27 MAI 1848 - 27 MAI 2014 :166 ans déjà !

Comme chaque année en Guadeloupe,la date du 27 mai est commémorée sur tout le territoire.Cette année-ci,les organisations anticolonialistes et anticapitalistes tels que le CNGR (Comité National Guadeloupéen des Réparations),l'UPLG et le COPAGUA ont préféré rester en Grande-Terre au pied d'Ignace et de Solitude,la vaillante.

Le s militants des différentes organisations se sont donnés rendez-vous à 9h à Sonis aux Abymes. Certains ont choisi de participer aux commémorations les plus proches de leur domicile, car, la crise financière oblige, d'autres ont préféré suivre leur organisation. Cependant, l'important c'était plus de rendre un hommage respectueux aux valeureux guerriers qui ont lutté avec dignité, qui ont lutté pour ce qui a de plus cher pour un homme, la liberté. Sous les coups de 10 heures, un cortège s'est constitué et a évolué à pied sur le boulevard des Héros jusqu'à la statue de Solitude. Après l'intervention de Marie-Guadeloupe du FKNG, c'est à M. Luc Reinette que revenait la tâche de faire le récit historique et de montrer le rôle qu'a rempli Solitude qui était enceinte, dans cette lutte pour le refus au retour à l'esclavage aux côtés des principaux chefs de la rébellion, Ignace et Delgrès. La transversale était toute trouvée pour inviter les femmes et les hommes qui honorent la mémoire de ces valeureux Guadeloupéens à s'engager aussi dans la lutte pour sauver la Guadeloupe du joug colonial. Ensuite, le cortège s'est dirigé sur le chemin du retour pour se rendre à la statue d'Ignace qui surplombe l'intersection de Boissard/Sonis, laquelle réunit excellemment les communes des Abymes et de Pointe-à-Pitre. Un hommage a été rendu à ce grand guerrier , qui a été le précurseur de la résistance du retour à l'esclavage. C'est l'historien Bélénus, qui le mercredi 28 juin, disait à une conférence au Centre Culturel de Sonis que nous avions commis une erreur monumentale de l'histoire en valorisant plus l'action de Delgrès que celle d'Ignace, car, c'est lui qui a été chercher Delgrès. Donc on devrait retrouver la stèle d'Ignace dans chaque commune deGuadeloupe. Enfin, le cortège est reparti en direction de Fouillole où 250 exécutions ont été opérées les 26 et 27 mai 1802. En passant par la cour de la direction de la mer de la Guadeloupe, le cortège s'est retrouvé derrière l'université lieu où ont été exécutés les combattants contre le rétablissement de l'esclavage. Une cérémonie de libation (rituel religieux) aux ancêtres a été célébrée par M. Lawsen Body et par un prêtre du Benin. C'est M. Lawsen Body qui s'est adressé en ces termes aux ancêtres et à ceux qui ont fait la marche de la mémoire : «Aux peuples amérindiens de l'Amérique du Nord, de la Caraïbe, et de l'Amérique du Sud qui ont refusé dès le XVème siècle la servitude dans les mines et plantations espagnoles et portugaises… A tous les peuples et nations de l'Afrique subsaharienne qui ont combattu les armes à la main le projet mercantiliste et la traite négrière qui devait le servir… Aux peuples rebelles de l'Afrique subsaharienne qui ont refusé la captivité et qui se sont laissé mourir avant l'arrivée dans les ports et embarcadères négriers… Aux rebelles qui ont préféré le suicide à la captivité et l'esclavage durant la traversée… Aux rebelles que l'on a jetés par dessus bord par suite de révoltes sur les bateaux négriers… A tous ces Africains morts dans les cales des bateaux négriers… Aux Bossales marrons de toutes les Amériques qui n'ont jamais accepté le statut d'esclave… Aux Nègres marrons qui ont dit non à la condition d'esclave.

Aux femmes esclaves qui ont préféré le suicide et l'avortement à la maternité pour le compte des habitants-maîtres de cases… A tous les esclaves africains ou créoles qui ne se sont jamais résignés et on multiplié les mouvements de résistance, de révolte contre le régime déshumanisant de l'esclavage mercantiliste… A tous les martyrs et héros de notre histoire -Jean-Louis, de l'Habitation Poirier de Gissac, Solitude, Delgrès, Marthe-Rose dite Toto, Ignace, Massoto, Palerme et leurs nombreux compagnons, Gertrude à Petit-Bourg. A tous les syndicalistes du mouvement ouvrier agricole et industriel qui ont combattu pour que les nègres puissent réaliser leur naissance à la société… Aux ouvriers agricoles tombés sous les balles de la répression policière au Moule le 14 février 1952… A Nestor Jacques et à toutes les victimes restées anonymes de la répression coloniale de mai 1967… A Jacques Bino, militant de la CGTG et du LKP tombé sous les balles, la nuit du 18 février 2009… Aux Tambouyés qui ont gardé et transmis la grande tradition du ka… et dont le CIPN a choisi d'honorer la mémoire et l'œuvre à travers l'Espace International du Ka, des Tambours et Arts du Sud… (Christen, Blachino Kancel, Guy Conquête, Marcel Lollia dit Vélo, T i Papa, Achoun, Sergius Geoffroy, Antoine Sopta… A tous les affranchis nègres et libres de couleur qui ont pris fait et cause pour leurs frères restés en servitude… jusqu'aux abolitions finales du XIXème siècle… A tous les nouveaux-libres, en particulier aux cultivateurs sans terre qui ont poursuivi, au lendemain des dernières abolitions, les luttes sur les plantations et dans les usines pour un salaire décent sans lequel leur naissance à la socialité demeurait vaine… A tous les af franchis et nouveaux-libres qui se sont battus contre les habitants-planteurs, pour acquérir les parcelles de terre où ils pouvaient désormais regrouper leur parentèle et produire en hommes libres, leur nouvelle socialité… Aux transplantés Congo et Indiens, étrangers absolus que l'on a soumis au servage au lendemain de l'abolition de 1848 pour que se poursuive l'œuvrecoloniale…». Après la cérémonie les participants se sont rendus pour la plupart au Mémorial Act.