1er mai : La CFDT à Convenance Baie-Mahault

Contrairement aux autres années,pour ce premier mai, le syndicat CFDT de Henri Berthelot a décidé de faire bande à part en réunissant ses membres à la salle de l'E.D.F à Convenance Baie-Mahault. Pour comprendre leur motivation,nous avons posé quelques questions au Secrétaire Général qui a bien voulu nous répondre.

Nouvelles-Etincelles : Le mouvement syndical est-il divisé ? Henri Berthelot : Oui, il est divisé. Si quelqu'un vous dit le contraire, c'est qu'il vous a menti puisqu'en 2009, nous avons fait une très belle chose. Nous avons présenté un cahier de revendications sur lequel nous devrions travailler, nous battre, pour obtenir des résultats. Le problème qui est survenu entre temps c'est que nous nous sommes réunis pour quelque chose, autour d'un cahier de revendication, je n'étais pas venu pour faire face à quelqu'un. J'étais venu pour exposer des problèmes de syndicats, de travailleurs et me confronter face aux autorités politiques et économiques pour changer le pays. Nous ne pourrons pas faire le changement seul, nous devons être clairs là-dessus. Il faut absolument que ceux qui utilisent la force de travail des salariés aient une réponse aussi à nous donner. C'est pour cela que je dis qu'il faut les interroger et ne pas vouloir les écarter car nous ne pourrons pas faire sans eux

. C'est là, notre différence avec les camarades. Nous sommes ouverts à la discussion à condition que nous sachions nous respecter mutuellement. Notre chance en 2009, c'est que nous avons su respecter nos dif férences. Si nous voulons continuer à marcher ensemble, nous devons apprendre à respecter nos différences.

NET : A quel moment les choses ont changées ? H.B :Le changement s'est opéré quand ils ont fait entrer dans le mouvement quelque chose qui n'était pas prévue au départ.

NET : C'est-à-dir e ? H.B : C'est-à-dire de proposer une charte pour la Guadeloupe, ça ce n'était pas prévue ! Ils ont voulu que je signe tout de suite, j'ai refusé car je n'avais pas reçu de mandat pour cela.

NET : Quel message adressezvous aujour d'hui à vos mandants ? H.B :Le message que je leurs adresse, c'est qu'aujourd'hui nous sommes dans une situationdif ficile, une situation de crise. Vous avez 60% des jeunes hommes qui ne travaillent pas, nous avons un taux de chômage qui atteint les 30% en Guadeloupe. Cela veut dire que c'est une situation qui est très difficile et qu'il n'y a aucune réponse économique. Les réponses qu'on nous donne est d'ordre institutionnel, mais ce n'est pas cela qui changera la Guadeloupe. Ce qui changera le pays, c'est le choix économique que nous ferons. Nous ne pourrons pas tout faire en même temps. Si notre choix se porte sur le tourisme alors allons y ensemble, nous devons le mélanger avec un développement agricole car l'un ne va pas sans l'autre. Il faut faire des choix précis et que nous nous mettions tous ensemble comme les Réunionnais qui, quand ils sont à l'extérieur sont ensemble. C'est, je crois, ce que nous devrions poursuivre. C'est ce qui a fait notre force en 2009, nous avons montré au monde entier que nous étions ensemble. A contrario, quand j'entend certains dire qu'ils ne veulent pas de la CFDT parce qu'elle a signé l'A.N.I, cet Accord National Interprofessionnel, que la CFDT a signé en France… La CFDT France est une organisation majeure libre de signer ce qu'elle veut. Par contre nous, nous n'avons pas signé l'A.N.I. Nous avons un accord avec la CFDT France de même que la CGTG avec la CGT France. Nous n'allons pas au Congrès de la CFDT France. Nous ne sommes pas d'accord avec l'intégralité des dispositions de l'A.N.I, il répond à une situation d'un pays donné. C'est la France qui a 9% de chômage, l'A.N.I ne peut pas répondre aujourd'hui à la préoccupation des 30% de chômeurs en Guadeloupe. Ça n'a rien à voir avec l'A.N.I qui règle les petits problèmes des grandes entreprises françaises de 3000 salariés. En Guadeloupe nous n'avons pas d'entreprise avec autant de salarié. La majorité des entreprises tournent environ avec dix ou quinze personnes, en gros cinquante salariés, ce n'est pas la même réponse. Donc, il faut qu'il y ait des réponses précises par rapport à la taille de nos entreprises.

NET : Quelles sont les pr opositions que vous formulez pour la Guadeloupe ? H.B : Nous avons des décisions à prendre en termes de développement des énergies renouvelables et en termes agro-alimentaire, nous avons beaucoup à gagner . Par exemple, le gaspillage des mangues, nous avons beaucoup de fruits non utilisés alors que l'on fait entrer en Guadeloupe beaucoup de jus venus d'ailleurs. Nous pouvons être auto-suf fisant en la matière. Les fruits sont à l'abri de la chloredécone car ils sont pour la plupart suspendus donc nous avons la possibilité de développer encore trois à quatre fois nos richesses.

NET : Dans cette crise qui s'est installée durablement, comment voyez-vous l'avenir de la Guadeloupe ? H.B :Pour l'instant, l'avenir de la Guadeloupe dépend de nous. Il est tributaire du mode de solidarité que nous développerons entre nous avec nos différences. Ce qui m'a le plus peiné, c'est de voir que nous ne sommes pas rassemblés en ce 1er mai, parce que l'on me reproche d'avoir signé l'A.N.I, alors que ce n'est pas Berthelot qui a signé l'A.N.I en France. Nous pouvons parler du problème de la misère en Guadeloupe ensemble, le problème de l'A.N.I ne m'intéresse pas.

NET : La porte serait encore ouverte à votre niveau pour travailler avec les autres organisations ? H.B : Tout à fait. Par contre, il faut que l'ouverture se fasse vite avant qu'il y ait trop de choses entre nous. Je pense qu'il y avait des gens intelligents à l'époque… J'ai toujours dit à Elie Domota qu'il a fait quelque chose d'intelligent, c'est d'avoir pu rassembler tout le monde malgré nos différences. Mais aujourd'hui, ila changé de cap, il s'est laissé influencer par d'autres personnes et cela a carrément changé la donne. C'est ce qui fait que rien ne fonctionne plus. Je l'invite à reprendre la même initiative intelligente à laquelle nous avions tous adhérée. Qu'il le recommence et je pense que nous aurons un autre 2009.