Quelles formes de relations rechercher avec l’Union européenne ?

Il y a quelques 20 ans, on nous rabattait les oreilles avec «l’ar- gent de l’Europe» qui allait nous apporter ouverture sur le monde et mieux-être. Aujourd’hui, on nous parle sur- tout de l’omniprésence et du volume important des fonds européens dans tous les domaines de notre vie. C’est à se demander ce que nous serions sans l’Europe ! Soyons simplement lucides !

P our beaucoup de Guadelou- péens, ce sentiment de «l’Eu- rope généreuse et bienfai- trice» est venue s’ajouter à celui qu’ils avaient pour «la France, mère patrie» qui commence a décroître sérieusement sous les effets conju- gués d’une politique d’austérité, de discriminations criantes et de pwo- fitasyon en tout genre. S’agissant des retombées de la poli- tique européenne sur notre pays, l’illusion est encore assez grande. Car, elle se nourrit à la fois d’une propagande trompeuse et gran- diose soutenue directement par l’Europe, mais aussi de celle relayée à longueur d’année par nos élus. On peut à juste raison parler d’illu- sion, car en fait, toute cette propa- gande se résume à nous montrer une seule face de la médaille : «Ce que l’Europe nous apporte en termes de fonds européens à travers les réa- lisations qui se font en Guadeloupe». Mais les propagandistes n’indiquent jamais, les contraintes très lourdes, les nombreuses obligations, les déconvenues et les multiples contre parties qui entourent l’obtention de ces fonds. Or, celles-ci sont très lourdes et inéluctables. Plus grave encore, ils évitent de nous dire que par nos impôts, par la TVA, par les prélèvements et taxes divers, nous contribuons au budget de l’Europe dans une proportion bien plus grande que celle des quelques fonds européens que nous utilisons après bien des tracas.Aujourd’hui, il est donc temps de positionner notre pays dans une perspective de négociation avec l’Europe en tant que parte- naire. Cette vision, il faut la faire largement partager par le peuple guadeloupéen.Pour ce faire, il faut déconstruire cet édifice de mensonges, d’illusions, de corruption, de chantage, de pres- sion, que l’Etat français et ses sup- pôts locaux ont bâti sur le dos du peuple guadeloupéen.

Il faut construire une vision réaliste et éclairée de l’Europe : une Europe parte- naire, qui peut sur la base de contrat négocié avec l’autorité guadelou- péenne, accompagner des projets guadeloupéens.

Il faut démontrer que la Guadeloupe a été intégrée à la communauté européenne sans avoir à donner son consentement. C’est la France qui l’a intégrée d’autorité et sans aucune précaution dans la communauté européenne, ce qui était à cette époque tout à fait possible.

Les résultats négatifs de cette inté- gration forcée a donné lieu à des protestations, à des démarches qui ont abouti à l’obtention de déroga- tions qui ont permis «d’adoucir» l’agonie de notre économie, mais sans pouvoir lui éviter une mort cer- taine. Ce temps des dérogations a été aussi employé pour bâtir des lobbys et tromper plus facilement les travailleurs qui avaient déjà la corde au cou. En réalité, cette intégration contre nature nous a jetés, pieds et poings liés dans les filets de l’Europe qui ne nous a pas permis de défendre nos productions par rapport à nos concurrents. Ainsi, nous sommes devenus de plus en plus dépen- dants des aides et subsides de la France qui parle en notre nom sans nous consulter réellement et de l’Europe qui conduit inébranlable- ment sa politique de domination capitaliste et qui attribue ses fonds en fonction de ses propres intérêts, car il établit ses objectifs et son programme d’actions, encadrés par ses propresrègles. C’est à prendre ou à laisser. Il faut donc faire le bilan de ces années d’intégration à l’Europe, sans fard, sans parti-pris, avec des données chiffrées pour décons- truire chez les Guadeloupéens ce mythe de l’Europe bienfaitrice et généreuse envers la Gu adeloupe.
I l faut construire une vision réaliste et éclairée de l’Europe : une Europe partenaire, qui peut sur la base de c ontrat négocié avec l’autorité guadeloupéenne, accompagner des projets guadeloupéens. Il y aura toujours des contreparties, m ais celles-ci seront négociées avec l’autorité guadeloupéenne. Ce n’est pas une nouveauté, cela se fait depuis longtemps avec les pays qui le souhaitent. Le problème aujourd’hui, c’est que la collectivité guadeloupéenne n’a pas le pouvoir de décision qui lui permettrait de négocier directe- ment avec l’Europe (ni avec aucune autre instance). La Guadeloupe demeure assujettie aux règles du marché européen telle que l’a voulu la France, et dans ces conditions, qui nous sont globalement défavo- rables, nous ne pourrons jamais développer notre économie selon nos priorités, ni tirer un réel profit des aides de l’Europe.C’est pourquoi, le Parti Commu- niste Guadeloupéen, plus que jamais, appelle à sortir de ce carcan assimilationniste qui nous conduit vers le néant.Il nous propose d’emprunter une voie démocratique et populaire, en l’occurrence aujourd’hui, la modifi- cation de la loi qui a institué l’actuel Congrès des élus, devenu ineffi- cace. Ceci pour permettre aux citoyens guadeloupéens de propo- ser à l’Etat français un projet de large autonomie à négocier, et qui sera en définitive soumis au vote des citoyens guadeloupéens. Ce faisant, la nouvelle collectivité de Guadeloupe aura la capacité juri- dique de rechercher et conclure avec l’Europe des accords de coopé- ration négociés et mutuellement avantageux. Alors, il est grand temps que nos économistes, sociologues, éduca- teurs, formateurs, producteurs, développeurs… se mettent au service d’une information cor- recte sur la véritable nature de notre relation à l’Europe. Il faut éclairer le peuple guadelou- péen pour qu’il agisse dans le sens de ses intérêts de peuple En définitive, le verrou à faire sauter, c’est celui de la décoloni- sation de notre pays, afin d’ins- taurer avec la France et l’Europe des relations nouvelles, basées cette fois sur des négociations sérieuses dans le respect mutuel et l’exercice effectif de nos droits de peuple à choisir son destin.