La Guadeloupe a peur !

L es chiffr es depuis des années rappellent que le taux de criminalité en Guadeloupe est inquiétant.La violence de rue est distanciée par la violence intime,nous dit-on,atteignant la femme battue, blessée, tuée, à l'intérieur des lieux d'habitation. L es enquêtes,les réunions d'e xper ts toutes dis - ciplines confondues,les marches blanches,les voix des associations,ne semblent pasmettr e un fr ein à l'inlassable leitmotiv des médias, égr enant week-end après week-end des faits divers sanglants,règlements de compte ou violenceconjugale, au point que les cr aintes de la population limi - tent leurs sorties dans les espaces fréquentés,crispent leurs traits d'appréhensiond'attaques. Les femmes s'at- tendent à ce qu'un jour , à un angle de rue on les égor ge, les pique,les morde,parce que toute personne devient suspect dans ce monde deviolence ordinair e. Pour un r egard !!!! Sait-on jamais.

DE QUOI À PEUR LA GUADELOUPE ? et criminel. Et en effet les poli- tiques sécuritaires actuelles peuvent se décrypter à partir d'un rapprochement entre insécurité sociale et insécurité civile. Les déviants de la population sont responsables de toutes les insé- curités. Ce n'est pas un phénomène nouveau de considérer qu'une catégorie de la popula- tion génère le crime : les étran- gers, les oisifs des ghettos : amalgame politique entre insécurité sociale et délinquance. Les sollicitations incessantes réclamant des caméras de vidéo surveillance, des policiers, des médiateurs et des lois plus répressives démontrent l'ampleur du sentiment d'insécurité et les intérêts électoraux à venir trouvent là matière à promesses. La revendication sociale passe au second plan d'autant plus que l'effet amplificateur des médias, à la recherche d'audience assoit aussi le sentiment d'insécurité. Cette approche alarmiste se donne à entendre et à voir comme objet et enjeu des débats politiques où sont minimisés la critique, la réhabilita - tion et la prévention dans une recherche de solutions

. Les dis - cours sécuritaires ont conservé leurs formes antiques : on part d'un fait divers et on généralise sur cette base. On oublie cepen - dant que le traitement de la délinquance ne saurait se limiter à une approche policière et judi - ciaire dépourvues des questions sociales. La politique de la ville ne remplit pas sa mission si elle ne lutte que contre les désordres en ne s'autorisant aucun rôle préventif, évoqué il y a de cela bien des années.

LES CAUSES DE LA DELINQUANCE SONT CONNUES

Les causes de la délinquance sont connues : échec scolaire, désarroi social, absence de limi - tes éducatives, carences affecti- ves, insalubrité de l'habitat, phénomène d'addiction, alcoolisme, entraînant une exclusion ou un rejet social. L'accumulation de toutes ces déveines, d'échecs en dérives, édifie l'enfant en danger en enfant dangereux, en jeune non socialisé porteur de l'insécurité (les deux) du pays. Il permet de détourner la colère du peuple, car il renvoie au grand jour la sienne en terrorisant, braquant, cassant volant, mettant en état d'alerte perma- nent le système policier. Il a son utilité dans la mesure où il autorise d'opérer un déplacement. Le déplacement consiste à faire diversion sur l'objet de sa frus - tration. Par exemple accuser le chien de maculer la véranda de boue et le gronder alors que c'est la rentrée tardive de l'époux qui génère une grosse contrariété optimum.

DEPOSER LES ARMES : UNE DEMANDE DE TREVE

L'opération «déposer les armes» si elle ne semble pas très efficace - qui viendra à visage découvert of frir un fusil à canon scié ou une arme de guerre, s'il s'en faut, à la LOI ?- a le mérite de demander une trêve aux utilisateurs. Suggérer qu'un apaise - ment est possible et en débattre publiquement nécessite de le faire avec un calme et une séré - nité à toute épreuve. Les aînés devraient être des modèles d'i - dentification et, quand sur un plateau de télévision un invité donne une balle au procureur de la république assis en face de lui, l'interprétation psychanalytique est aisée même pour un néophy - te. Celui à qui la balle était desti- née la refuse (geste de protection) et le journalis

te animateur , dans un souci d'apaisement (inconscient) s'en empare en disant «j'irai la déposer moi-même». Les gestes, la posture, les mots quand on parle d'agressivité se doivent d'être contrôler . La Guadeloupe a peur et sa peur se trompe d'objet parce qu'elle ignore qu'il est plus facile de désigner un bouc émissaire que de s'attaquer aux causes de l'insécu- rité sociale dont elle souffre.