Bilan social : L’année de toutes les luttes

L e bilan social 2009 est incontestablement le bilan de l’année de mobi- lisation du LKP, celui de tous les Guadeloupéens debout à la verticale contre toutes lespwofitasyon.

Le bilan d’une année de lutte ne se mesure pas seulement en termes d’acquis immédiats mais, en cernant les différents aspects de la lutte et en tirant les enseigne- ments pour l’avenir

La mobilisation, le liyannaj kont pwofitasyon n’a été possible que grâce à l’unité des forces sociales, culturelles et politiques, dans le pays.

C’est d’abord un rassemblement d’organisations qui représente ce que la Guadeloupe compte de meilleurs pour la transformation de la société coloniale en une société plus juste plus humaine et qui cadre avec la réalité guadeloupéenne.

Avant 2009, le mouvement social s’essoufflait dans des grèves cor- poratistes à répétition, sans aucu- ne coordination et le plus sou- vent dans une opposition musclée et stérile des syndicats

. Dans ces conditions, les manipulations et la répression syndicale permettaient au patronat et au pouvoir colonial français de tenir le mou - vement social en échec. Le mouvement culturel, depuis des années, travaillait de son côté à l’émergence d’une culture authentiquement guadeloupéenne une culture de résistance.

Sur le plan politique, le Parti Communiste Guadeloupéen avait lancé dans le pays une cam - pagne pour la mise en place d’un «Front Patriotique pour un Etat Autonome de Guadeloupe» et y travaillait avec quelques organisations et personnalités anticolo nialistes. Bien que, depuis longtemps explosive, la complexité de la situation, faisait qu’aucune orga - nisation ne pouvait prétendre engager un combat de cette envergure seule. Les dégrada - tions accélérées de la situation, les avancées de l’unité des forces sociales ont rendu possible le passage à l’action des masses.

Le formidable liyannaj a rassem - blé plus de 50 organisations ne partageant pas forcément les mêmes points de vue, mais, d’accord sur une plate-forme reven dicative.

On peut observer dans le liyan - naj, la jonction entre le mouvement social, le mouvement cul - turel et les organisations poli- tiques qui composent le LKP. Les divergences idéologiques n’ont pas empêché de trouver des points de convergence pour l’é - radication du colonialisme et l’é- tablissement de rapports nouveaux entre la Guadeloupe, la France et l’Europe.

Malgré les divergences idéolo - giques et aussi de stratégie, les organisations ont su préserver l’unité d’action du LKP . Cela démontre leur grande maturité et leur sens de responsabilité dans la conduite de la mobilisa - tion du peuple.

L ’unité du peuple guadeloupéen autour de la plate-forme reven- dicative aura démontré que tous les obstacles peuvent être balayés et que c’est seulement l’unité d’action sur des objectifs clairs et démocratiquement défi - nis qui peuvent permettre cela.

L’année de mobilisation populai- re sous la direction du LKP a montré l’irresponsabilité de beaucoup d’élus qui se sont fourvoyés dans la mission que leur a confiée le peuple.

Elus par le peuple pour prendre les décisions politiques afin de répondre aux préoccupations des Guadeloupéens, ils ont fait le contraire et se sont obstinés à freiner le mouvement.

Ils n’ont pas été capables de comprendre la misère des gens, la pwofitasyon exercée sur tout le peuple par une oligarchie béké.

Ils n’ont pas compris qu’ils étaient élus par le peuple de prolétaires, de miséreux, de chômeurs et qu’ils devaient s’appuyer sur eux, sur leur colère pour, avec eux, mettre à mal cette ploutocratie qui nous écrase.

Pire, ils se sont jetés dans les bras des pwofitwè pour tenter de sauver ce système pervers, et leur carrière politique.

Un an de lutte qui a montré à la face du monde le cynisme et la férocité du colonialisme fran - çais, convergence du pouvoir économique et politique français profitant de la Guadeloupe et de ses enfants.

Face aux légitimes revendica - tions des travailleurs, le patronat MEDEF comme à son habitude s’est «cabré», en a fait une ques - tion politique et a refilé la réso - lution de la crise à l’Etat.

Les voltes-faces du Préfet, du Ministre des colonies, le silence du Président de la République, les tentatives d’invalidation du LKP et de récupérer le mouvement en organisant les états généraux sont autant d’éléments qui attestent du grand désarroi du pouvoir face à ce mouvement social qu’il n’a pas vu venir.

Mais, la mobilisation a bous- culé les stratégies du colonia - lisme, l’obligeant à intervenir et a improvisé au plus haut niveau de sa hiérarchie. Le discours du chef de l’Etat français en est la preuve.

La mobilisation du LKP a été exemplaire, elle a su déjouer les pièges tendus par le pouvoircolonial.

Dès le 20 janvier, premier jour de la grève qui dura 45 jours, les barrages tant attendus par le pouvoir pour réprimer dans l’œuf le mouvement, n’étaient visibles nulle part. T otalement déstabilisés : MEDEF, Préfet, élus ont regardé impuissants se déployer la grève générale et débouler dans les rues de Guadeloupe libres de toutes entraves, de dizaines de milliers de Guadeloupéens mobilisés contre la pwofitasyon et pouraf firmer que «la Gwadloup se tan nou».

Cette mobilisation permanente, d’une ampleur jamais égalée en Guadeloupe a obligé le pouvoir colonial à négocier la signature d’un accord sur les salaires (accord Bino) et un protocole de suspension de conflit le 4 mars portant sur : la baisse du prix des carburants, des produits de pre- mière nécessité, le loyer, l’eau, letransport…

La force de la mobilisation a déjoué les plans du gouvernement tant dans sa volonté de saborder tous les accords que dans la remise en cause de sesengagements.

Le mouvement social a dévelop- pé davantage les consciences, elle a construit une unité des Guadeloupéens autour de la Guadeloupe sur la base de la lutte des classes.

Le slogan d’un peuple en posi - tion verticale «la Gadloup sé tan nou, yo pé ké fè sa yo vlé adan péyi an nou» pris et repris tout au long de l’année 2009 entémoigne. S’il y a une conscience collective d’appartenance à un peuple et a un pays qui est née, il y a aussi une conscience de classe qui s’est développée.

La mobilisation a bien ciblé ceux qui possèdent les moyens de production, exploitent, pillent et pwofitè de ceux qui connaissent le chômage, l’exclusion, la misère et les discriminations.

L’opulence dont jouit les gens du Medef, tous ces patrons béké, Européens, et autres, sont sans commune mesure avec la majorité des Guadeloupéens qui compte chaque sou pour vivre.

Les Guadeloupéens ont réap - pris que c’est par lutte que les revendications sont arrachées et que la lutte est nécessaire pour préserver les acquis car , les capitalistes, le pouvoir colonial renient sans complexe leurs engagements, leurs signatures. Cela s’est vérifié tout au long de l’année.

2009 a été une année qui rentre- ra dans l’histoire des grandes luttes du peuple guadeloupéen, une année de protestation, de revendication, de construction, une année où les problèmes politiques posés par le mouvement social n’ont pas encore trouvé de réponse, mais, qui a bien mis en évidence la fin d’un système.