Le Chemin de l’émancipation

Il est plus que temps, que les organisations anticolonialistes s’accor- dent sur un projet global, économique, social écologique, culturel et politique, c’est-à-dire sur un projet d’émancipa- tion politique qui porte des réponses aux pro- blèmes qui relèvent de l’urgence et de la gravité de notre situation…

L’ heure n’est plus au constat, aux lamenta- tions, aux incantations, à la dénonciation du colonialisme. Nous devons dépasser les luttes sectorielles et comprendre que les questions qui assaillent notre pays, celles de l’eau, du CHU, de l’empoisonnement au chlordé- cone, de l’implantation d’un golf à Petit-Bourg, de la propriété du foncier guadeloupéen, de la prio- rité à l’emploi des Guadelou- péens…, ne sont pas déconnec- tées l’une de l’autre ; elles ren- voient à la question globale, de l’instauration d’un pouvoir poli- tique guadeloupéen pour porter des réponses con- crètes aux problèmes que vivent les Guadeloupéens. Il est plus que temps, que tous ceux des Guadeloupéens qui se revendiquent de l’anticolonia- lisme, se mettent debout et tra- vaillent ensemble à l’avènement de ce pouvoir politique. L’heure n’est pas à la division, il faut dépasser les oppositions stériles entre indépendantistes et autonomistes qui font le jeu et servent les intérêts du pou- voir colonial. L’heure n’est pas non plus à sépa- rer la lutte politique et la lutte syndicale, c’est une erreur de les opposer, il faut au contraire faire converger la lutte des tra- vailleurs pour leur émancipa- tion sociale et la lutte politique du peuple guadeloupéen pour son émancipation nationale. Plutôt que de détourner les travailleurs de la politique, il faut au contraire les engager à y prendre toute leur place, de manière à créer le rapport de forces, dans la lutte de classes qui se déroule en Guadeloupe et partout dans le monde. Si le système colonial, est en pre- mier chef responsable du non- développement de la Guadelou- pe, et des difficultés auxquelles les Guadeloupéens sont aujour- d’hui confrontés, il faut aussi reconnaître la part de responsa- bilité des organisations anticolo- nialistes qui se sont révélées incapables de s’unir sur un pro- jet d’émancipation de la Gua- deloupe, pensé avec le peuple guadeloupéen. C’est avec cet état de chose qu’il faut rompre, si nous voulons ouvrir réelle- ment la voie de l’émancipation en Guadeloupe. Il est plus que temps, que les organisations anticolonialistes s’accordent sur un projet global, économique, social écologique, culturel et politique, c’est-à-dire sur un projet d’émancipation politique qui porte des réponses aux problèmes qui relèvent de l’urgence et de la gravité de notre situation, et qui engage la construction d’un autre modèle de société pour notre pays. C’est là, la tâche historique et immé- diate que nous avons à réaliser, les matériaux existent, il faut la volonté politique d’y travailler. La question de la décolonisation de notre pays se pose donc avec urgence et acuité, il faut faire échec à la stratégie, du gouver- nement et des assimilationnistes de droite et de gauche, qui vise à déguiser le système colonial avec les habits de la différenciation. Pour se faire, il faut une démarche unitaire, c’est une exi- gence qui s’impose aux partis et organisations qui se revendi- quent de l’anticolonialisme et de l’anticapitalisme. Notreresponsabilité est de soustraire notre pays du sys- tème colonial et assimilation- niste actuel, en mobilisant le peuple guadeloupéen par toutes les formes de luttes, la grève, la mobilisation de masse, la lutte idéologique, la lutte poli- tique et électorale, la résistance culturelle, la résistance écono- mique, sur un projet global d’émancipation connue de tous.