Félix Proto : «L’Histoire me jugera !»

I ronie du sort ou ruse de l’histoire. La ville des Abymes a inauguré le samedi 22 juin soit quatre jours avant l’ouverture du XVème Congrès des élus, le Palais de la culture dénommée Félix Proto. Grand et bel hom- mage à un dirigeant politique, un élu politique guadeloupéen qui a été vic- time d’une action de «déchoukage»organisé par l’Etat, accompagné des élus croupions de la Guadeloupe qui avaient peur de la politique avant-gardiste mise en oeuvre par ce président qui se tenait debout face au pouvoir. Puisse les élus guadeloupéens, en prenant place dans la grande salle de délibération du Conseil départemental le mercredi 27, se rappeler que Félix Proto, bien avant la création du Congrès en 2000 et la réforme constitutionnelle en 2003 a organisé sans filet externe, un débat au Conseil régional, le 23 janvier 2009 portant sur : «le devenir institutionnel de la Guadeloupe face aux échéance européennes».Qu’ils n’oublient surtout pas, ce Conseil toujours d’actualité qu’il avait livré :«Le débat reste aux élus mais la conscience de tous doit y être élevée et l’intelligence de chacun s’en mêler».C’était une audace à l’époque qui a effrayé ceux d’ici, mais y compris ses «amis» socialistes de là-bas.

Quand on sait cela, on peut comprendre ce qui s’est passé en 1992.

Je retiens de Félix Proto, le Président du Conseil régional de la Guadeloupe avec qui j’ai travaillé pour construire la Guadeloupe de 1986 à 1992, cette phrase chargée d’histoire : L’histoire me jugera, parce qu’elle est manifestement inspirée de celle prononcée par Fidel Castro à son procès pour rébellion armée à La Havane. «L’histoire m’acquittera». Félix Proto a répondu par cette phrase, en novembre 1991, à ma demande de ne pas accepter les manoeuvres déloyales mises en oeuvre par le gouver- nement socialiste de l’époque pour disqualifier notre majorité, en le conseil- lant de faire appel au soutien populaire. Avec la conviction d’un homme qui avait confiance dans la voie qu’il avait tracée, qui voulait rester fidèle à ses engagements politiques et à ceux qu’il considérait comme ses amis, Il m’a dit avec un sang-froid déconcertant : Je suis socialiste, ce sont mes amis socialistes qui ont décidé de faire ma peau, je ne ferai rien contre le Parti Socialiste. Il a gravi sans fléchir, la montagne de Golgotha. Félix Proto a été d’abord vic- time de son amour pour la Guadeloupe. Il a créé la surprise dans un monde politique sclérosé, assujetti à l’autorité du pouvoir central par son intelligence politique, ses qualités de stratège, sa relation particulière, presque fusionnelle avec le pays profond et surtout son esprit d’indépendance. Nous n’étions pas du même Parti, mais assez proche idéologiquement. Sa rencontre avec le Socialisme cubain à notre invitation ne l’avait pas laissé indifférent. Il croyait profondément aux valeurs de l’éducation et de la culture pour mettre l’homme guadeloupéen en position verticale. En me disant que l’Histoire le jugera, Il ne m’avait pas bluffé. Aujourd’hui, il est réhabilité dans l’histoire de son pays et je suis fier d’avoir monté avec lui la montagne de Golgotha, en restant fidèles à nos convictions et à nos choix.

L’histoire a acquitté Castro L’histoire a commencé la réhabilitation de Félix Proto.

Bravo l’artiste !