An nou doubout pou Gwadloup !

D éjà en 2005, Guy Conquet l'un des célèbres porte-parole de notre musique nationale, aujourd'hui disparu, chantait : «la Gwadloup malad».

Nous avons vibré sur le son du ka admi- rablement maitrisé par les maîtres du tanbou-ka, nous nous sommes laissés emporter par cette voix puissante qui partait des entrailles. Mais, avons-nous jamais écouté ce message d'alerte ? A quoi bon poser la question ?

Aujourd'hui, la réalité est là devant nous, dans toute sa nudité : «La Gwadloup est malade, elle souffre de partout».

Ce n'est pas la peine de chercher à se dis - culper, à renvoyer la balle aux autres, nous sommes tous placés, au même titre, face à notre responsabilité.

Ce que nous n'avons pas voulu entendre et voir par mimétisme, cupidité et lâcheté, s'impose à nous aujourd'hui.

Plus que les chif fres qui montrent d'une manière implacable la dégradation de la situation économique, sociale, écologique que connaît le pays, c'est la crise morale, la perte de sens, la déshumanisation qui détricotent notre société et qui indiquent une évolution brutale de la maladie vers une gangrène.

La cote d'alerte est dépassée lorsque l'on prend le temps de recenser le niveau de dégradations et de déprédations dans chaque secteur d'activité et de vie.

Ce n'est pas de la propagande que de dire que le pays est en danger et que les Guadeloupéens sont menacés dans leur existence individuelle et en tant que peuple. C'est une responsabilité politique et un devoir patriotique. Il faut arrêter les mensonges, les faux-sem- blants, le paraître, les prétentions de vouloir jouer dans la cour des Etats libres etindépendants.

Il faut rejeter avec la plus grande énergie ces idées fausses distillées depuis des décennies par les assimilationnistes parasitaires que notre avenir est dans l'appar - tenance à l'Espace Européen, notre chan - ce dans le bénéfice de la «solidarité nationale française».

La vérité, que tout le monde peut vérifier aujourd'hui, c'est que ni cet espace euro - péen, ni cette prétendue «solidarité natio - nale» n'ont pas empêché notre pays de glisser inexorablement vers le déclin.

Une autre vérité, et celle-là implacable, c'est que nous ne pouvons plus nous contenter de faire ces constats si justes soient-ils, de nous contenter de critiquer.

Dans une telle situation de crise qui n'é - pargne rien, ni personne, il serait insensé de penser s'en sortir individuellement. Les Guadeloupéens doivent comprendre que nous nous sortirons ensemble ou nous périrons ensemble.

Il n'y aura pas de salut individuel. Les réus- sites personnelles fugaces ne résisteront pas à la faillite générale.

Il nous fait aussi intégrer cette idée qui guide l'action de tous les hommes et les peuples qui veulent vivre debout : «La solution ne viendra que de nous : de notre prise de conscience, de notre engagement, de notre lutte, de nos sacrifices».

La Gwadloup sé tan nou ! An nous doubout ansam pou Gwadloup !