Germain Paran : Un homme, un parcours

C'est sous ce titre que l'auteur,Germain Paran, né à Capesterre Guadeloupe,en 1950, présente son autobiographie dont plusieurs passages s'apparentent à une véritable confession.

I ncarnant typiquement le jeune personnage décrit par le poète marie-galantais Guy Tirolien dans son poème : «Prière d'un petit enfant nègre», il choisit, dès l'âge de 7 ans, alors qu'il n'est qu'au cours élémentaire 1ère année, d'abandonner l'école pour collaborer à l'entretien d'une famille nombreuse, de condition très modeste. «Seigneur, je ne veux plus aller à leur école»s'était exprimé le personnage de Guy Tirolien.

Son parcours dans une société guadeloupéenne en prise constante avec toutes les formes d'oppression, d'exploitation de l'époque, appelées aujourd'hui la «pwofitasyon», allait connaître des aléas divers, sans aucun objectif précis, sinon, celui d'assumer ses choix dans le monde du travail. En dépit de son analphabétisme, il réussit à accumuler de façon éclectique, des savoirs et savoirs faire lui permettant de travailler, avec amour et sérieux, au fil des décennies. De la culture de la terre à la gestion des transports dans une collectivité, en passant par différents métiers, l'élevage, le bâtiment, l'architecture, la canne, la banane, la boulangerie, la comptabilité, la téléphonie, il a su faire preuve de courage et de persévérance, prouvant sa capacité à s'adapter à toutes les opportunités.

Cela ne lui a pas épargné les humiliations et les souffrances, au cours de ce parcours non rectiligne, tant en Guadeloupe qu'en Martinique. A-t-il eu la volonté de se rebeller contre ces injustices et tenter de briser le système qui l'oppressait ? A-t-il cherché à s'en accommoder , autant que possible, dans l'espoir de «percer un jour», comme on dit souvent ? Ses réussites ponctuelles et éphémères, y compris dans le monde sportif ou lors d'un bref passage en politique, traduisent-elles finalement le sentiment qu'il lui a manqué quelquechose sur le plan professionnel et familial pour atteindre la plénitude de sa vie, malgré son désir immense de s'instruire et de se cultiver ? A-t-il commis l'erreur de vouloir ajouter autant de cordes à son arc, sans définir vraiment ce qu'aujourd'hui on appelle : un projet de vie ? «Fo ou sav sa ou vlé gran bonnè (tu dois savoir ce que tu veux très tôt)», disaient les parents et grands parents de ces générations d'hommes et defemmes.

Il revient à chaque lecteur de parcourir ces 103 pages de témoignages d'évènements vécus par l'auteur dans la seconde moitié du 20ème siècle, pour répondre à ces questions.