Appréciation du PC libanais sur la situation actuelle
I. LA SITUATION INTERNATIONA- LE ET LES POSSIBILITÉS D’UNE NOUVELLE AGRESSION ISRAÉ-LIENNE
A. Durant le dernier trimestre de 2009, la situation internationale fut caractérisée par le retour de l’administration des Etats-Unis à des politiques que certains avaient prêché la disparition à la suite du départ de G. W. Bush de la Maison blanche. En effet, l’administration de Barak Obama mène des offensives militaires dans toutes les régions du globe : elle supervisa le putsch au Honduras, renforça sa présence et ses bases militaires en Colombie, poussa le gouvernement colombien à des actes de provocation sur les frontières avec le Venezuela et mit de côté les promesses faites en ce qui concerne la diminution des mesures du blocus contre Cuba. De plus, elle renforça sa présence armée en Afghanistan (30 000 soldats) et dans l’Océan indien, en général, mais surtout dans le Golfe arabique, à proximité de l’Irak (où les explosions ont repris de plus belle, fauchant, quoti - diennement, des centaines de morts et de mutilés) et de l’Iran (qui vit une instabilité continue, en plus du retour au problème de sa production nucléaire). Il faut dire que le discours de Barak Obama à Oslo a bien exprimé ces nouvelles directives ; n’a-til pas dit que «Quelquefois, les nations ont besoin de mener des guerres», ajoutant que les «guerres ont un rôle à jouer pour le maintien de la paix» ?
B. De plus, les Etats-Unis conti- nuent à procurer leur appui à la politique d’Israël, tant contre .les Palestiniens que contre les autres peuples arabes ; ce qui constitue une menace certaine, non seulement contre la paix dans la région, mais aussi la paix mondiale. Israël n’a pas seulement rejeté la position prise par la majorité écrasante des Etats, représentés aux Nations Unies, contre les crimes commis par l’ar- mée israélienne lors de la dernière agression contre Gaza (le vote pour le rapport Goldestone), mais il continue son blocus autour de cette région, interdisant l’arrivée des vivres et des médicaments à ses habitants. Il faut dire qu’il tire aussi profit de la coopération des autorités égyptiennes qui ont décidé de fermer ce qui reste comme passa- ges souterrains entre leurs territoires et ceux de Gaza. Pendant ce temps, le gouvernement israélien poursuit son œuvre de «judaïsation» d’Al Qods (Jérusalem) et de colonisa - tion de nouvelles terres palesti - niennes (sur lesquelles elle érige de nouveaux villages). Bien plus. Netanyahu a pris la décision de donner un appui financier rapide (41 millions de dollars) à quelques 110 000 colons, dans le sein d’un plan généralisé où il est prévu d’accorder un milliard de dollars à un million et demi de colons vivant, actuellement, dans les régions palestiniennes. Cette décision fut prise au moment même où le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se déclarait pour la création d’un Etat palestinien et contre la «judaïsation» d’Al Qods… Il faut dire qu’Israël ne craint rien du côté européen, puisque l’UE n’a jamais cessé de porter aide et assistance à cet Etat : bien au contraire, elle exécute à la lettre les traités lui donnant lapriorité.
C. Quant à la politique américano israélienne dans la région arabe, en général, on doit noter qu’elle est revenue à sa tendance première d’escalade, surtout contre les armes de la Résistance national au Liban et le rôle joué par le Hezbollah dans cette Résistance. C’est que Netanyahu est revenu aux menaces contre tout le Liban, parce que le Hezbollah fait partie intégrante du nouveau gouver- nement. A cela s’ajoutent les milliers de violations israéliennes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité (2006) qui ne suscitent aucune réaction de la part de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui ont été « renforcées » afin de pouvoir empêcher les infractions sur les frontières !!! Et, nous ne devons pas, non plus, oublier les manœuvres militaires (quatre, depuis août) près des frontières, dont celle exécutée au début du mois de décembre 2009 sous le titre «Comment répondre aux missiles qui seraient lancées à partir du Liban ?» ; ce qui laisse présumer que Tel Aviv prépare, à travers ses «cellules dormantes», des actions suspectes qui justifieraient une nouvelle guerre ou, tout au moins, des raids contre l’infrastructure et les civils, comme cela s’est passé durant l’été 2006.
