49e EDITION DE LA FÊTE DE L'ETINCELLES :«La Guadeloupe dans la Caraïbe du XXIesiècle»

Christian Céleste, Directeur politique de la rédaction de l'Etincelle,répond aux questions deDanik Zandronis de C CN

CCN : Pourquoi un thème en rapport avec la Caraïbe ? Christian Céleste :

En parcourant les archives de L'Etincelle, on peut se rendre compte que le journal créé en 1944, alors que la Guadeloupe et le monde étaient encore plongés dans lesto urmentes de la seconde guerre mondiale, pour véhiculer les idées du Parti Communiste, a toujours pensé la Guadeloupe dans son environnement géographique, économique et culturel : la Caraïbe. Il s'est affirmé très tôt comme un lieu de connaissance et un moyen de rapprochement d'une communauté d'hommes et de femmes éparpillés sur les îles et territoires baignant dans cette mer des Caraïbes et partageant une histoire commune. L'un des Guadeloupéens le plus avant-gardiste sur les questions de la coopération et du développement endogène qui a exprimé avant tout le monde l'idée de l'intégration de la Guadeloupe dans une communauté économique et politique des pays de la Caraïbe, Rémy Nainsouta, collaborait à L'Etincelle. L'Etincelle n'a jamais fléchit sur cette lig ne et a toujours développé des relations d'échanges, d'amitiés et de luttes politiques commune avec les organisations et des moyens d'informations résolument opposés au colonialisme et à l'impérialisme dans l'espace caribéen

. La Caraïbe n'est pas une idée neuve pour nous à L'Etincelle. Dans un contexte marqué aujourd'hui par : La fin apparente de la division du monde en deux blocs antagoniques ; L'irruption sur la scène internationale des pays émergents ; L'aggravation de la crise du capitalisme mondialisé ; Les découvertes annoncées des nouvelles richesses qui gisent dans la mer, la région des Caraïbes prend une toute autre dimension pour les puissances qui veulent continuer à contrôler le monde. Notre espace Caraïbe risque d'être le lieu d'un nouvel af frontement géostratégique. L'Etincelle qui a une longue expérience de ces situations et une méthode d'analyse dont l'efficacité se vérifie sur bien des points aujourd'hui en Guadeloupe, allume des contre-feux. En mettant la Caraïbe au cœur de la fête de l'Etincelle, notre ambition est de faire découvrir l'histoire riche et mouvementée de cet ensemble et surtout de mettre en perspective les enjeux, les transformations sociales et politiques qui ont cours dans notre Caraïbe en ce XXIesiècle.

CCN : La Guadeloupe est désormais membre de l'AEC (et bientôt de la CARICOM), un ambassadeur vénézuélien a récemment r encontré le PCG et d'autres organisations patriotiques. Comment les journalistes de l'Etincelles analysent-ils ces évènements ? C.C :

La rédaction de l'Etincelle a parlé clairement d'ambiguïté dans l'adhésion de la Guadeloupe à l'AEC. Considérant la Guadeloupe comme une entité à part entière de la Caraïbe, nous sommes pour, évidemment, qu'elle intègre les institutions caribéennes pour son propre compte et pour promouvoir les intérêts du peuple guadeloupéen. L'écran de fumée s'étant dissipé, il faut se rendre à l'évidence que la situation de la Guadeloupe à l'AEC, n'a pas radicalement changée. Elle n'arrive plus dans les réunions de cette institution dans les valises de la France, mais elle est toujours sous sa couverture politique. Car , son adhésion a été possible parce que le ministre des affaires étrangères de la France a donné au président du Conseil régional mandat pour la signer au nom de la France. On pourrait parler d'une mascarade. D'ailleurs, à La Réunion où a été actée l'adhésion, la ministre des Outre-Mers, Madame Pau Langevin qui représentait la France, mais es-qualité, la Guadeloupe, a livré un message très clair en déclarant «Il s'agit à travers ces institutions, de développer les valeurs portées par la France et les intérêts de l'Europe». Evidemment, l'Etincelle a été très attentif à la visite de l'Ambassadeur du Venezuela en Guadeloupe. Le fait d'avoir rencontré les forces politiques opposées à la présence coloniale dans la Caraïbe s'inscrit parfaitement dans une ligne politique qui vise à construire une Caraïbe de peuples libres, unis et solidaires à travers des instruments d'intégration tels que : l'Alba, Petro Caribe, la Banque du Sud. A la fête de l'Etincelle, se tiendra une table ronde pour mettre en perspective le rôle de toutes les institutions qui organisent la coopération dans la Caraïbe.

CCN : Que faudrait-il pour que les Guadeloupéens adoptent ce que nous appelons une véritable «Caraibe attitude» ? C.C :

De notre point de vue, il faut penser la coopération dans les échanges et les relations entre les peuples. Il est indispensable de développer les moyens de se déplacer plus facilement dans la Région. l'école doit prendre une place capitale dans cette démarche en intégrant dans ses programmes la Caraïbe : l'étude de la géographie, de l'histoire, des cultures, des langues, les formations et les recherches interuniversitaires. Il s'agit de faire émerger une culture d'appartenance à la communauté Caraïbe.

CCN : Comment la fête de l'Etincelle peut-elle contribuer à nous ouvrir d'avantage sur la Caraïbe ? C.C :

En proposant un programme de fête qui montre notre ancrage dans notre environnement géographique, nos liens historiques et culturels avec les pays et les peuples qui partagent cet espace maritime avec nous. L'année dernière, le thème de la fête portait sur «La mer, notre histoire, un atout, notre lien au monde», c'était une façon de montrer que c'est cette mer qui fonde notre organisation de vie et nos relations dans cet espace caribéen. L'année d'avant, la fête avait développé un concept culturel «Nous dansons avec la Caraïbe» et cette année, nous mettons en avant un thème qui invite à réfléchir sur «La Guadeloupe dans la Caraïbe du XXIesiècle». Mais, le journal a aussi une rubrique permanente consacrée à la Caraïbe. Très souvent, nous invitons des confrères et des militants engagés dans la construction de la Caraïbe à la fête, pour partager leur expérience dans ce domaine. Cette année par exemple, nous aurons comme invités : une délégation du Labour Party de Dominique, une délégation du Parti Communiste Martiniquais et probablement un représentant du Venezuela qui a été aussi invité.

CCN : L es médias guadeloupéens sont-ils de votre point de vue à l'écoute de la Caraïbe ? C.C :

Je serai tenté de dire pas tellement. Il n'y a pas un véritable travail d'investigation, de recherche et de promotion de ce qui se passe dans la Caraïbe. L'information dominante est de source occidentale. Le signe le plus flagrant du peu d'intérêt que portent les journalistes et les médias guadeloupéens à la Caraïbe a été donné par leur comportement lorsque l'Etincelle a organisé le premier colloque des médias de la Caraïbe. Ils ont brillé par leurs absences. Seuls deux journalistes guadeloupéens de la grande presse, qui ont d'ailleurs beaucoup travaillé sur la Caraïbe ont relevé le défi : Gérard César et Marie-Claude Céleste, aux côtés des journalistes venus de toute la Caraïbe. Dans ces conditions, il était dif ficile pour l'Etincelle de mettre en œuvre cette importante décision adoptée par le colloque : l'installation d'un bureau d'information Caraïbe. Le projet est toujours d'actualité.