Euvremont Gene : Une vie dédiée à la défense des intérêts de la classe ouvrière et de la paysannerie

Le 03 décembre 1969, le camarade Gene Euvre- mont disparaît, victime de la catastrophe aérienne du Boeing de Air France AF212 reliant Santiago du Chili à Paris et devant faire escale à Pointe-à-Pitre. Aujourd’hui, 7 juin 2019, année du 99 ème anniversaire de sa naissance, et des 50 ans de sa disparition tra- gique à Caracas, nous nous trou- vons ici, rue Euvremont Gene à Pointe-à-Pitre, avec sa famille, sa famille élargie, ses collaborateurs, ses camarades de Parti, la famille de Dolor Banidol et le Comité Euvre- mont Gene (COMEG), pour signi- fier notre volonté à contribuer à faire la lumière sur les circonstances de «l’accident» du vol AF 212 à Caracas, qui avait à son bord nos camarades Banidol et Euvremont Gene revenant de mission. Durant 50 ans, une chape de plomb était posée sur «l’accident» du 03 décembre 1969 et ses conditions. La «vérité étant fille du temps» la version officielle de l’accident s’ef- frite et on avance de plus en plus vers la thèse de l’attentat. Avec le COMEG, notre quête est unique : Que vérité et justice soient faites

.«Il faut sortir de leur noir, pas s’y laisser enfermer». Alain Foy, pas de prison pour le vent - avril 2006Cette manifestation a un double objectif, d’une part elle vise à faire connaître davantage les activités du COMEG dans sa recherche de la vérité et d’autre part à rendre un hommage à notre camarade et cela revient nous semble-t-il, à donner du sens à son engage- ment, notre engagement, à son combat -notre combat, qui se déroule dans un contexte qui s’avère aujourd’hui, très difficile. Euvremont Gene fait partie des Guadeloupéens qui ont marqué leur période. Ils peuvent disparaître, mais leurs actions, leur oeuvre, leur parcours leur survivent. Pourquoi ? Pour la simple raison, que leur vie colle à la réalité de la grande majo- rité (c’est-à-dire le monde du tra- vail) et que les sillons qu’ils ont laissés, inspirent et guident les générations à venir dans leur quête d’une vie meilleure. En ce qui concerne Euvremont, nous voulons ajouter, sans verser dans l’hagiographie, que sa noto- riété dépasse le cadre national guadeloupéen. C’est un militant internationaliste. C’est un diri- geant du mouvement commu- niste international. D’ailleurs, c’est au retour d’une mission de solidarité et d’internationalisme prolétarien qu’il disparaît ! S’il nous était demandé d’évoquer en très peu de mots le parcours d’Euvremont, ce qui ne peut être facile, on ne manquerait pas de dire, que c’est la vie d’un humaniste au caractère bien trempé, un organisa- teur perspicace et dévoué. Mais il est surtout un coeur rempli d’Amour, amour pour sa famille, amour pour sa famille élargie, amour de sa terre natale, amour du travail, amour du monde du travail, un amour sans faille pour son idéal marxiste-léniniste et son Parti. Euvremont, Valéry, Alexandre Gene, pousse ses premiers cris le 04 juin 1920, dans la commune d’Anse-Bertrand sur les terres de l’habitation Mahaudière ; il est le fils de Georges Emile Gene et de Agnès, Marcelle Audemar, ses parents, qui l’ont reconnu. Aîné

d ’une famille de 7 enfants, avec ses frères et soeurs, Auguste, Minerve, Camille, Olympe, Sully et Mauric

e, il p asse son enfance et son adoles- cence sur les terres d’Anse- Bertrand, puis de Port-Louis. Cette période initiale de la vie de n otre camarade se déroule donc, dans un contexte économique, politique et social profondément marqué par la dépendance colo- niale symbolisée par des conditions de vie précaires et des privations de toute nature. Le pays-Guadeloupe vivait au rythme des travaux agri- coles basés sur la culture de la canne et sa transformation en sucre. Deux infrastructures dominaient la vie dans cette région du Nord Grande- Terre : l’habitation (les habitations) et l’usine Beauport. La situation économique et sociale que nous avons évoquée a été aggravée par le désastre pro- voqué par le passage du cyclone de septembre 1928. Après des études agricoles, il devient technicien, géreur et chef des travaux agricoles. C’est dans son travail, au contact de la dureté des conditions de travail du petit paysan, de l’ouvrier agricole, du colon partiaire qu’il commence à percevoir la réalité des inégalités sociales et les mécanismes de recherche du profit par l’usinier, par le biais de l’exploitation du travail des couches défavorisées. Après la IIème guerre mondiale, il adhère à la toute jeune fédération du PCF et milite à la Section de Port-Louis. Ce faisant, il procède à un premier pas en transformant le sentiment de révolte qui l’animait, depuis la tuerie d’avril 1943 au Port-Louis durant laquelle, son jeune frère Auguste fut au nombre des vic- times, en un engagement révolu- tionnaire et radical.