Antiracisme et dirigeants PS : une indignation en trompe-l'œil

Christiane Taubira insultée, parce que noire,écœurant, oui,mais quoi d'étonnant,vu l'instrumentalisation constante du racisme par nos dirigeants,qu'ils se déclarent de droite ou de gauche ?

F aut-il que Minute se «lâche» pour commencer à pousser des grands cris ? Quelle est cette indignation soudaine, alors que ceux qui représentent la France passent leur temps à inciter à la haine et à la violence contre les Noirs, les Arabes et la plupart des minorités, tant par leurs propos que par leurs actes ? Quand Manuel Vals insulte les Roms et prétend «défendre les Français contre ces populations», est-ce moins raciste ? Quand on stigmatise les musul- mans en permanence, leurs vêtements, leur alimentation, que l'on vote des lois censées proté - ger la laïcité, mais visant de manière étrangement sélective, certains «signes ostentatoires de religion», est-ce moins raciste ? Quand on approuve les dessins représentant le prophète Mahomet cachant une bombe dans son turban, c'est unique - ment de la liberté d'expression bien entendu ? Quand on ne sourcille pas lorsque Finkielkraut répand des insanités racistes contre les Noirs, les Arabes, les Musulmans, en affirmant qu'ils sont les uniques responsables des violences dans les banlieues et qu'ils exercent une mauvaise influence sur les jeunes blancs, c'est normal ? Quand le même se permet de dire que l'équipe de foot de France est «black-black-black» et qu'elle est ainsi «devenue la risée de toute l'Europe», ou encore que la colonisation a eu le mérite «d'apporter la civilisation à des sauvages», qui monte au créneau ? Et quand le «socialiste» Georges Frèche, maire de Montpellier , reprenait le même refrain en s'adressant au Midi-Libre : «Dans cette équipe (de foot, ndlr), il y a neuf Blacks sur onze. J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze Blacks. Quand je vois certai- nes équipes de foot, ça me fait de la peine»personne n'a appelé à une manifestation. Bien au contraire, on a trouvé que Frèche était un personnage «haut en couleur». A propos de négrophobie, quel - les sanctions ont été prises contre le présentateur Pascal Sevran, après qu'il eut dit sur FR3 que «la bite des Noirs est responsable de la famine dans le monde» ? Qui est allé manifester devant Guerlain quand il a dit «Je ne suis pas sûr que les nègres travaillent tellement» ? Uniquement des «indigènes» ! On en passe et des meilleures. Des «racailles»qu'il faut nettoyer au Karcher, et des Africains «incapables de se projeter dans l'ave - nir», dixit Sarkozy. Ou encore des nausées de Chirac évoquant «les bruits et les odeurs» dans les immeubles habités par des Noirs... Car la «droite» n'est certes pas en reste quand il s'agit d''enrichir le bréviaire raciste, qu'il s'agisse de Copé accusant des enfants musul - mans d'arracher les pains aux chocolat des pauvres petits enfants blancs, de Fillon interve - nant sur Europe 1, à propos de l'Afghanistan : «le conflit va durer, parce que les causes de ce conflit sont très profondes (…) C'est l'opposition entre le monde musulman et une grande partie du reste de la planète». Faut-il rappeler que les brûlots haineux et racistes d'écrivains ayant pignon sur rue, comme Michel Houelbecq et Oriana Fallaci, sont passés comme une lettre à la poste ? Ils n'y allaient pourtant pas avec le dos de la cuillère, parlant des musulmans qui «se multiplient comme des rats» et «urinent dans les baptis- tères», qui «sont pour la plu- part des délinquants, des pro- stituées et des violeurs aux- quels il faut, au minimum, donner des coups de pied dans les couilles» (Oriana Fallaci dans son livre «La rage et l'orgueil»). La banalisation du vocabulaire et de l'idéologie racistes en France se fait au plus haut niveau en France, où il est de bon ton d'évoquer régulièrement les «seuils de tolérance», comme les dangers d'«invasion» encourus par la République, en mal d'identité nationale. Mais au plus haut niveau, on ne se contente pas de petites phrases racistes et perverses, qui n'ont rien à envier à celles du Front National. Les actes sont là pour accompagner le discours crapuleux : contrôles d'identité au faciès, expulsion de femmes, d'hommes et d'enfants présentés comme des dangers pour la France parce qu'ils sont «étrangers», lois stig - matisantes ne respectant même pas la vie privée des personnes, comme l'interdiction du port du voile pour des nourrices. Un com - ble dans la mesure où on ne lais- se même pas aux parents le droit de choisir eux-mêmes une nourrice pour leurs enfants ! Et ceux qui se proclament indignés par le racisme, mais qui encouragent le racisme et l'apartheid israéliens, qui ne bron - chent pas quand Hollande fait allégeance au fasciste Netanyahou, comment peuvent-ils être pris au sérieux ? Peut-on être antiraciste et inau- gurer, comme notre maire, des places dans la capitale, à la gloire de racistes comme Ben Gourion ? Être antiraciste, c'est être contre toutes les formes de racisme, non ?

CAPJPO - EuroPalestine