Il est venu le temps du changement réel

La loi votée au Parlement français sur la biodiversité,la question de l'université et la grève des avocats qui font l'actualité,plus un tas d'autres problèmes qui affectent au quotidien la vie desGuadeloupéens dontcelui de l'eau ou de leurempoisonnement au chlordécone renvoient inévitablement et invariablement à la question d'un statut politique pourla Guadeloupe.

P as de simagrées qui intéressent la réforme franco-française des institutions permettant de perpétuer le statut quo. Pas simplement la question d'une assemblée ou d'une collectivité uniques. Mais bien l'érection d'un nouveau statut pour la Guadeloupe : celui d'une large autonomie telle que le revendique le PCG depuis 56 ans.

Cette pugnacité, cette volonté tenace à maintenir le cap pour faire aboutir victorieusement la lutte pour l'autonomie n'est pas un simple entêtement puéril des communistes. Ce n'est pas non plus une obsession au point de se faire harakiri. C'est la voix de la raison, le sens de l'histoire et tout simplement notre méthode d'analyse de la réalité concrète que vivent notre peuple et ses couches populaires qui nous dictent ce choix : celui d'un véritable pouvoir politique guadeloupéen, l'érection d'un statut d'autonomie pour notre pays afin que les Guadeloupéens accèdent vraiment à la gestion de leurs propres affaires.

Et très franchement, nous croyons pouvoir dire que des perspectives s'ouvrent, enfin qui nous permettraient de voir le bout du tunnel.

Quand sur l'ensemble des problèmes auxquels sont confrontés les Guadeloupéens, il devient de plus en plus évident pour eux que ceux-ci ne trouveront aucune solution dans le cadre statutaire actuel.

Quand des intellectuels jusque là non politisés élèvent vigoureusement la voix pour dire à leur façon qu'il ne faut rien attendre de bon pour le pays dans le cadre de ce système caduque qui nous est imposé.

Quand confronté à la réalité du terrain un responsable d'association entre autre, reprend à quelques mots près et avec fermeté ce que nous avons toujours revendiqué, nous nous en félicitons. Nous nous en réjouissons même, puisque cela peut être annonciateur de changements progressistes réels et féconds.

On nous pardonnera la longueur de la citation qui suit, mais elle est trop édifiante pour que nous nous en privions, surtout quand nous la relevons dans le journal quotidien «France-Antilles» (édition du19/06/14).

«Il importe par ailleurs que la gouvernance reste locale, cohérente et soit renforcée par des moyens et des ressources humaines liées à la connaissance et à la recherche. Est-il concevable ou souhaitable de transposer à la Guadeloupe l'organisation administrative de gestion métropolitaine ? Il importe également que l'assemblée délibérante de Guadeloupe exerce des fonctions d'autorité administrative de gestion de ce dispositif. La Guadeloupe doit avoir la possibilité de délibérer , de délivrer des autorisations ou des refus en les motivant et en négociant le partage des avantages. La structure délibérante locale doit prendre une plus large place et entière maîtrise dans l'ensemble du processus et dispositif décisionnel et de gestion».

Cette déclaration de monsieur Félix Lurel, président de l'ACED, parle d'assemblée délibérante locale, autrement dit d'une structure politique qui vote des lois et qui ne peut pas se trouver ni dans le cadre du statut quo, ni dans celui d'une assemblée ou d'une collectivité unique. En tous cas, cela indiquerait que monsieur Félix Lurel se place bien dans le cadre d'une revendication statutaire et pas du tout dans celui de réforme institutionnelle.

Nous, nous disons depuis la Convention pour l'Autonomie de Morne Rouge : une assemblée qui légifère, un exécutif collégial responsable devant elle (véritable gouvernement) et un organisme de coopération avec la France et l'Europe.

Mais il serait vain de se réjouir si les forces politiques et sociales du pays Guadeloupe, celles anticolonialistes au premier chef, mais aussi des Guadeloupéens avertis qui ne peuvent plus se satisfaire de rester dans leur rôle d'experts ne s'engageaient pas résolument pour un véritable changement.

Et nos élus dans tout cela ? Les représentants légitimes du peuple guadeloupéen, vontils saisir cette occasion historique de possibilité de s'affranchir du rôle de vassaux qu'on leur réserve de Paris ?

Ce n'est pas impossible si ceux parmi eux les plus conscients qui en tant que responsables arrivent peu à peu à la compréhension de la nécessité du changement salvateur se bougeaient vraiment, ne restaient plus l'arme au pied, et se rassemblaient pour mobiliser les masses populaires sur cet objectif.

Il est venu le temps du changement réel, le temps de placer notre pays sur les rails d'un véritable développement multiforme.

C'est donc un impératif, une exigence majeure pour tous les Guadeloupéens verticaux de se rencontrer, de se mettre ensemble, pour entreprendre enfin cet immense chantier de la construction d'une nouvelle Guadeloupe, responsable, solidaire, travailleuse et fraternelle.