D. L’escalade contre le Liban cons- titue, selon des informations parues dans certains médias libanais et arabes, un point dans un plan à caractère préventif visant à élargir les agressions israéliens à la Syrie et à l’Iran, afin d’empêcher ces deux Etats d’intervenir au Liban, surtout que ce pays est considéré comme «zone d’influence» qu’il faut ramener au bercail étasunien.
II. LA CRISE CAPITALISTE INTER- NATIONALE ET SES RÉPERCUS- SIONS : DE WASHINGTON À DUBAÏ
Sur le plan de la crise écono- mique et financière vécue par le capitalisme, une nouvelle étape, plus dangereuse que la précé- dente, vient de commencer. En effet, les banques étasuniennes, qui avaient reçu des aides énormes afin d’asseoir leur situation, sont de nouveau au bord de la faillite (on parle d’une centaine de banques en crise grave). Ces faillites auront des répercussions mortelles sur les petits et moyens épargnants, non seulement aux Etats-Unis, mais sur l’ensemble de la Planète. Dans le monde arabe, où la domination de Washington est presque complète, tant sur le plan militaire que sur ceux de l’économie et des finances, les répercussions de la nouvelle vague sont les plus marquantes, parce que Washington ne s’était pas contenté des quelques 1200 milliards de dollars pris dans les caisses des pays arabes pétroliers ; il voudrait aussi étancher la seconde étape de la crise avec le même argent (on parle de quelques 1000 autres milliards) et, en même temps, contrôler tout le marché du pétrole en Irak, dont une partie vient de lui échapper ; voilà pourquoi l’Irak vit, de nouveau, à l’heure des explosions, après que son gouvernement ait accordé des concessions pétrolières à la Russie et à la Chine. À cela, il ne faut pas oublier d’a - jouter les informations qui disent que derrière la crise des dettes vécue par Dubaï on voit se profi - ler l’ombre de W ashington. Parce que l’administration des Etats- Unis voudrait stopper , dit-on, «l’infiltration» iranienne dans le monde capitaliste, qui se fait par la voie de Dubaï... De plus, la poursuite et l’extension de la guerre civile, entre Sunnites et Chiites, au Yémen et l’ingérence de l’Arabie saoudite dans le conflit présagent des changements dans toute la région du Golfe, surtout que les Etats-Unisvont mettre tout en œuvre afin de régler la situation du pétrole.
III. LA SITUATION AU LIBAN
Depuis quelques jours seule- ment, le nouveau gouvernement, présidé par Saad Hariri et appelé «gouvernement à très large représentativité», entra en fonction avec l’appui de tous les députés, ou presque (122 de 128) ;ce qui constitue un très grand danger pour la démocra- tie, vu que toutes les forces politico confessionnelles se sont liguées face au peuple, à un moment très difficile, tant sur le plan patriotique (les menaces israéliennes) que politique, économique et social. Et, si les discussions à propos du programme du nouveau gouvernement se sont centrées, pour certaines forces d’extrême droite anciennes amies d’Israël (telles les « Forces libanaises), sur la Résistance armée et les armes de la Résistance, il n’en reste pas moins que le texte concernant ce point, et accepté par le Hezbollah, est très équivoque, puisqu’il laisse au gouvernement l’alternative d’user, ou non, du «droit» du Liban à résister. Surtout que la résolution 1701 du Conseil de sécurité (août 2006) donne l’opportunité aux Forces intérimaires des Nations Unies au Liban (FINUL), déployées sur une profondeur de 40 Km à l’inté- rieur des terres libanaises, d’empêcher tout acte militaire de la part de la Résistance patriotique ou islamique. De plus, le programme gouvernemental est revenu sur l’appel, déjà lancé par le gouvernement précédent, pour la mise en œuvre des directives prises lors de «Paris 3» (la troisième conférence de Paris sur le Liban), surtout en ce qui concerne la privatisation des services de base (électricité, eau, téléphone fixe et portable) et la suppression des Caisses de sécurité sociale et médicale. En même temps, les nouveaux rapports économiques, dont le rapport du Comité des banques et celui de l’ONU sur la situation de vie au Liban, attirent l’attention sur les problèmes suivants : La dette publique a connu, en un mois (octobre 2009), une poussée de 2 milliards et 153 millions dedollars. Le taux de très grande pauvreté touche, actuellement, 8% de la population libanaise (soit quelques 400 000 personnes, sans compter les Palestiniens). 52% des habitants de la région du Akkar (au Nord du pays) vivent sous le seuil de la pauvre- té, contre 42,6% de la population du Sud et 30% de la population de la Békaa. 46% est le pourcentage des jeu- nes (entre 15 et 24 ans) chômeurs.
