Le «CHIK» débarque en France et la ministre de la Santé Marisol Touraine atterit en Guadeloupe pour une visite éclair
Mercredi 16 juillet,sous le coup des 17h55, avec une trentaine de minutes de retard,arrivait à l'aéroport Pôle Caraïbe la ministre des Affaires Sociales et de la Santé, Mme Marisol Touraine.Pour l'accueillir , plusieurs élus ont fait le déplacement,ce qui ne fut pas le cas pour la Ministre des Outre-Mer Mme George Pau -Langevin.
L e comité d'accueil était composé de La Préfète Mme Marcelle Pierrot, M. Philippe Chopin Préfet délégué de Saint-Martin et de SaintBarthélemy, de M. Patrice Richard Directeur de l'ARS (Agence Régionale de Santé), du Président du Conseil Régional M. Victorin Lurel accompagné de son staf f, le Président du Conseil Général M. Jacques Gillot renforcé de son staf f, le député maire des Abymes M. Eric Jalton avec son staff, le maire de Pointe-à-Pitre M. Jacques Bangou et M. Paul Naprix conseiller régional et général.
Depuis l'aéroport, Mme la Ministre a eu une réunion de travail avec les différents acteurs locaux. Sur la chaine de télévision publique, elle a fait plusieurs annonces en faveur des personnes atteintes de la maladie. Ainsi, elle a décidé que sous la présentation d'une ordonnance chikungunya à la pharmacie, les malades seront pris en charge à 100%. C'est-àdire qu'ils n'auront pas à payer les médicaments antalgiques, antidouleurs ou anti-fièvres. La deuxième mesure, c'est pour supprimer les jours de carence pour les malades qui ont rechuté, les indemnités journalières seront prises en compte par la Sécurité Sociale sans attendre
. Selon un agent de la Sécurité Sociale, avant l'épidémie du chikungunya la moyenne des arrêts de travail par mois tournait autour de 3000, avec l'épidémie, c'est 7000 soit 40% d'augmentation. La ministre promet que la prise en charge durera le temps de l'épidémie. Toutes les initiatives prises par Mme Marisol T ouraine ne sont pas du goût de tout le monde. En effet, comment comprendre qu'un pays comme le nôtre qui a 30 % de chômeurs dont 60% sont des jeunes, ne soient pas mis à contribution au lieu de faire venir de France des pompiers en renfort pour nettoyer les foyers de moustiques en Guadeloupe. Certains sont en droit à se demander s'il n'y a pas de compétences locales pour ef fectuer ce genre de boulot et on s'étonnera que les habitants de la France qualifient les Guadeloupéens de fainéants et d'enfants gâtés de la République. Durant la visite de la ministre, la presse a annoncé un nouveau cas de décès lié au chikungunya et qu'il y aurait 63 000 personnes infectées par ce virus. Malgré tous les efforts déployés pour faire comprendre à la population que cette maladie provient de moustiques ou maringouin, devant l'ampleur du phénomène les gens n'ont pas confiance dans la parole officielle. Beaucoup se demandent pourquoi avoir attendu si longtemps avant de prendre au sérieux la maladie alors que l'Etat connaissait lesconséquences. On dit souvent «chat chodé pè dlo fwèt», les Guadeloupéens ont encore en mémoire l'affaire de l'eau à la Désirade où presque toute la population souffrait de l'appendicite et les dif férents épisodes qui ont eu lieu avec le docteur qui avait trouvé l'origine du mal. Toutes les ambiguïtés des autorités qui persistent autour de la question du chlordécone et de ses conséquences sur la santé humaine ne peuvent que renforcer les inquiétudes des Guadeloupéens. Lors de la visite de Mme Pau- Langevin en Guadeloupe, elle a déclaré que l'Etat maitrisait le chikungunya alors qu'aujourd'hui la ministre de la Santé nous dit que les solutions sont chez les Guadeloupéens qui doivent se protéger. Elle renchérit qu'il n'y a aucun vaccin pour le moment, qu'il n'y a pas de médicament, que les recherches sont au stade expérimental et que les Guadeloupéens doivent s'équiper en moustiquaire, en produits anti-moustiques, en fait, qu'il y a des comportements à avoir pour se protéger. Qui dit vrai parmi les deux ministres ? Pour autant, depuis le passage de la Ministre des Outre-Mer , les choses se sont empirées et on se rend compte que personne ne maitrise quoique ce soit. En dehors de l'apparition du chikungunya il a toujours été recommandé de supprimer les gîtes larvaires et c'est tout à fait juste. Les guadeloupéens s'y attachent déjà. Mme T ouraine a été interrogée sur la construction du nouvel hôpital, elle a déclaré que le dossier n'était point bloqué, que la construction qui s'élève à 600 millions d'euros était entièrement financée par l'Etat et que le top départ serait pour la fin de l'année 2014, voire le début de l'année 2015 et que l'établissement serait livré aux alentours de 2020 - 2021. Le jeudi 17 juillet, Mme Touraine a poursuivi sa visite en BasseTerre. Elle s'est rendue à l'antenne de l'ARS à Bisdary commune de Gourbeyre pour échanger avec le Comité de gestion de l'épidémie de chikungunya. Sa visite s'est poursuivie dans la commune de Baillif où elle a assisté à une opération de lutte anti-vectorielle par une brigade anti-chikungunya. La ministre a aussi rendue visite aux habitants avec qui elle a eu des échanges. Conformément à son programme, la ministre s'est rendue au CHBT (Centre Hospitalier de Basse-Terre) où elle devait rencontrer un certain nombre de professionnels. Dans l'aprèsmidi, la ministre s'est rendue au CHU de P-à-P/Abymes (Centre Hospitalier Universitaire) pour visiter le Centre 15, les Urgences et la filière pédiatrique. Sa visite s'est achevée au siège de l'URPS où elle a rencontré l'Association Départementale Guadeloupéenne d'Urgence et de Permanence des Soins (ADGUPS), URPS Médecins, infirmiers et pharmaciens. Les professionnels de santé avaient un nombre important de sujets à débattre avec elle, tels que la problématique des jours fériés locaux non reconnus comme jour fériés en France. Les infirmiers libéraux réclament une simplification des démarches pour les malades, la reconnaissance de leur profession et la mise à leur disposition de moyens. Ils réclament une permanence de soins infirmier , de même qu'un zonage adapté à leur environnement. Les 24h de visite réservées aux Guadeloupéens face à l'ampleur des problèmes à résoudre ne suffisent pas, très certainement, la ministre Marisol Touraine devra revenir en Guadeloupe pour poursuivre le chantier entamé. Les syndicats n'ont pas manqué de réagir à l'occasion de la visite de la ministre. Dans une lettre ouverte, la CGTG/Santé a dénoncé les ef fets d'annonce de la ministre et réclamé entre autres l'installation en Guadeloupe d'un TEP SCAN et d'un CYCLO- TRON, ces appareils de nouvelle génération qui permettraient de soigner sur place les Guadeloupéens.