Président Félix Proto : Le vrai bâtisseur de la Guadeloupe

Proto et son équipe ont voulu pousser la décentralisation le plus loin possible pour espérer montrer ses limites, et nourrir le désir d’aller à plus de responsabilités pour les Guadeloupéens chez eux. «La Guadeloupe d’abord !» C’était son leitmotiv.

La municipalité des Aby- mes qui vient d’inaugu- rer son beau Palais de la culture, a tenu à associer à cette infrastructure publique d’enver- gure ; le nom de Félix Proto, prési- dent du Conseil régional de la Guadeloupe de 1986 à 1992. Qu’elle en soit remerciée pour cet acte qui rend un hommage mérité à Félix Proto, le président qui a eu la lourde charge d’installer le Conseil Régional décentralisé en Guadeloupe. C’est aussi le président qui a eu la volonté de mettre la culture à sa vraie place et qui a réussi à le faire avec la collaboration active et effi- ciente des 10 élus communistes qui faisaient partie de sa majorité. Oui, la majorité socialo-commu- niste présidée par Félix Proto, a ins- tauré une gouvernance qui a bous- culé les habitudes de soumission aveugle au pouvoir central. Il n’y a pas que la culture qui ait fait un bond qualitatif dans le pays. C’est toute une vision globale de la Guadeloupe et de ses relations avec la France, l’Europe mais aussi la Caraïbe, qui a été mise en oeuvre. Proto et son équipe ont voulu pous- ser la décentralisation le plus loin possible pour espérer montrer ses limites, et nourrir le désir d’aller à plus de responsabilités pour les Guadeloupéens chez eux. «La Guadeloupe d’abord !» C’était son leitmotiv. Les réalisations qui ont vu le jour en une mandature, témoignent de ce temps fort dans le pays, et servent de repères pour la réflexion de tous ceux qui aiment la Guadeloupe. Cette réflexion conduira inévita- blement à s’interroger sur les rai- sons qui ont amené les pontifes politiques qui régentaient la Guadeloupe dans la soumission au pouvoir d’Etat depuis des années à organiser «l’assassinat» poli- tique du jeune président Proto, si plein de projets et d’ambition pour son pays. Ils ont commencé à payer leur crime. Aujourd’hui, les bouches s’ouvrent de tous les milieux pour rendre hommage à ce président trop tôt disparu, mais, il faudra aller plus loin pour lui rendre justice, ainsi qu’à sa famille, ses enfants et petits- enfants, ses vrais amis et ceux qui ont été ses loyaux collaborateurs et qui l’ont soutenu jusqu’au plus fort de la tourmente. A l’occasion de cette cérémonie éponyme, nous avons été conviés à témoigner en tant que vice-prési- dents ayant travaillé à ses côtés : Voilà mon témoignage : J’ai travaillé pendant 6 ans en toute loyauté avec le président Félix Proto. C’était un «bosseur» qui avait de l’ambition pour son pays. Il me plaît de rappeler ses convictions, notamment dans les domaines de la culture du sport et de la communication. Il pensait que le sport et la culture devaient être valorisés et soutenus par la puissance publique comme des vecteurs de développement. Le vélodrome était réclamé à cor et à cri par le monde sportif et par la population depuis des décennies, il l"a réalisé. Il a voulu que ce vélodrome soit au centre d’un grand projet sportif et cul- turel permettant de doter le pays d’un édifice de haute qualité, pouvant accueillir des manifesta- tions sportives et culturelles, d’envergure internationale, mais aussi un centre médico-sportif pour les athlètes. Il a été l’initiateur de la première expérimentation de télévision locale pour permettre enfin aux Guadeloupéens d’avoir une télévision, faite par eux, qui les montre, qui parle d’eux, de leurs pro- blèmes, de leur vécu, de leur culture et qui les projette sur la scène-monde. Il voulait que la Guadeloupe ait ses écoles d’art plastiques, de formation aux métiers du spectacle vivant, son conservatoire de danse, de musique, pour représenter le pays à l’extérieur. Il voulait créer un centre de ressources partagées en matière de nouvelles technologies de la com- munication, qui serait mis à disposition des lycées pour les travaux pratiques de leurs élèves et d’un public divers qui pourrait utiliser la visioconférence pour des formations à distance et pour des rencontres à caractère pédagogique ou autres. C"était un visionnaire. Il avait deux à trois longueurs d"avance sur la classe politique qui a com- ploté pour le stopper dans sa détermination à bâtir le pays Guadeloupe. Depuis, tous ceux qui sont venus après, ont du mal à faire plus et mieux que ce qu"il a initié. La Guadeloupe qui sait reconnaître ses enfants méritants impose aux politiques, la réhabilitation du fils prodige.

Mona Cadoce ex-vice-présidente du Conseil régional - Responsable de la commission « Culture-Sport etcommunication»