HYMNE FRANÇAIS AUX JEUX DES ILES : LE DERNIER MOT

Comme on pouvait s'y attendre, les autorités comoriennes ont apporté une fin de non-r ecevoir à la demande mahoraise de concourir sous les couleurs et l'hymne national. Ce fut le cas pour notr e premièr e participation. Ce sont les pays membr es, dont la France, qui vont faire la différence. Ou pas…

C'est plus exactement le Comité olympique et sportif des Iles desComor es (COSIC) qui apporte son veto à la participation de Mayotte sous les couleurs françaises aux Jeux des Iles. On touche, à travers cette r encontre sportive, à l'un des points diplomatiques les plus délicats de la région : l'appartenance de Mayotte à la France. L'Union desComor es se rangeant toujours derrièr e la déclaration de l'ONU ne r econnaissant pas Mayotte française, c'est donc le statu quo. Et notr e territoire ne peut qu'utiliser l'emblème et l'hymne des Jeux lors d'une victoir e d'un de ses ressortissants, et non la Marseillaise ou notr e drapeau tricolore. Cependant, si elle est un des Etats mem br es, et possède une certaine influence, l'Union des Comor es n'est pas décisionnair e. Le CIJ (Conseil International des Jeux des Iles) ainsi que son bur eau et ses commissions, constitue la Haute instance mora le des Jeux. Il réunit les r eprésentants de chacune des îles et fixe les principes fondamentaux qui régissent les Jeux. Notamment de l'admission d'une nouvelle île. Ainsi, c'est lui qui avait décidé de lapr emièr e participation de Mayotte aux jeux des Iles en 2001, contr e l'avis de l'Union des Comor es. C'est donc lui qui devra trancher .

Le «oui, mais» de la France, à l'image de sa politique régionale

De son côté, la France a toujours adopté une position ambiguë, la jouant très diplomatique. Les tensions entr e Mayotte et les Comor es, avec les expulsions d'«étrangers» habitant les îles sont toujours un élément à intégr er . C'est pour quoi le der nier passage dans l'ar chipel des Comor es du président Hollande était très attendu. Si aucune déclaration fracassante n'avait été pr ononcée, il avait indiqué à Mayotte que la question de l'appartenance de l'île à la France «n'était plus négociable», et lors du sommet des chefs d'Etat de la Commission de l'océan Indien (COI, dont Mayotte est exclue), avait af firmé que «Mayotte était une collectivité française déterminée non par sa géographie, mais par son histoir e». Geor ge Pau-Langevin avait aussi donné une suite au député Ibrahim Aboubacar sur le sujet, «Mayotte aura toute sa place en tant que collectivité française lors despr ochains Jeux des Iles». L'édition 2015 se dér oule à La Réunion, et rassemble les pays membr es, Maurice, Seychelles, Union des Comores, Madagascar, La Réunion, les Maldives, et donc Mayotte. Elle se tiendra du 1er au 9 août. A quatre mois de son lancement, la tension monte et les problèmes sont loin d'être réglés.

Anne Perzo-Lafond_Le Journal de Mayotte