1er tour des Municipales : Abstention et statu quo
Le premier tour des élections municipales du 23 mars 2014 n'a pas apporté de grand bouleversement dans le paysage politique guadeloupéen. Pourtant, le nombre de listes engagées dans cette bataille, la mobilisation des leaders institutionnels pouvaient laisser penser que nous allions vivre de grands moments politiques. Rien de tout cela ! Est-ce la pauvreté des arguments associée à l'absence de visibilité politique, la campagne électorale n'a pas beaucoup mobilisé, les débats télévisés ou radiophoniques n'ont guère séduits. Bref, une campagne terne, en décalage avec l'ampleur de la crise qui affecte la vie des Guadeloupéens. Le premier résultat, c'est la progression de l'abstention. Les Guadeloupéens se sont moins déplacés : 61% de participation en 2014 contre 66% en 2008. Désaveu de la politique ou fatalisme ? La persistance de cette tendance n'annonce rien de bon pour les changements dont le pays a besoin. La reconduction de 15 maires au 1ertour et l'arrivée de seulement 4 nouveaux montrent que c'est le statu quo qui s'impose. Les électeurs ont choisi la stabilité dans un paysage politique où on ne voit pas bien les frontières entre les candidats et surtout pas leur vision globale sur l'avenir de la commune dans un pays Guadeloupe. D'aucuns diront que le peuple s'est exprimé, c'est la démocratie. Oui, nous respectons les choix des citoyens exprimés dans un climat de transparence politique et suite à un débat sur des projets clairement af fichés portés par des acteurs bien identifiés sur l'échiquier politique.Sommes-nous dans cette situation ? On ne peut envoyer la pierre aux électeurs citoyens, bien que nous voyions clairement l'usage que font les électeurs des contradictions qui marquent l'action de certains candidats. Le 2etour va-t-il tempérer nos inquiétudes ? Rien de moins sûr , car au 2etour , et ce que nous voyons depuis lundi le confirme, on n'est plus dans une démarche de construction d'une vraie alternative politique, mais dans l'élimination de l'adversaire qui est en position de contrarier la stratégie des prochaines batailles programmées : la présidence des conseils communautaires, les élections cantonales de 2015, et la conquête ou reconquête du Conseil Régional en 2017. De tout cela, ce qui manque le plus au pays et qui peut être assimilée à la plus grande défaite de la période historique, c'est une parole forte, lisible, une présence visible et active de ce que nous considérons comme la force des transformations et de construction d'une Guadeloupe libérée de l'emprise de la bête immonde : le colonialisme dans sa forme assimilationniste la plus élaborée en Guadeloupe. Mais où sont dons passés les patriotes de ce pays ? Ce combat pour construire à la base au plus près des préoccupations des gens une alternative au système qui nie notre humanité n'est-il pas assez noble pour leurs belles et grandes idées ? Il n'est pas possible qu'ils soient planqués quelque part dans le pays en train de sucer par les deux bouts les bonbons amères laissés par le système.