Elections départementales : Quels enjeux ?

Nous sommes à la veille du 1ertour des élections départementales qui va avoir lieu dimanche 22 mars. Le moins que l'on puisse dire, c'est le flou absolu. Jamais une élection n'a été aussi brouillée.

P our avoir causé avec beaucoup de compatriotes qui s'intéressent pourtant à la chose politique, il ressort clairement que les Guadeloupéens dans leur grande majorité, ne savent pas très bien pourquoi ils vont voter. Les changements intervenus dans l'or ganisation de cette élection : le r enouvellement total de l'Assemblée, les découpages cantonales partisanes, l'imposition par la loi de la parité intégrale avec le binôme homme/femme. Les incertitudes qui pèsent sur les compétences et l'avenir de cette assemblée, ont terriblement compliqué les choses. La campagne de communication très pédagogique initiée par le Conseil Général a renforcé la vision très technique voulue par les législateurs. La campagne électorale qui devait permettre d'éclairer ces changements, de corriger cette orientation technocratique a amplifié le mouvement, mais surtout, les candidats, dans la plupart des cantons, se sont révélés incapables de mettr e en perspective les enjeux politiques de ces élections en Guadeloupe. Mais après tout, pouvait-il avoir de véritables enjeux politiques, sans l'irruption dans cette bataille, de nouvelles for ces or ganisées avec des idées neuves capables de bousculer tous les immobilismes pour imposer des nouveaux rapports politiques en Guadeloupe.Malheur eusement, il n'y en avait pas. Cette bataille était celle des assimilationnistes de droite et de gauche qui ont comme seule ambition de gérer l'existant, la pénurie et la paix sociale en offrant le pain et les jeux auxGuadeloupéens. Ils ont, pas tous, fort heur eusement, passé leur temps à «descendre» leurs adversaires et à rivaliser d'explications techniques sur les compétences de l'Assemblée départementale réduite à un rôle de SAMU social. C'est à croire que les nouveaux conseillers départementaux deviendraient des travailleurs sociaux, chargés d'accompagner la misèr e humaine qui serait aujourd'hui la marque de la Guadeloupe. Il a manqué terriblement à beaucoup de candidat une vision d'ensemble de la société guadeloupéenne et surtout une méconnaissance totale des lois internes qui sont à la base du développement de toute société. Alors, ils pensent tout simplement avec honnêté, des fois, qu'avec de la bonne volonté, un peu de compassion, ils fer ont mieux que ceux qui ont conduit le pays dans l'impasse. Attendons le ver dict des ur nes, et notamment, le taux de participation qui nous dir ont si les électeurs guadeloupéens ont r etr ouvé la confiance en leur politique. Au fond, les élections cantonales n'ont jamais tellement passionné les électeurs, et ce désintérêt, s'est approfondi avec la mise en orbite du Conseil Régional qui est devenu très visible dans le paysage politique en Guadeloupe. Surtout, il est la première institution à être élue sur tout le territoire guadeloupéen à la proportionnelle, donc, sur une base plus ou moins politique. Cette Assemblée, pour des raisons liées à ses compétences, ses moyens et aussi la personnalité de ceux qui l'ont dirigé jusqu'àaujour d'hui, s'est vite imposée comme le lieu de pouvoir par excellence en Guadeloupe. Depuis 1985 en enlevant la transition «honteuse» de Lucette Michaux Chevry, la «gauche» a établi une sorte d'équilibr e de pouvoir entre ces deux assemblées se traduisant dans les faits par une synergie dans les options de gouvernance. Aujourd'hui, cette synergie s'est transformée en une bataille ouverte entre les Présidents de ces Assemblées pour le contrôle de la vie politique en Guadeloupe avec en perspective la prise de pouvoir dans une Collectivité unique. A tout ce que nous avons dit sur l'atonie de ces élections départementales, il faut ajouter que la campagne électorale a été parasitée par la confrontation, maintenant au bazooka deLur el et de Gillot . L'enjeu de la future gouvernance à l'Assemblée départementale en avril et au Conseil régional en décembre, était la vraie question non exprimée ouvertement et qui nous a donné cette campagne sans relief.