en continuant et en consolidant les FP AC, mais aussi, dans le même temps, travailler d'arrache-pied à renforcer cha - cune de ses composantes en élar - gissant leurs bases, en renouve- lant leurs structures, en redyna - misant leurs directions.

Chacun sait combien il est plus facile de détruire que de construire. Nombre de compatriotes échaudés par la lutte fratricide et ses conséquences pour le mouvement anticolonialiste sont «dans la nature». Il faut leur redonner confiance pour les entraîner de nouveau dans le combat salvateur . Quant à la jeune génération, c'est par l'exemple d'un engagement sincère et désintéressé que l'on pourra la gagner à la lutte pour la responsabilité politique, la lutte pour la libération nationale et sociale de notre peuple. La tâche urgente est donc de stopper le recul pour reprendre l'of - fensive. Elle nous est comman- dée par l'acuité de la crise structurelle de notre société, avec l'effondrement des valeurs et l'aggravation de la misère maté - rielle que vit une trop grande partie de nos compatriotes.