Chlordécone : La recherche a fait des avancées

Le samedi 18 mai à l’Urma, Saint-Claude, la députée Hélène Vainqueur-Christophe et l’asso- ciation citoyenne les 3R ont organisé une conférence por- tant sur la problématique du chlordécone. Pour l’occasion, ils ont fait appel à de nombreux intervenants pour la plupart des connaisseurs et scientifiques, tels que le Professeur Luc Multigner, direc- teur de recherche à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ; le docteur Laurent Brureau, cher- cheur-universitaire à l’université des Antilles ; le Professeur Sarah Gaspard, chercheur-universi- taire à l’université des Antilles ; M. Albert Cocoyer, ouvrier agri- cole - Section banane CGTG ; M. Harry Durimel, avocat…

La salle était comble ce samedi soir, des gens venant de partout, inté- ressés par le sujet. Il faut quand même rappeler que c’est à l’issue du rejet de la proposition de loi faite par Mme Vainqueur-Christophe, visant à créer un fonds d’indemni- sation des victimes, qu’a été prise cette initiative de rendre compte à la population les avancées sur la problématique du chlordécone. Le Professeur Luc Multigner a dressé la genèse de la recherche sur le chlordécone en Guadeloupe. Depuis 1958, la molécule du chlordécone est commercialisée et utilisée comme pesticide à usage agricole. En juillet 1975, l’usine de produc- tion du pesticide interrompt brus- quement sa fabrication suite à une pollution importante des abords immédiats de l’usine et aux multi- ples cas d’empoisonnements constatés chez les ouvriers et les personnes habitants à proximité. A partir de ces évènements, toutes les études commanditées font état de graves atteintes neurologiques. Les autorités fédérales américaines décident alors de l’interdiction pure et simple de la commercialisation du pesticide en 1976. Par contre en France, le pesticide chlordécone connaît un tout autre sort : La France accorde d’abord une autorisation provisoire de com- mercialisation en 1972, puis en 1981, elle décide de l’homologation officielle du chlordécone. C’est une décision politique qui est prise 5 ans après l’interdiction amé- ricaine et 3 ans après la classifica- tion du chlordécone par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) de cancérigène possi- ble. Il faut attendre finalement juillet 1990 pour que le chlordécone soit enfin interdit en France. Et pourtant, les autorités françaises autorisent par 2 fois des déroga- tions à cette interdiction pour répondre à la demande de gros planteurs antillais, si bien que l’utili- sation a perduré aux Antilles plus de 3 ans après son interdiction en France hexagonale. En fait, en 21 ans, on estime à 300 tonnes de poison, déversés sur les sols de Guadeloupe et de Martiniqueafin de lutter contre le charançon du bananier.

L’intervention de l’ouvrier agricole Albert Cocoyer de la CGTG Banane a retenu l’attention du public. Comment comprendre au 21 ème siè- cle, que la France qui est la 5ème puissance économique mondiale, qui a l’ingénierie pour la fabrication de scaphandres, de combinaisons spatiales, de vêtements militaires etc… n’est pas encore parvenue à inventer une combinaison de pro- tection pour les ouvriers agricoles antillais travaillant avec des produits dangereux sous le soleil. Au cours de ces 20 dernières années, les chercheurs ont décou- vert l’absence de certains risques sanitaires en lien avec les niveaux d’exposition de la population antil- laise : Absence d’impact direct chez l’adulte sur la fertilité masculine, dia- bète gestationnel, hypertension gestationnelle ou encore malforma- tions congénitales.
SIGNAUX À SURVEILLER :
Neuro-développement :moins bons scores estimant motricité fine, mémoire récente. Développement staturo-pondéral : modification des trajectoires. Le Professeur Multigner a souligné dans son développement que tous les maux ne provenaient pas systé- matiquement du chlordécone mais que l’alimentation de manière géné- rale y était pour beaucoup.