Santé publique et dépendance

L e chikungunya (en abrégé, le chik), est une maladie infectieuse tropicale, due à un arbovirus (noté CHIKV, pour chikungunya virus), un alphavirus de la famille des T ogaviridae, transmise par des moustiques du genre Aedes. Le nom est d'origine makondée1 et signifie : «qui se recourbe, qui se recroqueville», à l'image des feuilles tombées des arbres qui se recourbent en séchant ; la traduction de chikungunya en Français signifie «maladie qui brise les os» ou «maladie de l'homme courbé» La transmission du virus d'un humain malade à un moustique se fait par le sang aspiré lors de la piqûre. La contamination d'un homme sain est réalisée par la salive de moustiques qui ont été infectés quelques jours ou quelques semaines auparavant. Seuls les moustiques femelles piquent. Plusieurs espèces de moustiques sont susceptibles de transmettre le chikungunya, mais seules Aedes aegypti et Aedes albopictus ont été à ce jour identifiées comme vecteurs épidémiques, à cause de leur adaptation aux zones d'habitat humain

. Ces mêmes espèces sont également impliquées dans la transmission d'autres arbovirus : dengue, fièvre dengue hémorragique (DHF), fièvre jaune, etc.

Le chikungunya n'est pas une maladie nouvelle. Le virus a été isolé pour la première fois en 1952-1953 lors d'une épidémie de fièvre qui sévissait sur le plateau du Makonde dans la province de Newala au T anganyika (actuelle Tanzanie).

Des épidémies de chikungunya antérieures à 1952 ont pu être identifiées rétrospectivement à la lumière des connaissances actuelles de la maladie. Ainsi, Carey a avancé que certaines épidémies attribuées au virus de la dengue, étaient en fait des épidémies de chikungunya : Le Caire et Batavia-Jakarta en 1779, Zanzibar en 1823 et 1870, l'Inde en 1823, 1824-1825 et 1871-1872, Hong Kong, la Birmanie (actuel Myanmar) et Madras en 1901-1902. La réattribution rétrospective de ces épidémies au virus chikungunya repose d'une part sur la coexistence des virus de la dengue et du chiku ngunya dans ces régions, et d'autre part sur les descriptions faisant état de douleurs articulaires et de complications à type d'arthrite plus co mpatibles avec une fièvre chikungunya qu'avec une dengue.

La maladie a été pour la première fois détectée sur le territoire métropolitain français le 25 septembre 2010, dans le Var. Un deuxième cas a été détecté, le lendemain, à Fréjus, toujours dans le Var.

Le chikungunya s'est implanté dans les départements français d'Amérique, aux Antilles à la fin 2013 avec des cas autochtones. Les premiers cas ont été identifiés à Saint-Martin, puis en Martinique. Voilà ce que nous enseigne L'encyclopédie libre. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé il n'existe pas de remède contre cette maladie. Le traitement est essentiellementsymptomatique.

Le point épidémiologique :

Publié dans le bulletin CIRE Antilles ARS du 16 au 29 juin nous révèle la situation suivante :

A Saint Martin :

Depuis fin novembre 2013 jusqu'au 29 juin 2014, on estime à 3540 le nombre de cas cliniquement évocateurs de chikungunya. A ce jour , trois décès liés au chikungunya ont été rapportés.

A Saint Barthelemy :

Depuis le 23 décembre 2013 et jusqu'au 29 juin 2014 680 cas cliniquement évocateurs de chikungunya ont été recensé.

En Martinique :

Depuis début décembre 2013 (S2013-49) et jusqu'au 29 juin 2014 (S2014-26), l'épidémie poursuit sa progression avec un nombre total estimé de cas cliniquement évocateurs de chikungunya ayant consulté un médecin généraliste de 43 550 cas. 8 certificats de décès avec mention chikungunya.

En Guadeloupe :

Depuis le début de la surveillance (dernière semaine de décembre), le nombre total de cas cliniquement évocateurs de chikungunya ayant consulté en médecine de ville est estimé à 52 000.

Le nombre hebdomadaire de ces cas a fortement augmenté entre début avril (S2014-14) et début juin (S2014-23), jusqu'à environ 6000 cas par semaine. Au cours du mois de juin (S2014-23 à 26), ce nombre s'est stabilisé.

Par ailleurs, 6 certificats de décès portant la mention «chikungunya», ont été enregistrés pour des personnes décédées à leur domicile depuis le début de l'épidémie.

Situation dans la Caraïbe

Du 6 décembre 2013 au 3 juillet 2014, 14 territoires des Caraïbes et 4 états d'Amérique centrale et du sud ont rapporté des cas autochtones de chikungunya. Au total, au 30 juin, le bilan des cas de chikungunya dans la Caraïbe et en Amérique du sud et centrale (hors DFA) s'élève à plus de 180 000 cas cliniquement évocateurs.

Inquiétude tar dive du gouvernement français

Après que le virus c'est largement propager dans les différents pays de la zone jusqu'à l'épidémie entrainant de nombreux morts, le gouvernement français semble s'inquiéter. Selon un journal français, le Nouvel Observateur, une des craintes des autorités françaises est aussi que certains de ces voyageurs ne reviennent porteurs du virus alors que la métropole connaît une progression du moustique tigre, vecteur de cette maladie.

Des renforts de la Sécurité civile (16 militaires et pompiers) sont arrivés mercredi soir en Guadeloupe et d'autres sont attendus en Martinique.

Ils doivent notamment explorer et éliminer les flaques d'eau résiduelle situées sur les toits.

Dans la crainte d'une épidémie en France Marisol Touraine se rendra en Guadeloupe puis en Martinique du 16 au 18 juillet, «afin de suivre sur le terrain l'évolution de l'épidémie et rappeler la mobilisation totale du gouvernement, des autorités sanitaires et des services de l'État». «La clé est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'eau stagnante pour que les moustiques ne prolifèrent pas, qu'on se protège avec des répulsifs et des moustiquaires pour éviter une dif fusion de cette maladie qui fatigue beaucoup, est très pénalisante et il faut une mobilisation collective», a insisté la ministre lors de son interview. (Selon le journal libération)

On comprend bien que l'inquiétude des gouvernants français ce n'est pas l'épidémie dans les colonies de la France mais sa propagation en France dans cette période de vacance et de forte migration.

Alors que le gouvernement de la France avait l'expérience de l'épidémie de chikungunya de la réunion en 2006 elle aurait pu en tirer les leçons et mettre en place un plan de prévention d'autant que le vecteur de la maladie est clairement identifié, le moustique.

Pire aucune action n'est venue de nos collectivités n'ayant pas la compétence ni les moyens budgétaire d'une politique santé.

Pour des raisons budgétaires les services s'occupant de prophylaxie ont été liquidés, les directives de l'Etat français et le manque de clairvoyance sur la politique de traitement des déchets a entrainé la prolifération de nuisible don le moustique et a conduit à ce résultat.

C'est aussi et surtout le résultat d'une politique coloniale qui tourne le dos à une véritable politique responsable de santé public en Guadeloupe.

Aujourd'hui encore, face à l'épidémie qui sévit, il n'y a pas de réponse venant des collectivités de Guadeloupe ni préventive ni curative.

L'épidémie de chikungunya nous montre combien la situation de dépendance vis-à-vis de l'extérieur que nous vivons est dangereux pour la Guadeloupe et les Guadeloupéens.