La loi française sur la biodiversité : vers une dépossession de notre patrimoine ?

Le jeudi 6 février 2014, le CAGI (Centre d'Analyse Géopolitique et Internationale) a organisé une conférence à l'UFR des Sciences Juridiques et Economique de l'UAG Campus de Fouillole, sous le thème :«La loi française sur la biodiversité : vers une dépossession de notre patrimoine ?» assurée par le Dr.Henry Joseph.

L a participation du public était remarquable, malgré le fait que la Guadeloupe était en vigilance jaune pour fortes pluies. Le développement et la préservation de la biodiversité c'est donc un sujet qui intéresse ou qui passionne.

Les recherches récentes ont montré à quel point la biodiversité et notamment les plantes, pouvait être utile pour soigner et nourrir les gens, mettre au point des nouveaux matériaux et de nouvelles sources d'énergie mais également être utilisée en cosmétique. La diversité des espèces végétales et animales représente ainsi une voie d'avenir prometteuse notamment pour les pays qui ont sur leurs sols cette richesse. Or les pays les plus riches en biodiversité sont essentiellement des pays en voie de développement qui connaissent souvent des forts taux de chômage et une grande pauvreté. Il y a là certainement une occasion unique d'amorcer une autre forme de développement répondant mieux aux exigences du développement durable. Toutefois, plusieurs chercheurs ont montré qu'encore une fois, cette nouvelle forme de richesse était accaparée par des entreprises multinationales qui exploitent cette biodiversité sans rien verser aux populations locales

. Il faut savoir que les plantes sont l'enjeu de ce troisième millénaire que ce soit au niveau agricole, sanitaire, nutritionnel ou économique. La loi cadre sur la biodiversité avec ses instruments de régulation pose de véritables problèmes dans notre mode de vie.

Le Dr. Henry Joseph a démontré comment ce projet de loi ne tenait pas compte de nos réalités et sera appliqué dans nos régions. Le gouvernement a ouvert ce chantier rédactionnel en décembre 2012, les débats ont été engagés au plan régional en France hexagonale en 2013. De nombreuses FRSEA (Fédération Régionale des Syndicats d'Ex-ploitants Agricoles) et FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), ainsi que des Chambres d'agriculture, ont participé et ont fait part de leurs propositions aux Conseils régionaux et aux Préfets de régions. En Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, il n'y a eu aucun débat avec les professionnels directement concernés et la population. A l'origine, le protocole de Nagoya, au Japon, était animé de bonnes intentions. C'est un instrument juridique international adopté en 2010 qui est justement chargé d'établir un partage équitable et juste des richesses de la biodiversité tout en protégeant les populations locales. Néanmoins, plusieurs personnes issues des départements tels que Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte où se trouve 80% de la biodiversité française ont exprimé une grande méfiance à l'égard de ce projet. Il ressort que ce dernier avantagerait essentiellement les grands groupes français spécialisés en cosmétique ou en pharmacie au détriment des populations de ces pays.

Le Dr . Henry Joseph a pointé du doigt les neuf imperfections dans cette loi cadre sur la biodiversité. Si elle est appliquée en l'état, elle aura des répercussions négatives sur tous ceux qui améliorent ou transforment des produits agro-alimentaires à des fins, commerciales. Même la petite marchande de feuilles sur le marché sera visée par les sanctions qu'ils n'ont pas encore pu définir. Le Dr. Joseph a fait ressortir beaucoup d'incohérences dans le projet de loi qui a deux systèmes : déclaratif ou d'autorisation. De même, le gouvernement est incapable de définir la notion de plantes sauvages sur lesquelles est basée la loi. Pour défendre le patrimoine guadeloupéen, le Dr. Henry Joseph propose d'informer la population comme il le fait depuis trente ans. Il invite tous les Guadeloupéens à être Guadeloupéen en consommant les aliments, les produits cultivés en Guadeloupe, car, ils sont de loin, de meilleure qualité. Une dame a lancé l'adage : «Pour se prendre en charge il faut commencer par développer ses propres richesses». La Région Guyane a obtenu une habilitation temporaire pour gérer sa biodiversité, mais déjà des voix s'élèvent pour la remettre en cause au nom du principe de l'égalité entre les pays qui forment les«Outre-Mer».

Le Dr. Henry Joseph invite l'assistance à consommer du poisson frais trois à quatre fois par jour , et incite les participants, la population guadeloupéenne à respecter le cycle de l'évolution de la biodiversité. Le Dr. Henry Joseph a lancé un appel à l'aide. Il compte sur la contribution des Guadeloupéens pour faire avancer la cause qu'il défend depuis tantôt. Les avancées sont modestes mais, fait des adeptes de plus en plus. Quand l'Education Nationale se mêlera à la cause, il y aura beaucoup à espérer de la nouvelle génération.