Les prisons de Guadeloupe sont-elles inhumaines ?
Les Guadeloupéens ont été certainement choqués en entendant de bonne heure sur les ondes d'une chaîne locale qui tire son information du journal français le Monde,que les prisons de Guadeloupe sont inhumaines.
En effet, la justice britannique a refusé d'extrader vers la Guadeloupe, un détenu d'origine dominicaise, Kurtis Richards, âgé de 54 ans, soupçonné de trafic de stupéfiants et incarcéré à Londres depuis 2013, estimant que les conditions de détention, sont inhumaines. Ainsi, il a été remis en liberté. Pour vérifier ses allégations et par souci d'information pour nos lecteurs, nous nous sommes rendus au centre pénitentiaire de BaieMahault où nous avons rencontré M. Brigitte Ebéné, représentant du Personnel de l'UF APUNSA Pénitentiaire qui a accepté de réagir sur l'information.
Nouvelle-Etincelle : Suite à cette information du Journal «Le Monde», en tant que professionnel et représentant du personnel, quelle est votre réaction ? Ebéné Brigitte : Je vous remercie de me donner la possibilité dem'exprimer sur le sujet ! En effet, j'aientendu comme vous que les Anglais ont refusé d'extrader un prisonnier de chez eux vers la Guadeloupe, sous prétexte que nos prisons seraient dans des conditions déplorables, tant sur le plan sanitaire que sur le plan de la population pénale
. Pour ma part, je ne partage pas tout à fait l'avis des Anglais. Cependant, il convient de préciser que la France a adhéré à l'Union Européenne et donc ceux qui y sont membres, sont dans l'obligation de respecter certaines règles. Aujourd'hui, le problème des prisons françaises est la conséquence de la surpopulation pénale. Les règles pénitentiaires européennes ne sont pas respectées par la France. C'est vrai, sur ce point bien précis, en tant que syndicaliste, je reconnais que la France est condamnable à plus d'un titre. Par exemple, la prison de BaieMahault a une capacité d'accueil de 450 personnes, aujourd'hui, elle a plus de 700 personnes incarcérées. Cette situation rend très dif ficile les conditions de travail du personnel. Une cellule est prévue pour recevoir 1 à 2 personnes et pourtant, elles se retrouvent à 3 ou 4. D'autre part, pour répondre à un besoin d'hébergement des autres arrivants, des matelas sont placés à même le sol. Il faut savoir que nous avons plus de 110 détenus qui sont dans le cas, au centre pénitentiaire deBaie- Mahault. C'est vrai que ce n'est pas humain, c'est inacceptable, c'est contraire aux règles pénitentiaires européennes. La France qui a adhéré aux règles pénitentiaires européennes n'est pas aux normes. Il faut qu'elle se mette aux normes pour rendre le travail du personnel beaucoup plus décent et dans le même temps, améliorer les conditions de détention des détenus. En revanche, s'agissant de l'hygiène mise en cause, en tant que professionnel et représentant du personnel, je peux vous assurer qu'au centre pénitentiaire de Baie- Mahault, la dératisation et ladésinsectisat ion, se font de manière régulière. C'est vrai, nous sommes dans un pays tropical, il est normal que nous trouvions des cafards et des rats, mais pas au point de rendre la vie impossible au personnel et aux détenus puisqu'ils sont vite pris en charge. Donc, cette une allégation n'est pas vraie.
NET : Il était question de la construction d'une nouvelle structure, qu'en est-il ? E.B : Il est vrai que nous avons déjà tellement communiqué là-dessus, que finalement, nous ne pouvons que répondre que nous sommes toujours dans l'attente. J'ignore pour combien de temps encore. Pour mémoire, le gouvernement de M. Sarkozy avait mis en place un programme immobilier à la Guadeloupe qui prenait en compte la situation de nos prisons.De même, il y avait en projet, la reconstruction du centre pénitentiaire de Basse-Terre sur le même site et il était aussi question de l'agrandissement du centre pénitentiaire de Baie-Mahault. Depuis l'arrivée des socialistes au pouvoir, le projet a été purement et simplement annulé. Il est important de souligner que le projet de Baie-Mahault était déjà au sta de de finalisation, car nou s étions au stade d'appels d'offres, c'est-à-dire que tout était déjà au point pour passer au stade de la réalisation. Il est plus que temps pour que le gouvernement prenne conscience qu'il faut améliorer les conditions de travail du personnel et les conditions de d étention des détenus en Guadeloupe. Nous avons aujourd'hui, une ministre de la Justice qui a ef fec tivem ent marché avec nous en 2009 durant le mouvement social. En ce temps là, elle comprenait parfaitement les problèmes de la Guadeloupe. Depuis qu'elle est arrivée aux plus hautes fonctions de l'Etat, je ne sais pas si elle est devenue amnésique, elle a tout naturellement oublié qu'elle avait marché avec nous sur le macadam en scandant en chœur : «La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup sé pa ta yo». Elle a oublié qu'il y a une Guadeloupe qui existe. Pour preuve, depuis sa nomination au gouvernement, elle ne s'est jamais rendue en visite of ficielle, ni en Guadeloupe, ni en Martinique. Par contre, je reconnais qu'elle est souvent en Guyane. Loin de moi, de vouloir la critiquer. Je suis même content qu'elle défend les intérêts de la Guyane mais, il ne faut pas perdre de vue qu'elle est ministre de la République et que cela suppose qu'elle estauss i amenée à défendre les intérêts de l'ensemble des prisons de Guadeloupe.