Ethique et morale en politique

La campagne pour les élections municipales est belle et bien lancée. Les prétendants au trône, et ceux qui pensent y rester à vie, se défient à distance. Ils parlent de compétence, de pro- gramme, de leur «attachement» au peuple, bla, bla… Mais, ils ne parlent pas de moralisation politique. Pourtant ce qui se passe en Guadeloupe est suffisamment inquiétant pour que cette question soit au centre de la campagne et certainement le critère principal d’un choix démo- cratique et citoyen. Pour contribuer à ce débat nous publions deux articles parus dans notre journal suite au scandale de la Communauté Agglomération Grand Sud Caraïbe.

LE SCANDALE DE LA CAGSC : TOUS COUPABLES !

La faillite de la Commu- nauté d’Aggloméra- tion Grand Sud Caraï- be (CAGSC) dévoilée par le pré- fet, alimente un déferlement d’indi- gnation dans le sud Basse-Terre, dans toute la Guadeloupe et nourrit une intense activité sur les réseaux sociaux. Qu’a-t-elle d’aussi surpre- nant cette annonce ? Tous ceux qui vivent dans cette partie du territoire et aussi ceux qui vivent ailleurs savent, depuis longtemps, que le fonctionne- ment de cette institution relève de la pratique des bandes, dans les quartiers à risques. Mais surtout, ce qui domine, c’est le sentiment que tous ceux qui pou- vaient, dans la majorité de la prési- dente, stopper ce désordre, ont fermé les yeux, bouché les oreilles. Certains ont fait preuve plus que de passivité mais de complaisance et de complicité. Ils sont compta- bles au même titre que Lucette Michaux-Chevry. Les citoyens qui, par leur vote, don- nent légitimité à cette assemblée et à ceux qui y siègent, ont fait preuve de passivité coupable, subissant sans broncher les coupures d’eau, les stations d’épuration bouchées, l’absence de ramassage des ordures. C’est à croire qu’ils avaient perdu leurs droits parce qu’ils auraient monnayé leur vote. Dans ce marigot politique pourri, il se passe des choses surprenantes. Coupables, tous ces élus qui se sont contentés, depuis 5 ans, de toucher leurs indemnités mensuelles, en gardant bouches fermées, se bou- chant le nez, sans prendre aucune initiative pour alerter et mobiliser les citoyens sur les dérives dans la gestion de cette Communauté. Ceux de la gauche se sont discré- dités encore davantage. Alors que le préfet leur a tendu une perche en leur donnant le tableau de la situation, plutôt que de prendre une position politique responsa- ble en boycottant l’élection du président pour créer un choc démocratique et psychologique, ils se sont pointés dans cette assemblée pour se battre avec la droite afin d’obtenir 3 postes de vice-présidents. Cette Communauté d’agglo vit un cancer en phase terminale, les élus s’étripent sur une inutile question de 2 ou 3 postes de vice- président. C’est lamentable ! Les autorités de régularisation des comptes publiques doivent de- mander aux 43 élus de cette assemblée de rembourser le mon- tant total des indemnités qu’ils ont perçues au cours de ces 5 der- nières années, parce qu’ils n’ont pas rempli leur contrat. Coupables aussi les services de l’Etat
qui ont laissé pourrir trop long- temps la situation. Les références à la loi, évoquées par le préfet dans la lettre adressée au président Joël Beaugendre pour lui rappeler ses responsabilités, notamment les possibilités de sus- pension temporaire, voire la révo- cation d’un élu par décision minis- térielle, existent. Pourquoi n’ont- elles pas été appliquées dans le cas de Lucette Michaux-Chevry ? Coupables aussi ceux de la presse guadeloupéenne, qui ont les moyens d’investigation et qui, pour certains, ont leurs entrées dans les «palais» et les anticham- bres où se passent les choses, mais qui s’appliquent à maquiller les informations pour faciliter la tâche de ceux qui manipulent l’opinion et trompent le peuple. Le scandale de la CAGSC qui signe la faillite des élus, des autorités de contrôle budgétaire, de citoyens, de la presse, ouvre l’obligation de revi- siter la loi sur la moralisation de la vie politique et de renforcer nos propo- sitions d’un code moral pour les élus.