Le mois de mai : un véritable chantier de luttes sociales

La multitude de commémor ations qui se succèdent dur ant le mois de mai, invite à considérer le mois comme un «pr in temps» pour les peuplesdu monde entier en luttepour la liber té et le pr o g rès social.

A l'échelle inter nationale, on ne peut passer sous silence lajour née de lutte des travailleurs, le premier mai, qui correspond à l'internationalisme en mouvement. Il en est de même pour l'évocation de l'expérience de la commune de Paris -pr emière révolution prolétarienne- étouffée par les hordes sanguinaires des Versaillais dirigées par Adolphe Thiers, aidées par les for ces d'occupation prussiennes en mai 1871. En mai 1936, en France, on assiste à la victoire des forces regroupées au sein du Front Populaire qui va correspondre à une «embellie» pour le monde du travail avec lesaccor ds Matignon, malgré les réticences du grand patronat. Mai 1945 consacr e la victoir e des peuples, des for ces démocratiques, regroupées au sein de la grande alliance pour vaincr e la peste nazie. Enfin, la crise généralisée du capitalisme en France, va déboucher sur les évènements de mai 1968 avec la remise en cause du système par le mouvement estudiantin et le mouvement ouvrier . Chez nous en Guadeloupe, le mois de mai est une période chargée de combats pour la liberté etcontr e toutes formes d'oppr ession. Voici quelques évènements pour étayer notr e raisonnement : - Dans la nuit du 15 au 16 mai 1791, dans le quartier de SainteAnne se déroule la révolte antiesclavagiste de Jean-Louis qui a pour objectif principal : arracher la liberté générale en anéantissant la classe des maîtr es. - En mai 1802, les anti-esclavagistes regroupés autour de Delgrès et d'Ignace ont écrit une des plus belles pages d'héroïsme et de sacrifice, face à la soldatesque napoléonienne dépêchée pour rétablir l'esclavage. Les combats des martyrs de la liberté constituent un des actes fondateurs de notre conscience nationale et du fait national guadeloupéen. - En mai 1848, la mise en application du décret portant sur la libération des nègres esclaves,consacr e la fin de la crise du système esclavagiste et permet au pays de se lancer dans le développement des rapports capitalistes. Ce décret, malgré sa portée historique, ne peut nous empêcher de relever son caractère inachevé, comme un chantier arrêté, car si les maîtr es ont été indemnisés de la perte de leur main d'œuvre servile, les anciens esclaves n'ont eu que leur for ce de travailler pour leurs nouveaux maîtres. - Mai 1967. La mise en place de la commission Stora peut enfin lever les chapes de plomb qui empêchent de faire la lumière sur les tueries des 26 et 27 mai 1967 àPointe-à-Pitr e. La déclassification -tant réclamée- des documents placés secret d'état ou secret défense, peut éclairer véritablement les historiens, le peuple guadeloupéen sur l'œuvre pacificatrice du colonialisme français. Déjà, en 1968, le pr ocès intenté par le pouvoir français contre des patriotes guadeloupéens pour atteinte à la sécurité de l'Etat, en terminant en «eau de boudin» par la libération et l'acquittement de tous les prévenus, nous donne des éléments de réponse. La grève des ouvriers du bâtiment, affiliés à la CGTG, qui réclamaient une petite augmentation de salair e, a servi au patronat et au gouvernement de l'époque de prétexte pour réprimer dans le sang la lutte du peuple guadeloupéen pour son dr oit à l'autodétermination. La barbarie qui a déferlé sur Pointe-à-Pitre et la Guadeloupe s'est accompagnée d'une vaste campagne de désinformation organisée par les services français afin de diviser pour régner. La vérité sur mai 1967 doit êtr e établie et le vrai coupable désigné . Pour notre part, le mois de mai doit êtr e toujours un moment de ressourcement dans l'expérience des luttes sociales et dans ler espect des idéaux de nos martyrs de la liberté, de nos ainés… pour nos combats futurs.