Gérard César : «Mon premier objectif quand je suis devenu journaliste a été de découvrir la Caraïbe»

À la veille du colloque international organisé par le journal «Nouvelles-Etincelles»,sur le thème :«Les médias,outils d’intégration et de développement dans la C araïbe»,nous avons tenu à interroger Gérard César sur cette expérience médiatique acquise par sa passion pour la Caraïbe,son engagement à travers le monde et sa v olonté de mettre son expérience au service notamment de son pays la Guadeloupe et de la Région C ar aïbe. A v ec beaucoup d’humilité et de spontanéité,il nous a livré ses sentiments.

Gérard César : J’ai découvert la Caraïbe quand j’étais athlète. J’avais 23 ans lorsque je l’ai sillonnée et cela m’a ouvert les yeux. J’ai découvert que c’était un monde d’une pauvreté extraordinaire. Ces pays tablaient sur le fait que, progressivement, ils seraient sur les rangs. Le premier que j’ai découvert, c’était Trinidad. Je me suis rendu compte que ces pays se développaient petit à petit et qu’ils essayaient d’avoir des relations un peu plus poussé avec nous. Je me rappelle que l’on communiquait déjà en créole en 1964-1965, avec les athlètes de la Dominique, de Sainte- Lucie, et quelques-uns de Trinidad, ce qui prouve bien que le créole était déjà, quelque part, dans nos régions et qu’il y avait matière à communiquer. Mon premier objectif quand je suis devenu journaliste quelques années plus tard, a été de découvrir la Caraïbe, d’une manière ou d’une autre, en allant en vacances, ou travailler pour faire des reportages. Comme ma passion c’est les reportages et les documentaires, j’ai décidé de partir régulièrement dans la Caraïbe ou tout seul ou accompagné. J’ai découvert pratiquement tous les pays caribéens, en quarante ans, car cela fait exactement15 jours que je compte quarante ans de métier à RFO. Cela passe inaperçu, cela ne me dérange pas. Cependant durant ces quarante ans, il n’y a pas eu que la Caraïbe. Il y a eu le Pacifique Sud où j’ai travaillé, Haïti, W allis et Futuna, les îles Hawaï, Fidji, Cook, Samoa, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, pour ne citer que ceux-là, tous les pays environnants du Pacifique Sud. Aujourd’hui encore je pense avoir connu plus d’une centaine de capitales du monde.T out cela, quasiment incognito, tout simplement parce que mes vacances, je me les arrangeais pour découvrir non pas du show biz mais des gens du sport et de la musique. Ce qui fait que je pense avoir des amis aux quatre coins du monde avec qui je cor - responds, pour certains ; d’autres que j’ai perdu de vue ; d’autres, que j’ai retrouvés grâce à Internet. J’ai découvert le fonc - tionnement qu’il y a eu dans la Caraïbe, par rapport à l’histoire commune, l’esclavage. Je me suis rendu compte qu’on était en train de recoller les morceaux d’une histoire qui avait éclaté.

Nous avions tous des langues différentes, nous avions des coutumes et des traditions qui se ressemblaient : celles de la danse, de la cuisine. Par exemple, j’avais été invité à Miami il y a quelques années pour un colloque sur Aimé Césaire, à l’initiative d’un ami cubain. On devait donner à l’Université du Sénégal, le nom d’Aimé Césaire. La rencontre Senghor Aimé Césaire s’était passée depuis des années. Cela a été l’un des moments les plus forts de ma vie de journaliste. Aimé Césaire m’avait dédicacé un recueil de poèmes. J’avais pu faire un reportage sur leurs rencontres. Ce qui m’avait plu, c’était de découvrir des com- munautés caribéennes et des Etats-Unis. Il me manquait la cui- sine. Je suis allé dans un restau- rant, à Miami et je me suis retrouvé comme à la maison, parce que je n’arrivais pas à supporter la cuisine américaine. Alors, on est toujours en train de chercher quelqu’un ou quelque chose qui nous ressemble, quelqu’un qui peut communiquer avec nous. Ces 40 années de journalisme sont passées très vite, car j’y suis entré très jeune, à 20 ans.V ous pouvez imaginer le temps que j’ai passé dans ce métier -là. Mais le plus impor- tant pour moi, c’est la Caraïbe parce que, tout simplement, je l’ai découverte très, très jeune, à 17-18 ans. À cet âgelà, il se passe forcément quelque chose dans la tête. Il y a eu un choc, ce que j’appelle le choc caribéen de ma vie comme le choc polynésien mais, beaucoup plus tard. Le choc caribéen a été beaucoup plus fort. C’étaient des gens qui me ressemblaient, qui, pour certains, s’exprimaient dans la même langue que moi, cequi m’a fait découvrir des langues différentes que nous pratiquions à l’école, mais de manière beaucoup plus normale, beaucoup plus régulière, beaucoup plus soutenue. Ce qui faitque je peux m’exprimer aisément quand je vais dans la Caraïbe, en Espagnol ouAnglais.

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