Les larmes de «cocus»

L e site d"information Médiapart a rendu public le compte-rendu d"une réunion des cadres dirigeants de la Fédération Française de Football (FFF) où le sujet débattu portait sur la présence des Nègres et des Arabes dans les centres de formation et les équipes nationales de football. Ces techniciens et cadres de haut niveau ont parlé de quota comme les diri- geants politiques français le font depuis des années en parlant des locataires, des regroupements de famille immigrée, des étudiants étrangers. Bref, comme les nazis et les fascistes en parlaient dans un passé qui se conjugue au présent avec le Front National des Lepen en France. La diffé- rence c"est que ces faux-culs du football n"ont pas le courage de leur racisme. Ils se proposent de faire ça en douce, de mettre en place des cri- tères secrets de sélection, un racisme clandestin, à l"image de l"hypocrisie démocratique de la société française. Mais, y"a-t-il vraiment une découverte qui puisse soulever l"indigna- tion, la stupéfaction des Blacks et des Beurs, vivant sous le sapin recouvert de la neige virginale qui masque les stigmates d"une société capitaliste en décomposition. Pourtant, les saillies racistes et discriminatoires n"ont pas manqué ces dernières années pour ouvrir les yeux des plus incrédules de ces «gens de couleurs», qui prétendent représenter la France des Blancs aux yeux du monde. Depuis Trésor, Janvion pour le football, Marie-José Pérec et le relais fémi- nin noir au 4x100m, aujourd"hui Teddy Riner, tous ceux qui regardent la France sans oublier d"où ils viennent savent que pour les «bons Français», le seuil de tolérance est depuis longtemps dépassé. Le refus de confier l"équipe de France à Tigana, le lynchage de Marie-José Pérec après Sydney, l"explosion de haine contre les Noirs et Arabes après l"échec lamentable de l"équipe de France en Afrique du Sud ne sont que les expressions visibles d"une société raciste qui refuse d"assumer ses res- ponsabilités dans le crime de l"esclavage et de la colonisation malgré toutes les parades officielles qui s"affichent aujourd"hui. En vérité, ce qui explique les larmes de «cocus» et les cris d"indignation de cer- tains comme Thuram, Karam, Romana, pour ne citer que les plus en vue, ce sont les mensonges propagés sur la France de la diversité, la France multicul- turelle, la France métissée, la France des «Outre mer» , tous ces slogans de basse propagande qui viennent de leur exploser en plein visage. Plus que le racisme qui sous-tend la démarche des dirigeants du football français et que personne de censé vivant en France ne peut ignorer l"hy- pocrite expression, c"est l"effondrement de ce mythe savamment installé avec l"arrivée de Mitterrand et des socialistes au pouvoir en 1981 : la diversité de la nation française. Nous avions en son temps dénoncer cette manipulation politique qui s"est exercée sur deux fronts : la lutte contre le «communautarisme» et la vas- salisation des associations qui portaient la revendication identitaire pour empêcher que les originaires et descendants des pays d"Afrique, des Caraïbes et d"Asie, installés en France se regroupent autour de leurs valeurs culturelles et préservent leur identité. Les compatriotes de renom: écrivains, journalistes, artistes, sportifs, ont suivi le chemin qui leur était imposé, celui de la désintégration dans la population française contribuant ainsi à conduire les descendants d"esclaves, colonisés par la France à n"être plus que des ultramarins, des Guadeloupéens français, des Noirs de France partie intégrante de la nation qui continue à opprimer leurs frères et leurs soeurs dans ses dernières colonies ou néo-colonies. En pleine année des Outremers voulue par Nicolas Sarkozy, Marie-Luce Penchard et Daniel Maximin pour changer le regard des Français sur les «Outremers», au moment où le gouvernement annonce vouloir fêter en grande pompe le 10 e anniversaire de la loi Taubira, décrétant l"esclavage crime contre l"humanité, le script de la réunion des dirigeants du football français sur Médiapart ramène tous ceux qui avaient cru, à la triste réalité : la France c"est la France et elle est aux Français de France. Quoi de plus natu- rel ! La Gwadloup sé pa tan nou ? Beaucoup, parce qu"ils étaient sous les lumières des spots des scènes et des terrains voulaient croire le contraire. Le réveil est brutal et avec, des larmes de «cocus» !