Du courage pour franchir la ligne jaune tracée par Brigitte Girardin

T ous ceux qui suivent depuis le début des années 2000, la saga des congrès des élus départementaux et régionaux savent très bien qu’il ne s’est rien passé de nouveau, de promoteur au XV ème Congrès des 26 et 27 juin 2019. Ne voyez là aucune intransi- geance, aucune attitude arrogante de ceux qui pensent détenir LA vérité. Il s’agit seulement d’une observation sans détour des faits visi- bles par tous au cours des deux jours d’assemblée et de l’analyse objective des résolutions qui ont été adoptées. Cela peut gêner ou déplaire, mais, nous ne pouvons pas nous faire complices de ceux qui veulent imposer l’idée que les élus, ont fait un pas sur le chemin de la responsabilité. Car, il n’en est rien. Bien sûr, par rapport à 2013, la confrontation violente a laissé place à la recherche d’un consensus mou. Le premier objectif de ce comportement qui relève avant tout de montrer au pays que les élus du congrès étaient capables d’assumer ensemble les échecs de leurs politiques publiques. Mais, en réalité, les élus sont toujours dans le même tempo, la même démarche, le même comportement qui a abouti au cafouillage installé depuis le III è me congrès du 29 mai 2003, terminé sans que les élus se soient accordés sur le vote d’une résolution. Ce cafouillage ou plutôt cette paralysie est maintenu par la ligne sacrée et secrète qui lie tous les assimilationnistes, par-delà leurs diver- gences. Il stérilise depuis 16 ans, congrès après congrès, toute tenta- tive à faire émerger un véritable projet guadeloupéen. Cette ligne a été dictée par la ministre de l’Outre-mer de l’époque, Brigitte Girardin, la gardienne du temple de la pwofitasyon qui, devant un parterre choisi de 500 Guadeloupéens à genoux au world Trade Center, a déclaré avec la morgue des princes : «La Guadeloupe, c’est la France. Cette réforme constitutionnelle (2003) consacre l’ancrage définitif de la Guadeloupe dans la nation et la République française. Les choses sont cadrées, ce n’est pas à la Constitution de s’adapter aux demandes locales ; Toutes propositions doivent entrer dans ce cadre, sinon on franchit la ligne jaune et c’est l’aventure, la dérive».Pour que les choses soient bien claires, Madame la ministre a précisé : «Les élus guadeloupéens ont opté pour l’article 73 de la Constitution et les dispositions qu’il comprend. Le gouvernement entend respecter leur choix».C’était un mensonge grossier qui invalidait les résolutions 1 et 2 adoptées par les congrès du 18 juin et 17 décembre 2001. Les élus présents n’ont pas bronchés. Ils se sont déculottés. Le pacte scellé avec le diable ce jour-là continue à dicter la conduite des élus guadeloupéens. A chaque congrès, ils s’appliquent à rester dans les cordes, à ne pas franchir la ligne jaune de Girardin. Les demandes de différenciation s’inscrivent toujours dans ce cadre délimité par la ligne jaune de l’article 73 que les élus n’ont pas le cou- rage de franchir… ou ne voient peut-être pas l’intérêt d’en sortir.