L’action contre Jacques Bangou s’inscrit dans la stratégie posée par Emmanuel Macron lors de son dernier voyage en Guadeloupe
Les Guadeloupéens, quelles que soient leurs opinions politiques, ou leurs penchants personnels, doivent toujours faire preuve de discernement en présence, d’idées, de solutions ou de faux procès intentés par la tutelle coloniale contre les dirigeants qu’ils ont choisis pour gérer les affaires de leur pays.
C ela, non pas que ces derniers soient irréprochables, loin de là. Mais ils doivent se réserver un temps de réflexion et d’analyse pour étudier les tenants et aboutissants de toutes ces démarches ténébreuses qui fleuris- sent dans les relations avec les représentants de l’Etat. Il ne faut pas permettre à ceux qui gouvernent en nous considérant comme des assujettis, qui doi- vent toujours leur dire «OUI», de continuer à nous aliéner, à nous transformer toujours plus en victimes consentantes et qui pour ce faire n’hésitent pas à employer tout l’arsenal répressif de leur système de domination. Nous ne devons pas être trop naïfs pour perdre de vue que l’Etat fran- çais ne cherche nullement à nous aider à régler durablement nos dif- ficultés, ni à faire avancer notre pays sur les rails d’un développement endogène porteur de progrès et de créations d’emplois. Il cherche à faire de nous, et particu- lièrement de nos élus, des servi- teurs dociles et dévoués. Aujourd’hui, plus que jamais, notre pays paie au prix fort les consé- quences de l’assimilation. Nos col- lectivités sont corsetées dans des lois et règlements conçus pour d’au- tres que nous et sur lesquels nos élus n’ont pas de prise réelle. Quand la réalité du quotidien les amène à s’en écarter, ils se trouvent de facto en violation des règles établies.
Certes, la gestion des collectivités publiques exige de la rigueur, mais elle exige aussi des qualités humaines indispensables pour faire face aux dures réalités que vivent beaucoup de familles. L’Etat, qui a la responsabilité de créer du travail en Guadeloupe, a depuis longtemps failli gravement à ses responsabilités. Ce sont les municipalités en pre- mière ligne et les autres collectivités locales qui ont amorti le choc du chômage, de la misère, de l’insalu- brité, du manque d’équipements sociaux ; Elles l’ont fait dans des conditions pas toujours exemplaires, mais elles ont tenu la maison. Est-ce de la rigueur quand l’Etat tourne le dos à ses devoirs régaliens comme il le fait pour la santé publique et le CHU ? Ce qu’il convient de dénoncer avec force, et de refuser totale- ment, c’est l’ingérence malsaine de l’Etat dans les responsabilités locales, sous des prétextes falla- cieux, construits dans l’objectif de rabaisser nos élus, de les considérer comme des délin- quants et de faire croire que les Guadeloupéens ne sont pas capa- bles de gérer correctement.
Les Guadeloupéens sont assez grands pour sanctionner leurs élus quand, à leurs yeux, ils ont fauté. Cela est de leur responsabilité. Aujourd’hui, le président Macron se signale par un manque total de res- pect pour nos élus et par consé- quent, pour nous Guadeloupéens. Ses propos tenus à Saint-Martin lors de son dernier passage, sont révéla- teurs de son plan pour la Guadeloupe «il faut que mainte- nant les règles soient respectées et que les accommodements avec les règles, parfois les corruptions, ne se reproduisent plus. L’Etat est là… il faut tourner des pages… celles du passé, et cela suppose une ambition nouvelle en transparence».Aujourd’hui, les élus reçoivent en pleine figure les coups assénés par Macron et son gouvernement ; ils sont menés en bateaux dans les ministères, maltraités par les hauts fonctionnaires envoyés ici pour net- toyer les écuries… C’est très gênant de constater qu’ils sont complices de ces atteintes, car ils ne disent rien ; ils les cau- tionnent par leur soutien actif ou par leur silence ; or tout cela n’est que l’expression d’une politique de recentralisation à
outrance avec en prime la dévo- lution des charges et des manque- m ents de l’Etat sur les collectivités locales. Tout cela enrubanné et éti- queté : «habilitation», «différencia- t ion», «compétences»… La Guadeloupe n’a pas de l eçons de rigueur à recevoir de l’Etat. Au contraire, c’est l’Etat colonial qui s’est ingénié à cor- rompre beaucoup de nos «braves» représentants en organisant leur impunité dans le cadre de la législation française. Nous aurions tort de voir dans les atteintes portées à nos collectivi- tés et à nos élus, seulement les conséquences de leurs erre- ments. Il s’agit bien plus d’une atteinte grave à la capacité des Guadeloupéens à gérer leur pays. C’est la volonté d’une mainmise encore plus grande de l’Etat avec l’augmentation de ses capacités de nuisance et ses prétentions à disposer des richesses naturelles de notre pays. Ce que veut démontrer l’Etat c’est que nous ne sommes pas en Guadeloupe, capables d’as- sumer les responsabilités aux- quelles nous aspirons. A travers nos dirigeants c’est le peuple guadeloupéen qu’il cherche à infantiliser. Soyons donc véyatifs et faisons front à cette offensive en tant que PEU- PLE, pour nous faire respecter. L’histoire retiendra que sur toutes les questions importantes qui auraient pu être traitées en toute clarté, s’agissant notamment de l’eau, des sargasses, de la santé publique, de l’emploi… le prési- dent Macron s’est contenté de se défausser sur les collectivités locales et les citoyens, en s’abri- tant derrière une formule vague et pleine de sous-entendus :«L’Etat est là !». Oui, alors qu’il nettoie devant ses portes ! Alors ne nous laissons pas enfumer par ceux qui veulent nous domesti- quer ! Soyons lucides, pragma- tiques, examinons nos problèmes à la lumière du réel guadeloupéen ! Il ne suffit pas de «hélé anmwé»et de s’indigner en paroles seulement. Il faut sortir de l’assimilation et s’inscrire avec les Guadelou- péens dans la résistance au sys- tème de domination coloniale et dans la lutte contre la pwofi- tasyon. Toute autre position se réduirait à une posture démago- gique et électoraliste.