La traite d'êtres humains aux Etats-Unis

Nous avons la semaine dernière (NE n°576) publié la première partie de cet article de Salim Lamrani sous le titre “Cuba,les Etats-Unis,et la traite d'êtres humains.” Les Etats-Unis qui font la morale à la planète entière sont sourds et aveugles face aux multiples “crimes contre l'humanité”perpétrés en toute impunité par son complice l'Etat d'Israël,contre les citoyens palestiniens dans la bande de Gaza. Obama,prisonnier des féodalités financièr es qui l'ont f ait roi,s'est réfugié comme ses prédécesseurs dans un anticommunisme virulent, absurde.Il tire sur tout ce qui bouge,sur tous ceux qui dénoncent ou résistent à la politique extérieure désastreuse de son gouvernement. Depuis plus de cinq décen nies l'ONU v ote chaque année à une écrasante majorité, à l'exception bien entendu des U S A et d'Israël,des résolutions pour l'arrêt dublocus inhumain infligé à l'îlede C uba. Peine perdue ! La raison du plus fort...imposée même à la France et à la Banque BNP Paribas.Egalement, on attend toujours comme “sœur Anne”,qu'il mette enfin à exécution l'une de ses promesses électorales majeures :“fermer le sinistrec amp de concentration de Guantanamo.”En vain...“Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.” Dunières T alis

LesE tats-Unis affirment considérer comme prioritaire la lutte contre la traite d'êtres humains. Selon John F . Kerry , les Etats “ont une obligation morale de relever le défi car la traite d'êtres humains est une attaque contre nos valeurs les plus chères comme la liberté et la dignité humaine. Néanmoins, sur cette question, le rapport du Département d'Etat lui-même est accablant pour W ashington. En effet, “les Etats-Unis sont un pays source, de transit et de destination pour des hommes, des femmes et des enfants - à la fois citoyens étasuniens et résidents étrangers - victimes de trafic sexuel et de travaux forcés.”

Selon ce même rapport, “Les médias ont fait part d'abus dont ont été victimes les ressortissants étrangers travaillant pour l'Armée américaine en Afghanistan. Des ONG ont rapporté que des détenteurs de visa travaillant en tant que domestiques ont été soumis à des travaux forcés par le personnel des missions diplomatiques et des organisations internationales présentes aux Eatast-Unis. Des femmes et des filles indiens-américains ont été soumises au commerce sexuel et la jeunesse LGBT (1) a été particulièrement vulnérable auprès des trafiquants.”

LE RAPPORT DE HUMAN RIGHT WATCH

Par ailleurs, les Etats-Unis sont sans doute le seul pays développé où les enfants peuvent être exploités au travail dès l'âge de 12 ans. Human Right W atch (HRW) organisation de défense des droits de l'homme, a ainsi dénoncé l'exploitation des enfants dans les champs de tabac. Selon cette organisation, ces derniers sont en moyenne âgés de 13 ans et travaillent jusqu'à 60 heures par semaine. Selon une enquête de HRW, 53 d'entre eux sont exposés aux pesticides, 66 % souffrent de symptômes récurrents tels que “des nausées, vomissements, maux de tête, vertiges, et pertes d'appétit” dus à l'exposition à la nicotine et 73 % ont déjà été malades, atteints de “nausées, maux de tête, maladies respiratoires, problèmes de peau et autres symptômes.” Selon HRW, les enfants “travaillent de longues journées sans que les heures supplémentaires ne soient rémunérées, souvent sous une chaleur extrême sans zone ombragée ou pause suffisante, et sans protection adéquate.” Ils ont ainsi “exposés à une nicotine nocive sans avoir fumé une seule cigarette.” Les enfants sont également contraints de manipuler “des outils et des machines dangereux, de soulever de lourdes charges, de grimper sur plusieurs niveaux sans protection pour suspendre le tabac dans les granges.”

PAS D'ACCÈS AUX TOILETTES

L'organisation ajoute que “les tracteurs ont versé des pesticides près des zones de travail”, af fectant gravement la santé des enfants, lesquels ont souligné que “le spray les atteignait direc - tement, les faisant vomir, leur donnant des vertiges, et leur provoquant des difficultés à respirer et une sensation de brûlure au niveau des yeux.” De plus, la plupart des pesticides utilisés dans la production de tabac sont “des neuro-toxiques notoires, du poison qui altère le système nerveux.” HRW souligne que “les enfants sont particulièrement vulnérables car leurs corps et leurs cerveaux n'ont pas encore complété leur croissance.” Par ailleurs, “la plupart des enfants interviewés par HRW ont déclaré qu'ils n'avaient pas accès aux toilettes ou à un endroit pour se laver les mains sur leur lieu de travail, restant ainsi avec des résidus de tabac et de pesticides sur leurs mains y compris durant les périodes de repas.”

En 2012, 70 % des enfants âgés de moins de 18 ans décédés d'un accident de travail étaient des travailleurs agricoles. Aucune protection suffisante n'est offerte par le code du travail des Etats-Unis. Ainsi, les enfants peuvent être exploités dans l'agriculture dès l'âge de 12 ans et travailler “durant plus d'heures à un salaire inférieur dans des conditions plus dangereuses dans tout autre industrie.

L'UNICEF CONTREDIT LES AFFIRMATIONS DE WASHINGTON

Le classement de Cuba dans la liste des pays impliqués dans la traite d'êtres humains est, semble-t-il, davantage motivé par des considérations politiques et idéologiques, que par une base factuelle précise et vérifiable. Enef fet, les organisations internationales, notamment celles chargées de la protection de l'enfance telle que l'UNICEF, contredisent les affirmations de Washington au sujet de l'exploitation des mineurs. Au contraire, elles font l'éloge de la politique sociale en faveur de la protection des personnes de l'île de la Caraïbe. Par ailleurs, les Etats- Unis, plaque tournante de la traite d'êtres humains selon leur propre rapport est le seul pays développé a autoriser l'exploitation des enfants dès l'âge de 12 ans jetant ainsi une ombre sur leur crédibilité dès lors qu'il s'agit de défendre les droits humains.

(1) LGBT : être lesbienne, gay , bisexuel ou transsexuel

Salim Lamrani (Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l'Université Paris IV Sorbonne, est Maître de Conférences à l'Université de la Réunion, journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.