Une radio anti-cubaine émet depuis Issoudun (France)
“Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs évidemment. Et nous en commettrons d'autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n'abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l'empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d'une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l'avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l'Amérique latine, l'Afrique, l'Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis de “gauche” en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C'est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu'ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh pas forcément une grande, tout le monde n'a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir
prétendre qu'ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l'ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.”
IBRAHIM (CUBA, UN SOIR LORS D'UNE CONVERSATION INOUBLIABLE)
On savait le gouvernement français capable d'interdire le survol de l'Hexagone à l'avion présidentiel bolivien à la demande de Washington fantasmant sur la présence à bord d'Eward Snowden. Cette fois, on apprend qu'une radio anti gouvernementale cubaine “Radio Republica”, porte-voix d'un groupe établi à Miami (“Directoire démocratique cubain”, financé par la “Fondation nationale pour la démocratie” qui a pris le relais de la CIA) émet depuis le sol français. Plus précisément depuis le centre émetteur de radio en ondes courtes d'Issoudun dans l'Indre, géré par TDF. Ce trafic des ondes a lieu dans la discrétion la plus absolue. Le député André Chassaigne vient d'interpeller la ministre de la Culture et de la communication, Mme Aurélie Filipetti sur “la légalité d'une radio étrangère à partir d'un émetteur TDF.” En attendant la réponse, il n'est pas interdit ou plutôt de poser quelques questions.
LE “DIRECTOIRE DÉMOCRATIQUE CUBAIN” ET SA RADIO “RÉPUBLICA” ?
Cette organisation basée à Miami regroupe des éléments violemment hostiles au gouvernement de La Havane, allant jusqu'à commettre des actes terroristes sur le sol cubain. Objectifs : campagne de propagande notamment à l'aide de la radio “républica”, actions subversives et de déstabilisation. Le financement de ce groupe est assuré par la Fondation nationale pour la démocratie (NED).
LA NED, C'EST QUOI ?
Cette “respectable” fondation a pris le relais de la CIA à l'instigation de Ronald Reagan en 1982. Son financement est voté par le Congrès. Elle se veut un outil moins voyant que la CIA en poursuivant les actions secrètes sous un paravent de “coopération” avec le même objectif : déstabiliser les “gouvernements non amis” par le financement des oppositions comme en Ukraine actuellement. Les fonds sont gérés par un conseil d'administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la chambre de commerce des Etats-Unis et le syndicat AFL-CIO..La fondation entretient des relations avec des institutions dans le monde entier. En France, avec la Fondation Jean Jaurès et la Fondation RobertSchuman.
LE CENTRE TDF D'ISSOUDUN ?
Il a été créé avant la Seconde guerre mondiale et a pris un réel essor dans les années 1950. Surveillé de très près par les gouvernements, il assurait la diffusion de Radio France International, particulièrement en direction de l'Europe de l'Est. RFI se tournant vers le satellite et la modulation de fréquence ainsi que la fin de l'URSS ont modifié les objectifs de TDF à la recherche de nouveaux clients.
T ous les contrats signés par TDF sont soumis pour approbation aux instances gouvernementales. Un accord entre la NED, des autorités françaises et la radio a donc obligatoirement été signé. Par qui ?
UNE AFFAIRE QUI TOMBE MAL
Laurent Fabius a ef fectué, il y a peu, un court séjour à La Havane annonçant un renforcement des relations francocubaines. Le ministre français des Af faires étrangères n'a pas fait le déplacement pour la beauté de l'île, encore moins pour témoigner à Cuba de sa solidarité face au blocus yankee. Il y est allé, et c'est tant mieux, pour accélérer la signature de nouveaux contrats craignant, à juste titre, d'arriver trop tard pour un éventuel partage du gâteau. Mais la révélation sur l'émission d'une radio étrangère depuis la France vers la grande Ile ne risque-t-elle pas de gâter l'avenir ?
José Fort - Source L G. S