IV. LES POSITIONS DU PCL FACE À LA CRISE
Le PCL a attiré l’attention sur les grands dangers que peut com- porter le regroupement de tou- tes les forces politico confession- nelles du pays au sein du nouveau gouvernement, parce qu’il donne au gouvernement de grandes possibilités pour mettre à exécution les projets économiques que les luttes populaires des années précédentes (actions de masses et actions syndicales) avaient empêché la réalisation. Parmi ces projets : la privatisation du service public et de l’adminis- tration ainsi que celle de l’électricité et du téléphone, comme il est déjà dit… Voilà pourquoi le PCL a mis au point, depuis deux mois déjà, un programme de revendications à court terme, dont les trois mots d’ordre sont : le courant élec- trique 24 heures/ 24, la réduction du prix du carburant et la remise en cause des salaires, le SMIG surtout. Une campagne de mobilisa - tion a commencé dans toutes les régions libanaises, suivie par des sit-in coupant, le 24 novembre 2009, toutes les voies d’accès à Beyrouth, la capitale du pays. Dans la conférence de presse du 9 décembre, qui précéda les discus - sions du programme gouvernemental par le parlement, le PCL a, non seulement développé tous les points négatifs du programme gouvernemental, mais il a aussi mis en avant les priorités politiques et économiques suivantes : a) Renforcer la résistance patrio- tique afin de faire face à la possibilité d’une nouvelle agression israélienne, surtout à la suite des dernières menaces du gouvernement Netanyahu, mais aussi dans le but de libérer les territoires libanais toujours occupés parIsraël. b) Faire pression sur le nouveau gouvernement afin de l’obliger à réaliser les réformes politiques nécessaires, en premier lieu la création du Comité national pour la suppression du confessionnalis- me, la mise au point d’une nouvelle loi électorale (ayant pour bases : la proportionnelle, la sup - pression du confessionnalisme parlementaire, la circonscription unique, le quota féminin et le vote à 18 ans) et l’amendement de la loi municipale. c) Stopper l’exécution des projets de privatisation des services de base et supprimer toutes les déci - sions économiques et sociales adoptées lors de la troisième conférence de Paris. d) Œuvrer avec les syndicats pro- gressistes et les organisations de jeunes pour l’adoption d’un salaire minimum d’au moins un million de livres libanaise (667 dollars) et donner au secteurs productifs (industrie et agriculture) tout l’appui nécessaire, afin de leur permettre de créer de nouveaux emplois (pour les jeunes,surtout). e) Réactiver le rôle du Conseil économique et social. f) Créer un groupe de pression dont le rôle serait de promouvoir la lutte populaire en vue de l’élaboration des statuts personnels civils (et unifiés) et afin d’aider à la suppression de toute forme de discrimination contre la femme libanaise, tant dans les lois que dans l’administration ou sur le plan politique. g) Mettre un point final à la politique d’endettement, mais aussi geler la TVA, baisser les impôts indirects (surtout sur les dérivés du pétrole) et adopter un impôt progressif tant sur les revenus que sur les profits.