Hommage à Nelson Mandela, dirigeant révolutionnaire, figure anti-coloniale, compagnon de route des communistes
Nelson Mandela était un des derniers grands dirigeants révolutionnaires,de la lutte anti-coloniale du XXème siècle.Loin des récupérations politiciennes en France,il est bon de rappeler le fond de l'engagement du père de la nation sud-africaine.
Une figure exceptionnelle : grande et humble, éprise de convictions profondes et du souci constant de l'unité, de finesse politique et sens profond de la justice. Le risque de l'hagiographie est là, surtout quand certains veulent le transformer en «icône inof fensive». Les hommages hypocrites vont pleuvoir, comme hier ceux de Lang, Delanoë ou Sarkozy, aujourd'hui même Fabius ou Obama (les va-t-en-guerre en Afrique !). Certaines vérités sont bonnes à rétablir, sans volonté de récupération, sans travestir la vérité. Pour rappeler qui fit Neslon Mandela, sa «longue marche vers la liberté» (de son peuple), main dans la main avec les communistes, qu'il a toujours respectés, à défaut de l'avoir été.
De la méfiance envers les communistes aux premières amitiés'r ouges' : l'expérience du nonracialisme
De son adolescence, Mandela tire des convictions chrétiennes qui ne le quitteront jamais et des illusions sur les bienfaits des impérialistes européens, q u'il laissera vite, au contact du racisme gangrénant la société sud-africaine, héritage de la colonisation. Pourtant, fort de ses préjugés religieux et anti-communistes, Mandela reste méfiant envers les communistes dans un premier temps. Comme il le rappellera à son procès de 1956, il est en 1947 pour l'expulsion des communistes de la Jeunesse de l'ANC, dont il était dirigeant. En 1952, il est arrêté en vertu de la « Loi sur la répression du communisme», premier procès d'une longue série. Il est reconnu coupable du délit de «communisme» et condamné aux travaux forcés. Libéré entre-temps, il participe à l'élaboration de la «Charte pour la liberté» en 1955, un document fondamental dans la voie vers la libération, insistant sur un programme socialiste, privilégiant la nationalisation des grandes industries.
Du pr ocès de Mandela au pr ocès du régime d'apartheid : 1956-1960
De nouveau arrêté en 1956, il est poursuivi à nouveau dans un procès de «haute trahison» qui durera cinq ans. Sa défense est brillante, par son calme, sa résolution, son esprit dialectique, il retourne le procès, mettant en accusation le régime d'apartheid, comme Dimitrov avait pu le faire à Leipzig en 1933. Quand les procureurs essaient de le piéger sur son « adhésion au communisme », lui répond qu'il n'est « sans doute pas communiste », mais il refuse de désavouer leur action, leur idéologie, leur sincérité dans la lutte pour la démocratie. Inspiré par l'exemple de la révolution cubaine, il fonde avec les dirigeants du Parti communiste, dont Joe Slovo, la branche armée de l'ANC : Umkhonto we Sizwe ou MK, destinée à multiplier les actes de sabotage, à se convertir en une potentielle armée de guérilla. Arrêté de nouveau en 1962, cette fois le régime ne compte pas lui laisser la moindre chance de se servir du prétoire comme d'une tribune. Au procès de Rivonia, malgré la défense de son ami communiste l'avocat Joe Slovo, il est condamné à perpétuité.
L'«enfermé» de Robben Island : maintenir la flamme de la résistance, malgré les brimades
Ses 27 années de détention, de l'âge de 44 à 72 ans, ont forgé le caractère de fer de Mandela, sans entamer son amour de l'Humanité. Elles ont aussi éveillé les consciences internationales sur l'injustice du régime d'apartheid, face au sort de cet «Enfermé» du XXème siècle. A Robben Island, pendant 18 ans, il vit dans une cellule de 2 m sur 2, soumis aux brimades, aux tortures, à l'isolement carcéral ne sortant que pour casser des cailloux sous un soleil de plomb qui lui brûlera les yeux. Cela ne l'empêche pas de mener la résistance en prison pour obtenir l'amélioration des conditions de détention, former ses camarades d'infortune, dialoguer avec des jeunes noirs idéalistes du courant de Steve Biko comme avec les gardiens de prison blancs.
Cuba, URSS, PCF, MJCF : le rôle des communistes dans la libération de Mandela
C'est aussi en prison qu'il a pu pleinement apprécier le rôle des communistes dans la mobilisation pour sa libération, et surtout la libération du peuple sud-africain. Comme pour Angela Davis, le mouvement communiste international -avec le PCF et la JC en première ligne- mène une campagne de masse pour «libérer Mandela», lancée à la Fête de l'Humanité 1985, relayée par des manifestations de masse. Sur la scène internationale, Mandela rappellera la dette de son pays envers l'Union soviétique, seul allié inébranlable depuis 1948. Nelson Mandela, arrivé au pouvoir en 1994 (à 76 ans !) a réussi à poser les bases d'une société multi-raciale, rétablie dans son indépendance nationale, à infléchir le cap du racisme et de l'injustice de l'apartheid. Il n'est pas arrivé à en effacer les séquelles, ni à imprimer un cap réellement différent -en dépit d'améliorations sensibles dans l'accès à la terre, à l'éducation et à la santéfaute d'avoir appliqué pleinement la « Charte de la Liberté », notamment les nationalisations. Sous l'influence des jeunes loups ambitieux de l'ANC, déjà acquis aux thèses sociales-libérales, et d'un esprit du temps de révolution conservatrice - après la chute du Mur - Mandela n'a pu poser les bases d'une société réellement alternative. Après son retrait de la vie politique, malgré la fatigue puis la maladie, il n'a jamais abandonné ses convictions, s'exprimant avec courage contre la politique d'apartheid d'Israël, les guerres criminelles de l'OTAN, pour la libération des formes modernes de colonialisme .