APRÈS LES MUNICIPALES 2014 :Pour une autre politique !
Les élections municipales laissent dans la bouche de tous les militants sincères du mouvement ouvrier et populaire un goût plutôt amer ;et on peut être sûr que les élections européennes n'y changeront rien.
N ous ne parlons pas ici des résultats, ni des «vainqueurs», ni des «vaincus». Nous parlons de l'état de LA POLITIQUE révélé par ces élections. D'année en année, le taux d'abstention monte à la même vitesse que la courbe du chômage. Et par opposition, le niveau de cohérence politique du côté des «grands partis» comme des petites ambitions, dégringole. On a rarement vu autant de «SANS ETIQUETTE» et si peu de diversité dans la langue de bois. La virulence de certaines empoignades n'a guèresuf fi à masquer la banalité de la pensée unique proférée.
Et on a vu le «Leader Maximo» des Patriotes prêter la main à une opération de déchoukaj d'un membre éminent de la coalition patriotique. On a lu dans «Justice», l'éditorial du secrétaire général du Parti Communiste appelant à voter pour la droite (civilisée ??) du Marigot, un ex- premier adjoint de Michel Renard. On a remarqué un candidat du PPM «en congé du parti» mais pas… en congé du mandat de conseiller régional du parti, tentant… et loupant une candidature contre un allié du parti. On a entendu ce même parti se féliciter des victoires des alliés de droite à Ajoupa-Bouillon et Morne- Rouge. On n'a pas manqué le couplet du candidat du principal parti patriote au Saint Esprit appelant à voter pour un chef UMP contre un autre UMP ou assimilé. Ce sont finalement la droite et le PPM ( même en n'étant pas les principaux acteurs !) qui se sont réjouis d'avoir en partie contribué à la victoire du dissident contre l'estampillé, entre deux candidats patriotes déclarés à Rivière Pilote. On a oui une responsable politique se parant de son statut d'universitaire et profitant de la mort d'Aimé Césaire se déclarer… «césairiste de droite»-sic ! -sans s'attirer la moindre remarque des héritiers of ficiels de l'ex député communiste et fondateur du Parti Progressiste Martiniquais. Si la politique se résumait aux démarches de ces partis majoritaires, on pourrait dire qu'elle a pris un terrible coup sur la tête.
On ne comprendrait rien à ces errements en tous sens si on ne savait pas que la politique martiniquaise est dominée par une lutte de pouvoir entre deux camps (deux blocs hétérogènes et manipulateurs) dont les orientations de fond sont aussi proches que leurs ambitions sont opposées. Résultat : le critère pour qu'un des camps décide si une liste électorale est bonne ou pas, c'est tout simplement de savoir si on y trouve une personne de l'autre camp !
Il est plus que temps que le mouvement ouvrier et populaire, très actif, malgré d'immenses difficultés, sur le plan social, intervienne aussi sur le plan politique pour y développer une orientation conforme aux intérêts de «la cité» au sens ancien du terme, une orientation susceptible, par la même occasion, de redonner du sens au combat politique. Dans la vision prolétarienne que nous défendons, LA POLITIQUE c'est l'exigence par un combat collectif d'une vie quotidienne correcte pour le plus grand nombre, pour les exploités et les opprimés.
C'est donc le combat collectif pour l'emploi, pour les travaux utiles à la société et contre les licenciements. C'est encore le combat collectif contre les bas salaires, contre l'annulation du SMIG, contre la précarité. C'est toujours le combat collectif pour la santé et l'amélioration des conditions de soins. Et pour tous les autres items énumérés dans la liste qui suit, il faudra encore et toujours le combat collectif… Pour l'Ecole !... Pour le logement correct pour tous !... Pour les transports publics de bonne qualité, bon marché !... Pour la culture martiniquaise à la fois nationale et ouverte au mon de !... Pour la vie démocratique !... Pour le pouvoir exercé depuis la population dans ses assemblées de quartiers, dans son budget participatif !... Pour le contrôle des élu-e-s, leur révocabilité !... Pour notre exigence de solidarité humaine !... Pour une pédagogie écologique et la défense de l'environnement !... Pour un développement d'une production capable de répondre aux besoins sociaux !... Pour la réduction drastique et rapide des inégalités !... Pour l'émancipation des femmes et contre toutes les oppressions !... Pour la protection de l'enfance et du grand âge !... Pour la coopération des peuples et la vraie ouverture sur notre Caraïbe !...
Cette politique là doit être défendue dans les institutions comme dans la rue, dans la future «Assemblée de Martinique» de 2015 comme dans les lieux de travail et d'étude, dans les quartiers, en ville comme à la campagne. Elle dépasse les frontières d'une organisation, d'un parti. Elle ne dépend pas d'un leader ou de plusieurs leaders qui ont soi-disant un programme dévoilé quelques jours avant le scrutin, en fait une resucée des discours précédents n'impliquant pas les masses collectivement et les invitant à attendre les réalisations de leurs «champions». Leurs dits programmes attendent de leurs militants surtout qu'ils s'esbaudissent devant les habiletés tactiques de leurs démiurges. A ces démarches égotiques débouchant finalement sur l'échec, il faut préconiser le combat collectif, unitaire et démocratique de celles et ceux qui veulent changer dans le sensde la grande majorité. La politique, que nous préconisons, est forcément plurielle mais doit s'appuyer sur des axes forts, des valeurs et un projet global partagés.
Que l'ensemble des militantes et militants de la cause ouvrière et populaire s'attelle à cette démarche et qu'il continue à travailler sur cette orientation tant dans le quotidien des luttes que pour la fameuse «échéance» de 2015.
Marie-Josèphe Hardy-Dessources, Gilbert Pago, Philippe Pierre-Charles, Jacqueline Tally