Tension USA-Iran : Les dangers d’une confrontation

Lorsqu’en juillet 2015 l es négociations sur le nucléaire iranien aboutissent à Vienne, la diplomatie l’emporte et l’on peut alors penser que les risques d’un conflit s’éloignaient pour longtemps. Contrairement à toute l’attitude occidentale qui prévalait jusque-là l’accord reposait sur un allègement des sanctions économiques en échange d’un strict contrôle du nucléaire iranien .

De fait le début des négocia- tions en 2003 a été suivi d’une période chaotique dans laquelle celles-ci ont plusieurs fois avorté. Mais les sanctions décidées par l’ONU en 2006 n’ont pas empêché l’Iran d’augmenter très sensiblement ses capacités de production d’uranium enrichi. Le nombre de centrifugeuses nécessaires pour enrichir l’uranium est passé de 160 en 2003 à 20 000 aujourd’hui. Si une leçon doit être tirée c’est bien que les sanctions n’ont rare- ment, voire jamais, infléchi la marche d’un pays indépendant. Ceci est vrai pour l’Iran comme pour Cuba ou la Corée du Nord. Au vu de cet échec la reprise des négociations sur le nucléaire se fera en 2013 après deux élections, celle d’Obama aux USA en 2009 et celle de Rohani en Iran en 2013. Ces deux dirigeants conduiront les négociations vers la conclusion de l’accord de 2015. On aurait cependant tort de réduire cet accord au face à face de deux pays, car il est également signé par la Chine, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Dans la pratique l’ac- cord sera respecté par l’Iran qui s’est conformé aux clauses de la négocia- tion comme l’ont confirmé les inspec- teurs de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique. Trump une fois au pouvoir n’aura de cesse de défaire toute l’oeuvre politique et diplomatique de son prédécesseur (Obamacare, Traité trans-pacifique, accord sur le climat, accueil des migrants, rapprochement avec Cuba, et… accord sur le nucléaire iranien). Comme toujours avec Trump on se moquerait volontiers de l’infantilisme de ce dirigeant si les conséquences n’étaient pas si graves pour les peuples et la paix. Car les USA ne se sont pas seulement retirés de l’accord, le 8 mai 2018, ils ont aussitôt menacé les autres partenaires de l’Iran de représailles juridiques comme cela s’est passé entre autres avec…Huawuei, et l’ar- restation, au Canada, de la fille de son fondateur ! En agissant de la sorte les USA fabri- quent une crise géo-politique de toutes pièces avec des risques d’embrasement du Proche-Orient et des conséquences imprévisibles sur l’équilibre d’une région déjà lourdement éprouvée. On voit rôder dans l’entourage de Trump un sinistre personnage comme John Bolton qui, déjà à l’époque de Georges Bush junior, avait été un des artisans de la guerre en Irak, et cela n’est pas pour rassurer. Dans la montée de la tension actuelle toute provocation comme ces quatre navires endomma- gés à quai par des hommes grenouille, ou ces deux navires attaqués en pleine mer dans le détroit d’Ormuz, sont autant d’étincelles pouvant mettre le feu aux poudres. Dans ces conditions la destruction par les Iraniens d’un drone américain est le signe que l’heure est grave. Car le mot drone ne doit pas faire illusion. Même si ce drone (RQ-4A Global Hawk) n’est pas armé, il est par ses caractéristiques l’équivalent d’un bombardier (son envergure 40 m com- parable à celle d’un Boeing 737, son prix 220 millions de dollars soir l’équiva- lent de trois Rafales, son altitude de vol entre 15 et 20 km). L’abattre comme l’on fait les Iraniens est un avertissement aux Américains et à leur arrogance. La technologie ira- nienne est à prendre aux sérieux. Et à trop tirer la queue du lion… Il est encore temps de dire stop à la folie guerrière des USA. Pour que triomphent la paix dans le monde et l’amitié entre les peuples nous devons plus que jamais rester vigilants.