Le négationnisme d’Angot ne passera pas : Lettre du CREFORM

Madame la présidente, Paris, le 10 juin 2019 Le samedi 1er juin 2019, Madame Christine Angot, chroniqueuse de «On est pas couché» une émission phare du service public, se laissait aller à des propos odieux, discriminatoires, et révision- nistes, vis-à-vis de l’esclavage dans les colonies françaises -un crime contre l’humanité- et, plus généralement de l’esclavage en général. Elle a fait injure à tous les Ultramarins français liés à cette histoire et à tous leurs compatriotes qui la condamnent, tout en alimentant une odieuse guerre des mémoires. Une semaine plus tard, dans la même émission, alors que la communauté ultramarine et de nom- breux autres Français s’indignaient encore de l’absence de condamnation officielle des contre-véri- tés évoquées par Madame Angot, un prétendu «droit de réponse» d’une rare médiocrité intellec- tuelle nous était infligé. La chroniqueuse regrettait de «n’avoir pas réussi se faire comprendre...», tandis que pour le producteur de l’émission «ils avaient fait preuve, au cours de leur vie et de leur carrière, d’antiracisme et d’humanisme»... Il s’agit là d’une imposture. En réalité, au lieu d’un droit de réponse accordé aux personnes réelle- ment visées par les propos de Madame Angot, qui étaient une véritable apologie de l’esclavage et en particulier de l’esclavage raciste de masse, cette seconde émission n’a été que l’occasion, pour Madame Angot, de se montrer incapable de reconnaître ce qu’elle avait dit et tout le monde avait déjà compris, à savoir qu’il y aurait une hiérarchie des crimes contre l’humanité. Agissant de la sorte Madame Angot refuse catégoriquement d’admettre que l’esclavage raciste de masse, un temps légalisé en Europe, était simplement une manière de tuer des gens au travail à cause de la couleur de leur peau, dans un laps de temps excédant rarement cinq ans, sans parler du fait que pour un Africain débarqué aux colonies, cinq autres avaient déjà perdu la vie. Le Conseil Représentatif des Français d’Outremer estime que ce prétendu «mea culpa» ne retire en rien le caractère délictuel des propos tenus le 1 e r juin. Le CREFOM considère en outre que l’apologie de l’esclavage, qui est le fond de la pensée de Madame Angot exprimée ce jour-là, n’a pas à être véhiculée sur les antennes d’une chaîne publique. Si une réponse judiciaire est bien sûr nécessaire, une prise de position claire de la présidence de France Télévisions s’impose par ailleurs. Des mesures appropriées doivent être prises pour que de tels excès ne se reproduisent jamais. À l’heure où l’on n’est toujours pas revenu sur le projet -non justifié et non concerté- de faire disparaître France Ô en septembre 2020 -alors que la chaine France 4 se verra pro- bablement accorder un sursis- on ne peut croire, au vu de l’affaire Angot, des réactions inacceptables du producteur et du silence du diffuseur, à la volonté de donner plus de place à l’Outremer sur les chaînes du service public français. L’esclavage français doit être présenté pour ce qu’il a été : Une déportation organisée, un crime de masse, l’expression légalisée et monstrueuse d’un racisme d’Etat. La loi le qualifie de crime contre l’humanité. Seule la reconnaissance de cette réalité par une prise de position officielle de l’Etat et de France Télévisions, avec l’annonce de mesures concrètes pour lutter contre le révisionnisme et l’ignorance de l’histoire de France, nous permettront de retrouver confiance. La France, pays des droits de l’homme, ne doit jamais oublier que nombre d’Ultramarins ont sacrifié leur vie pour elle, tandis que la France esclavagiste avait déporté leurs ancê- tres et les avait tués au travail en leur refusant la qualité d’êtres humains.

Je vous prie d’accepter, Madame la présidente, l’expression de ma parfaite considération.

Jean-Michel Martial