TEMOIGNAGE EN SOUVENIR D’UN GRAND DIRIGEANT POLITIQUE GUADELOUPEEN Il y a un an disparaissait Guy Daninthe

Il y a un an que disparaissait Guy Daninthe ancien Secrétaire Général du Parti Communiste Guadeloupéen. A cette occasion, son neveu Jacques a tenu à lui porter son témoignage.

P arti pour un long voyage à 93 ans, Guy Daninthe, l’ancien Secrétaire Général du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG), un homme d’une très grande culture générale, juri- dique et d’une excellente connaissance des lois, des principes et des règles des sciences historiques, économiques, sociales, politiques et géopolitiques a été tout au long de sa vie un combat- tant infatigable pour l’autonomie de la Guadeloupe. Il avait une parfaite maîtrise de la philo- sophie marxiste-léniniste, de l’organisa- tion du Parti Communiste et de la société pour contribuer au mieux à l’émancipation humaine des ouvriers, des paysans, des travailleurs, des hommes, des femmes, des jeunes du pays Guadeloupe et du peuple guade- loupéen tout entier. Ansois de naissance et époux d’une Mornalienne, l’auteure Lucie Julia, née Huguette Manette, soeur de l’ancien Président de la Pédale du Centre (PDC), Denis Manette, Guy Daninthe gardait toujours un oeil politique vigi- lant sur Morne-à-l’Eau pendant et après les gestions municipales de Julien Chovino et de Jean-Claude Lombion. D’abord directeur de Cabinet de Chovino lors de sa deuxième manda- ture, puis sous les deux mandatures de Lombion, Chargé de Communication de la ville de Morne-à-l’Eau, je n’hésitais pas à le consulter régulièrement sur toutes les questions touchant à la vie politique mornalienne, lui qui avait combattu de toutes ses forces aux côtés de Gerty Archimède contre la fraude électorale érigée en institution à l’époque dans cette commune-centre du Nord Grande-Terre. Il prenait toujours un grand plaisir à dis- cuter avec moi, parfois même à débat- tre avec moi des questions politiques délicates ou franchement polémiques. Suite à la mort brutale d’Euvremont Gène alors Secrétaire Général du PCG dans la catastrophe aérienne du 3 décembre 1969 au large de Caracas au Venezuela de retour du Congrès du Parti Communiste Chilien, Guy Danin- the déjà Secrétaire à l’Organisation va assumer l’intérim à la tête du Parti de décembre 1969 à 1974, année à laquelle, il sera élu par le Congrès nou- veau Secrétaire Général et reconduit dans cette fonction jusqu’en 1988 où il décide de se retirer et de passer le flam- beau à Christian Céleste. Très proche de la jeunesse, Guy Daninthe sera à l’origine de l’arrivée au Comité Central (le Parlement du Parti) de nombreux jeunes commu- nistes et de l’envoi d’un nombre impor- tant d’étudiants guadeloupéens dans les anciens pays socialistes de l’Est, notamment en ex-URSS et particuliè- rement à Cuba, le pays du père de la Révolution cubaine, Fidel Castro afin de poursuivre des études supérieures dans différentes spécialités en vue de la préparation de cadres guadelou- péens pour la construction de la Guadeloupe de demain. Guy Daninthe était d’abord un très grand visionnaire ! Sans lui et sa très longue amitié avec Fidel Castro, je ne serai jamais devenu le premier journaliste guadeloupéen formé à Cuba, pour une raison très sim- ple. Mon père défunt, ouvrier d’usine, ma mère, cultivatrice, d’origine modeste n’avaient plus les moyens financiers de me payer des études en France après le départ à Paris d’un de mes grands frères, Joël devenu expert- comptable dans la capitale française. De retour au pays en 1986 après mon séjour universitaire cubain, Guy Daninthe n’hésitait pas à me prodiguer de nombreux conseils pour réussir ma vie professionnelle dans le cadre d’un marché du travail en crise en Guadeloupeet qui n’a jamais été très tendre avec les anciens étudiants gua- deloupéens revenus tous diplômés de Cuba dont feu mon ami-frère, Christian Chipotel, obligé de s’exiler loin de sa terre natale d’abord en Nouvelle- Calédonie puis à la Réunion avec sa petite famille pour s’assurer un avenir professionnel durable, lui pourtant, le premier ingénieur agronome formé à la dure école cubaine.

L’homme Guy Daninthe, selon moi a vait le statut d’un homme d’Etat doté d’une très grande ouverture d’esprit, d’une extraordinaire finesse intellec- tuelle, fin tacticien et stratège, excellent diplomate, il avait en outre un sens aigu d e l’humain et des relations humaines. Et moi, j’admirais simplement l’homme, sorti des entrailles d’une famille pauvre d’Anse-Bertrand et devenu grâce aux énormes sacrifices de son entourage familial, d’efforts colossaux au plan per- sonnel et grâce surtout à son grand courage, un avocat guadeloupéen de haut niveau et respecté du Barreau de la Guadeloupe et un Secrétaire Général du PCG apprécié, estimé et reconnu par les ouvriers, les paysans, les salariés et toutes les couches laborieuses du peu- ple guadeloupéen qu’il défendait sans faille tant sur le plan juridique que poli- tique en sa qualité de premier dirigeant communiste du pays Guadeloupe. Alors que sa santé au premier semes- tre de l’année 2018 était déjà source d’inquiétudes pour ses proches, Guy Daninthe continuait à avoir avec moi d’enrichissants échanges par mail et de manière régulière sur toutes les questions de l’actualité politique du moment. Hospitalisé à l’hôpital rural de Capesterre Belle-Eau pendant un cer- tain temps à la fin du mois de mai de l’année dernière et accompagné de ma mère, sa soeur Blanche, d’une de mes grandes soeurs, Régine et d’une grande cousine, Clotilde, nous avons été le voir pour l’encourager à tenir bon dans cette pénible épreuve pour sa santé. A la fin de notre visite, j’ai été le dernier à sortir de sa chambre et couché sur son lit d’hôpital, difficilement, il s’est mis debout progressivement et a marché très lentement, à très petits pas dans ma direction vers la porte de sortie au prix de gros efforts physiques pour me dire au revoir et que j’ai interprété immédiatement comme un dernier adieu de mon oncle, Guy. Et j’étais loin de me tromper sur ce dernier adieu de Guy Daninthe ! C’est l’image, je crois, qu’il voulait que je garde de lui, un battant, un combat- tant, un homme intègre physiquement, courageux jusqu’au bout et en pleine possession de toutes ses facultés phy- siques et intellectuelles. Transféré au CHU de Pointe-à- Pitre/Abymes quelques jours après notre visite, Guy Daninthe décède au combat contre la maladie le 18 juin 2018 plongeant tous ses proches, parents, amis, camarades et alliés dans une peine profonde et dans une grande et douloureuse tristesse. Guy Daninthe mérite une place dans le patrimoine politique guadeloupéen.RESPECT ET HONNEUR POUR GUY DANINTHE, UN GRAND DIRIGEANT COMMUNISTE DANS LA GUADELOUPE DU XX ème SIECLE !