Un Forum pour une autonomie économique en Guadeloupe ?

Tel était le thème de la rencon- tre initiée par le CIPPA et le SNEG, le samedi 11 mai à l’an- tenne régionale du Raizet. Bien sûr, nous soulignerons les points importants développés par les intervenants, car chacun le comprend, tous les arguments et autres textes de loi qui ont émaillé ces 3 heures de rencon- tre, ne pourraient être résumés dans cet article de notre journal.

Le premier intervenant M. Bandou, de l’UPG, a rappelé que la France n’est plus un Etat providence. La mondialisation de l’économie se traduit aujourd’hui par des émeutes de la faim surtout en Amérique latine et en Afrique. L’OMC a ruiné les petits paysans du tiers monde, cela s’accompagnant de spécula- tions sur les prix agricoles. Le réchauffement climatique, les fluc- tuations du prix du pétrole, les guerres, n’arrangeant pas les choses. Cependant, nous, Gua- deloupéens, notre passé est garant de la capacité que nous avons à nous adapter. Notre biodiversité, notre savoir-faire devraient nous permettre de nous diriger vers une agriculture paysanne moderne. Pour cela, il nous faut nous mettre ensemble et gagner notre autono- mie politique.M. Georges Calixte, politologue, a montré que malgré tous les sché- mas économiques imposés depuis 1992, notre dépendance envers l’extérieur a augmenté : dépen- dance énergétique, financière et économique. Toutes les conférences territoriales destinées à définir l’action publique (il y en a déjà eu 10) ont été des impasses. Il nous faut une autono- mie locale pour des décisions importantes concernant par exem- ple la fixation des taxes devant aider à notre développement. Organiser la Guadeloupe autre- ment doit être un impératif. Le Département et la Région, depuis la décentralisation, n’ont réglé aucun problème. L’article 73 de la Constitution française ne nous per- met pas de changer les lois votées par la France.

entreprises en dehors des textes déjà prévus à cet effet, ce n’est là qu’un exemple. Les consultants extérieurs nous imposent des sché- mas loin de nos réalités. Il nous faut un cadre juridique pour des liens plus équitables entre le pou- voir local et le pouvoir national. En 2020 la réforme Constitutionnelle est censée donner plus d’autono- mie aux élus locaux invités à faire des propositions. La balle est donc dans notre camp.

nous interdit d’aider les entreprises en dehors des textes déjà prévus à cet effet, ce n’est là qu’un exemple. Les consultants extérieurs nous imposent des sché- mas loin de nos réalités. Il nous faut un cadre juridique pour des liens plus équitables entre le pou- voir local et le pouvoir national. En 2020 la réforme Constitutionnelle est censée donner plus d’autono- mie aux élus locaux invités à faire des propositions. La balle est donc dans notre camp.

C’est au tour de M. Philippe Jouvé, marin-pêcheur, de prendre la parole. Le tableau qu’il brosse est alarmant. Notre pêche est restée artisanale. Les intrants très chers amènent à une pêche clandestine importante. Beaucoup de vrais pêcheurs ont une autre activité pour survivre. La pollution, le réchauffement cli- matique, la prolifération des pois- sons lions, les activités nautiques nombreuses, mettent à mal la recherche d’une gestion saine des ressources de la mer. M. Jouvé propose de faire un état de notre biodiversité marine, de lutter contre la pêche clandestine par le recrutement de «contrôleurs», de cibler les espèces nouvelles, de se regrouper en coopératives pour diminuer les coûts, de signer des accords avec les Etats voisins de la Caraïbe, de mettre au point une taxe sur les activités de loisirs, d’étendre les pouvoirs du Comité de pêche dont les décisions peuvent êtres refusées par le préfet et enfin de créer une «Chambre consulaire» pour prendre en compte tous les problèmes de la pêche.Mme Minatchy se présente d’abord comme ingénieur agro-alimentaire et aussi comme présidente de CAP Guadeloupe créé par l’UPG. Elle milite pour une agriculture pay- sanne. Notre marché étroit nous
oblige à des coûts élevés de produc- tion et ne nous permettent pas la concurrence avec l’extérieur. Beaucoup de grands projets visés par les élus nécessitent l’achat ou l’adaptation de machines oné- reuses, donc disparaissent. Pour nourrir notre peuple il faut essaimer des petites structures produisant des aliments frais, très peu transfor- més et prêts à l’emploi. Dans le domaine de la recherche et du développement : l’utilisation des matières de chez nous nous procu- rera colorants, produits de beauté, de pharmacie, etc. Pour protéger notre biodiversité, il nous faut un cadre d’autonomie.

