Yvelise Boisset : «J'ai cette soif d'analyser les événements»

Après une petite dizaine d'années,Yvelise Boisset est devenue la figure emblématique de Canal 10.Ses talk-show en période électorale ou pas,sont toujours appréciés des téléspectateurs et pas seulement en Guadeloupe.Pendant les 44 jours de grève,Yvelise et ses caméras étaient partout et à tout moment.Elle a su transformer la petite télé privée créée par feu Michel Rodriguez en véritable «service public».Nous sommes allés dans les coulisses de la chaîne de Jarry pour tenter de mieux savoir quelle est sa conception de l'info :interview.

Q : On a un instant parlé de votr e départ de Canal 10 ? Y velise Boisset :

Je crois qu’on doit s’épanouir à travers son acti - vité professionnelle, quand ce n’est plus le cas, il ne faut pas hésiter à changer d’entreprise ou de profession et ce, toujours dans une perspective d’évolution per sonnelle. J’aime ce que je fais, j’aime Canal 10 et il serait dommage qu’une situation quelle qu’el- le soit me pousse à partir. Des propositions m’ont été faites certes, mais, il n’est pas d’actualité que je m’en aille.

Q : Huit mois après la disparition de M. Rodriguez comment se porte Canal 10 ?Y .B :

Canal 10 se porte bien, Lisa Rodriguez qui a succédé à son père impulse une autre dyna - mique et avec sa touche person - nelle, elle fait avancer la chaîne de télévision. Elle a fait le relooking des locaux, nous avons de ce fait un nouveau plateau avec de nouvelles émissions. Les téléspectateurs jugeront mais ce qui est certain, c’est que nous donnons le meilleur de nous-même, ce n’est pas toujours facile, mais, c’est dans la dif ficulté que l’on savoure le plus la réussite.

Q : Vous avez reçu a plusieurs r eprises la plupart des politiques de ce pays, quelle opinion avezvous de la classe politique ?Y .B :

Je crois qu’il faut arrêter de penser que les élus sont des surhommes ou des magiciens et qu’ils peuvent et doivent tout faire. Je ne pense pas non plus qu’il soit judicieux de les mettre sur le banc des accusés ou même de les com - prendre en jouant sur le terrain de la complaisance. Il faudrait plutôt analyser les efforts fournis et les résultats obtenus. Notre classe politique n’est pas pire qu’ailleurs ni meilleure, elle est tout simplement le fruit d’une volonté populaire.

Q : Vous présentez des talk-show au quotidien, avez-vous parfois envie d'en sortir et de faire autre chose ? Et ce serait quoi ? Y.B :

Faire autre chose non, mais faire autrement oui. Il faut de l’audace mais surtout avoir l’esprit vif pour sans cesse innover et donner régulière- ment un autre cachet aux émissions. C’est vraiment passionnant quand on peut le faire car, la routine pour moi n’est pas synonymed’expérience. Ce n’est pas un secret pour vous une grosse émission en tandem est en préparation, je n’en dirai pas plus pour l’instant. Par exten- sion être régulateur ou modéra- teur lors de grands débats, col- loques ou autres me passionnerait pas mal.

Q : Quel est votre regard sur l'in- fo telle qu'elle est traitée en Guadeloupe, dans l'audio visuel ou dans la presse écrite ? Y.B :

L’info traitée sous plusieurs angles et sur plusieurs supports est nécessaire et j’irai jusqu’à parler de complémentarité. L’objectivité n’est pas toujours de mise selon les tendances des uns et des autres, mais, cela permet et pousse à un esprit critique. Je tiens à saluer «Caraibcreol» qui fait un bon travail au niveau de l’information en donnant une place à la Caraïbe et c’est très bien d’avoir ce regard sur nos voisins caribéens. Internet c’est l’avenir, il faut continuer.

Q : Pendant la grève de janvier, les flics vous ont interpellés, après l'une de vos émissions, comment avez-vous vécu cet épisode ? Y.B :

Comme un aléa profes- sionnel, malheureusement Michel Rodriguez l’a très mal vécu et je crois qu’il en a fait les frais. Pour ma part, il est important dans ces moments difficiles d’avoir la certitude du travail bien fait donc les craintes ne se justifient pas.

Q : A vez-vous le sentiment que la pr esse soit libr e dans un pays colonisé ? Y .B :

Pensez-vous que la presse soit libre dans un pays non colo nisé ? La liberté de la presse quel que soit le pays dans lequel où l’on se trouve n’existe pas réellement. Ce serait utopique de croire le contraire. La totale liberté n’existe pas quand les intérêts économiques d’une entreprise sont en jeu et nous le vérifions au quotidien.

Q : Enfin, pour quoi êtes-vous jour naliste ? Y .B :

Au début ça a été une opportunité ensuite un chal - lenge et enfin une passion. J’ai cette soif d’analyser les évènements et pardessus tout ce désir de dire et faire com - prendre la vérité aux Guade- loupéens. Informer c’est aussi former et être journaliste, c’est être toujours présent là où il faut mais aussi là où l’on ne vous attend pas.