Réactions face à l'ouverture de Carrefour Destreland à 4h30 du matin
On se souvient, des évènements de 2009, le peuple guadelou- péen était descendu dans les rues de Pointe-à-Pitre durant quarante quatre jours pour crier leur misère contre la vie chère et contre la pwofitasyon. Quatre ans après, précisément le samedi 21 décembre 2013, certains d'entre eux attirés par l’opéra- tion marketing de ceux qu'on appelait les profitants, se ren- daient dans l'hyper marché de Baie-Mahault à quatre heures du matin pour bénéficier de quelques euros d'achats sur les cent premiers chariots qui passe- ront à la caisse. Plusieurs obser- vateurs et une bonne partie de la population ont été choqués en regardant le lâché de consommateurs à l'ouverture du magasin à l'image de ce qui se fait en France à l’ouverture du magasin. Pour mieux cerner le sujet et avoir le point de vue d'un représentant syndical, nous avons interrogé M. Elie Domota, Secrétaire Général de l'UGTG (Union Générale des Travailleurs Guadeloupéens) et porte parole du LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon).
Nouvelles Etincelles : Comment analysez-vous le comportement des consommateurs guadelou - péens qui ont damé le macadam durant les quarante quatre jours de mobilisation en 2009 contre la vie chère et la pwofitasyon, mais, qui aujourd'hui, se retro- uvent à 4h30 du matin devant l'hypermarché de Destreland ? Elie Domota : Je n'incriminerai pas les consommateurs qui y étaient car ce sont des gens qui sont victimes de la société de consommation. Ils sont victimes du bling-bling. Ce sont des gens à qui nous devons nous adresser à nouveau. Nous devons leur expliquer davantage afin qu'ils changent de comportement. Pour ma part, ce qui est plus grave, c'est que M. Hayot puisse bénéficier d'autorisation préfec0 Tc - torale. Ce qui est encore plus grave, c'est que ce même Monsieur, à travers la Direction de son hypermarché exerce des pressions sur les travailleurs pour les forcer à venir travailler à cette heure avancée de la nuit. La majorité des employés qui étaient sur leur lieu de travail étaient des intérimaires, en refu - sant, ils pouvaient s'exposer à une mise à la porte. Donc, c'est une remise en cause des droits des tra- vailleurs. C'est aussi une remi0 Tc - se en cause du droit humain. Le fait que ces entreprises puissent bénéficier de déroga- tions de la part de l'Etat, c'est grave et je pèse mes mots. Si par malheur un travailleur avait eu un accident de trajet ou de travail, il ne serait pas couvert par la Sécurité Social car il n'est pas sur son horaire habituel de travail. Encore une fois, il s'a - git d'une alliance de l'Etat colonial français à travers la Préfète et singulièrement du patronat béké contre les tra- vailleurs, contre les consom- mateurs. C'est donc une situa - tion que nous dénonçons.
N.E : Malgré la montée vertigi- neuse de la violence en Guadeloupe, et malgré les bra - quages à répétition, comment a- t-on pu autoriser une ouverture de magasin à cette heure avan- cée de la nuit ? E.D : Tout à fait, cela relève de l'inconscience de la Préfète. Cela ne doit pas se faire. Les promotions doivent se faire sur les horaires de travail, aux ouvertures habituelles. Encore une fois, il s'agit de faire de la manipulation. Ce ne sont qu'une minorité qui a pris part. La majorité des Gua- deloupéens n'approuvent pas. Donc, cela ne doit plus se reproduire. Ceux qui ont par- ticipé, ce sont ceux qui n'ont toujours pas compris.
N.E : Certainement l'année prochaine d'autres enseignes emboîter ont le pas à Carrefour, quelle sera la ripos- te des syndicats ? E.D : Cela ne se reproduira plus ! Cette année-ci, ils ont pratiquement surpris tout le monde. A l'annonce de ces horaires d'ouverture et de fer0 Tc - meture on a cru que c'était une farce, je répète que cela ne se reproduira plus. C'est une remise en cause du droit des travailleurs, c'est une remise en cause du droit humain. Exercer des pressions sur les intérimaires, tout cela est inadmissible. Donc, nous les organisations syndicales, nous nous donne- rons les moyens pour que cela ne se reproduise plus. D'ores et déjà, nous avons interpellé la Préfète sur sa responsabili- té. Le représentant de l'Etat ne doit pas être à la solde des békés. Nous avons le sentiment qu'elle travaille pour eux. Quand il s'agit de l'application de l'accord Bino, elle ne s'est jamais prononcée ni sur le respect du droit des travailleurs, ni sur le respect des négociations annuel- les obligatoires. Par contre, elle autorise l'ouverture de l'hyper- marché de Destreland à 4h30 du matin. C'est inadmissible et cela ne se reproduira plus. n