M. Ary Broussillon, lui, s’inquiète de notre désagrégation sociale. Pour arriver à l’autonomie, il faut rassurer le peuple quant à son niveau de vie, mais aussi rassurer les chefs d’entre- prises. Il est nécessaire de réorienter nos choix, protéger nos terres, refondre notre système de santé, nous orienter vers une économie mixte (capitaliste, sociale, mutua- liste) pour créer de la richesse.
«LA VOLONTÉ D’Y ALLER
EXISTE-T-ELLE ?»
L’autonomie doit être un pouvoir partagé avec l’Etat. Une autorité politique est nécessaire pour négo- cier la fiscalité, les taxes, le statut de résident, un code d’investissement, la suppression de la SAFER, la maî- trise de notre parc national etc. Le modèle que nous vivons et qui ne nous permet pas le contrôle de nos affaires doit être changé.Félix Flémin au nom du PCGexprime notre solidarité avec le Venezuela puis revenant au sujet, il déclare chercher à élaborer un pro- jet commun avec tous ceux qui veu- lent faire avancer le pays. Il rappelle que dès 1958, l’Etat français a com- battu l’autonomie ayant décelé le contenu de lutte des classes des communistes. Malgré toutes les lois votées, les assises et autres Congrès, le droit commun et notre intégration à l’Europe ont été des entraves à notre développement et seule une m inorité a profité de ce système. Il rappelle nos 100 000 km 2 de mer, notre biodiversité, notre capital h umain garant d’un pouvoir endo- gène. Un pouvoir politique est nécessaire pour notre priorité à l’emploi, fixer les taxes, les prix, nos rapports avec la Caraïbe ; notre sou- v eraineté sur le foncier doit être acquise. Sortir du droit commun, rompre avec le système colonial, négocier avec la France un statut de souveraineté partagée doit nous rassembler par-delà nos petites divisions. Pour terminer F. Flémin lance un appel aux patriotes pour une plateforme minimale afin de faire émerger une citoyenneté gua- deloupéenne.M. Germain Paran du Comité de l’eau. Ce Guadeloupéen dont nous connaissons la tonicité des discours a dénoncé la passivité des usagers de l’eau. Il a promis de publier la liste de certains organismes bien placés et donneurs de leçons, qui ne paient pas de factures d’eau, certains depuis 20 ans. Il a demandé de se lever pour protester, ce que l’assis- tance a d’ailleurs fait. M.Paran propose l’arrêt des pour- suites envers les usagers, la signa- ture d’une chartre réunissant toutes les parties négociatrices sur l’eau et le départ des multinatio- nales de la gestion de l’eau.

Le dernier intervenant, M.

Destouches, juriste de professionpose des questions qu’il juge pri- mordiales. Il avoue ne pas aimer le mot autonomie, mal défini selon lui. - Autonomie d’un peuple ou d’une population ? - Avec quels moyens budgétaires : ceux de l’Etat ou de nous-mêmes ? - En droit français, certaines collec- tivités autonomes ne sont-elles pas en fait des zones franches ? - A qui a profité l’autonomie en Nouvelle-Calédonie ou à Saint- Martin ? - Les élus locaux ont-ils une solu- tion en vue ? - La «Real politique» ne nous oblige-t-elle pas à tenir compte des monopoles commerciaux et économiques ?M. Plaisir du CIPPA, en conclusion, a rappelé l’importance d’ériger la Guadeloupe en PTOM (associée à l’Europe) afin d’éviter les aspects négatifs de la libre circulation des b iens, des marchandises et des per- sonnes. Il a souligné notre impossi- bilité d’exporter dans la Caraïbe, n os productions de cannes et de bananes appelées à disparaître vu la fin des quotas. Rassurer les bénéfi- ciaires du RSA, les chômeurs, devrait être une priorité.M. Virassamy, co-organisateur de la rencontre, président du SNEG,a mis l’accent sur les difficultés des petites entreprises face aux charges fiscales trop lourdes, le travail dissi- mulé, l’évasion financière, l’écono- mie souterraine (drogue, prostitu-
tion) engendrant un climat de vio- l ence et de peur. La politique de M. Macron a aggravé une situa- tion déjà difficile pour les T.P.E ( très petites entreprises). M. Virassamy, au nom de son orga- nisation, propose un comité de pilo- tage pour des rencontres futures a insi que l’édition d’un ouvrage.

Enfin, personnalités venues écouter les arguments des intervenants : M. Mathieu, M. Evita Cherry, M. Luc Reinette, Mme Celigny, Mme Etzol… saluait les personnalités venues écouter les arguments des intervenants : M. Mathieu, M. Evita Cherry, M. Luc Reinette, Mme Celigny, Mme Etzol…