Un an de mobilisation

D urant un an, le peuple guadeloupéen est resté mobilisé sans jamais faiblir. C’est une première dans l’histoire des générations présentes. Les causes sont multiples et de ce fait indiquent la faillite de la société coloniale dont ses conservateurs sont dans l’impossibilité de trou- ver des remèdes, car, le processus historique de transformation de la société coloniale en une autre, débarrassée de cette domination coloniale est en marche. Un an sous la bannière du LKP, rassemblant ce que la Guadeloupe a de meilleurs, le peuple a mis en lumière les raisons profondes du mal être, du mal vivre des Guadeloupéens : • Une économie coloniale moribonde, orientée dans l’intérêt de capitalistes exogènes et des puissances békés, sclérosant tout développement local. • Un patronat sans visage qui a mené la «pwofitasyon» sans vergogne sur les sala- riés dans les entreprises et sur la population à la vue et sus de tous les gouvernants de «l’Etat de droit» colonial. • La volonté du pouvoir colonial d’intégrer par la force le peuple guadeloupéen, considérée comme une population dans le peuple fran - çais, à refouler sa culture et son identité. • Le manque de réponses à toutes les ques - tions posées par le LKP . Les réponses apportées ont vite été détournées au profit du grand patronat exogène et béké ce qui replonge la population sous la «pwofitasyon» et asphyxie toute initiative, tout développement. Ce patronat a très vite démissionné, laissant l’Etat colonial à sa solde, le soin de régler les problèmes sociaux à sa place en s’évertuant à jouer de la carotte et du bâton. Les élus locaux exécutifs des deux assemblés majeures, loin de coller aux masses en dif ficul - té et de prendre toutes leurs responsabilités ont fait le jeu du pouvoir colonial et de la «pwofitasyon», se mettant ainsi à contre-courant de l’histoire de leur peuple. L’Etat français et son chef de file, par pirouettes successives, tente de détourner le mouvement à son avantage et de pren- dre la main avec ses silences, ses remaniements ministériels, ses États généraux, ses discours-fleuves, ses intimidations par la force et ces promesses d’évolutions institutionnelles dans le droit commun français avec à la clé, la désignation de la nouvelle locataire de sa future assemblée coloniale.T out au long de ce long conflit, le gouver - nent sarkozien n’a cessé d’afficher ses relents colonialistes par acharnement à sauver un système obsolète. Les justes revendications posées par la population ne trouvent pas de réponses, face à un patronat qui ne lâche rien et qui est conforté dans la «pwofitasyon» par l’Etat de droit français. Dans ces conditions, la mobilisation, l’unité d’action de toutes les forces rassemblées dans le Liyannaj Kont Pwofitasyon nécessairement dureront et ne faibliront pas. Pendant un an, le LKP a mobilisé les Guadeloupéens sur différentes actions, des tournées de meetings dans tout le pays, des manifestations imposantes, les 44 jours de grève et plus récemment la grève du 24 et du 25 novembre qui a conduit à un défilé qui a rassemblé plus de vingt mille participants. Face aux légitimes revendications posées, la démonstration est faite que la réponse ne sera apportée que par des décisions politiques. L’interlocuteur politique aujourd’hui, étant l’Etat français est incapable de donner satis - faction. La solution ne peut donc venir que des Guadeloupéens. Cependant, la seule satisfaction des revendications sociales ne pourra résoudre la question de fond qu’est la «pwofitasyon». Les organisations syndicales dans le LKP ont joué leur rôle en étant en première ligne de la mobilisation et de la négociation sur les questions sociales. Le LKP ne se définissant pas comme une orga - nisation politique, alors que les justes reven- dications qu’il pose doivent trouver leur aboutissement que dans un règlement politique, la question du «que faire ?» est posée aux Guadeloupéens et singulièrement aux organi- sations politiques qui composent le LKP. La population guadeloupéenne attend des partis politiques anticolonialistes, des progres- sistes guadeloupéens, et du LKP un signe porteur d’espoir , à l’instar du LKP , car maintenant, ils savent après un an de mobilisation qui se poursuivra, qu’il n’y aura pas de solution venant de la France. L’exigence de la recherche de solutions politiques appropriées à la crise que traverse la Guadeloupe est démontrée par l’an - née de mobilisation et les souf frances des couches défavorisées. Le Parti Communiste Guadeloupéen a déjà fait, dans le pays, la proposition d’un rassemble- ment de toutes les forces opposées au colonia- lisme, dans un Front Patriotique pour un Etat Autonome de Guadeloupe, chargé de diriger la lutte de libération nationale démocratique et anti-impérialiste du peuple guadeloupéen. le seul interlocuteur du pouvoir colonial français. Comme nous l’avons affirmé nous ne ferons pas l’économie des élections régio - nales, car nous considérons que c’est une bataille politique pour ouvrir des perspecti- ves à toutes ces revendications.