TRIBUNE LIBRE Féminicide : Est-ce encore un vocable pour noyer le poisson ?

C’est une réalité. Les violences perpétrées contre les femmes, par leur époux, concubin, amant, se multiplient et les pro- cédés utilisés se diversifient, accentuant leur cruauté. Dans l’état actuel de la législation française, rien ne semble inflé- chir la courbe, a fortiori l’arrêter.

Un vocable fait son entrée dans le langage cou- rant depuis quelques semaines pour qualifier cette vio- lence, lorsqu’elle se traduit par la mort de la victime, la femme : «Féminicide». Chacun s’empresse de l’employer pour montrer qu’il est cultivé, en tout cas qu’il a la connais- sance, avec un brin de snobisme, sans s’interroger sur son bien- fondé, sa nécessité, sans se deman- der si ce terme n’est pas superféta- toire, si, à l’instar de homicide, parri- cide, infanticide, fratricide, le terme «femmicide», tout simplement, ne conviendrait pas mieux. En tous cas, tous ces actes ont une seule et même étiquette : la barba- rie. C’est assurément ce concept qui a engendré, dès l’origine de l’homo sapiens, et au fil des millénaires, toutes les sociétés humaines, s’ex- primant par des guerres de clans, de tribus, d’expansion, de colonisation, d’hégémonie, de religion, d’épura- tion ethnique ou raciale, de terro- risme. La liste n’est pas exhaustive évidemment et la société guade- loupéenne n’oublie certainement pas son histoire. Précisons cependant que «fémini- cide» est un terme apparu au 19ème siècle. Il a été popularisé au cours des années 1980. Il définit un «meurtre de femmes commis par des hommes, parce ce que sont des femmes». Toutefois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) inclut dans cette définition, de manière implicite, les homicides commis par une femme sur une autre femme ou sur une fille, en raison de la condition féminine de la victime. Ce terme «féminicide» n’est pas reconnu par l’Académie française. Alors oui, l’homme, celui qui repré- sente le mâle dans la société humaine, a pu ainsi asseoir sa domi- nation, par ses capacités physiques uniquement, lui conférant, par l’éducation parentale et institu- tionnelle plus tard dans les socié- tés organisées, un statut de supé- riorité absolue, un statut de chef de clan ou de famille. L’avènement de la société capita- liste, ultra libérale, dans sa course aux profits et sa stratégie d’ex- ploitation de l’homme, n’a fait qu’accentuer des injustices et des inégalités insupportables, pour accumuler des richesses. Mais, c’est avec bonheur, depuis seule- ment quelques décennies, qu’on assiste à la prise de conscience des femmes et à des mouve- ments féministes pour la légitime revendication de leurs droits à l’égalité homme-femme. Cependant, sans se voiler la face, ne faudrait-il pas aussi s’interroger sérieusement sur d’autres motifs qui favorisent ou ont favorisé ce mal que nous déplorons ? Trop souvent, sous la pression des lobbies de toutes natures et de tous acabits, des lois sociales et sociétales, sans consultation du peuple, ni même préparation, n’ont-elles pas pour conséquences la perte de certains principes, de certaines normes et valeurs indispensables, pour le bon fonctionnement de la famille, donc pour la survie de la société civilisée ? Il est incontestable, qu’aujourd’hui, cette dernière qui s’était structurée au fil de millénaires, avec ses fai- blesses certes, apparait fort souvent artificielle, déshumanisée, sans aucune autorité parentale. Les notions mêmes de père et mère vont bientôt disparaître et rem- placées par «Parent 1 et parent 2». Et ce n’est certainement pas la Procréation médicalement assistée (PMA) ou la Gestation pour autrui (GPA), en débat actuellement, qui apporteront des solutions. On osera, sans doute, aller jusqu’au clonage humain. Les découvertes de la science ne sont pas toujours des avancées, des progrès pour l’humanité. On peut même craindre qu’elles ne finissent par un anéantissement, tôt ou tard, de l’humanité, si elles ne sont pas ou sont mal maîtrisées. Il est à espérer que ce «Grenelle contre les violences conjugales», ini- tié par le gouvernement français, du 3 septembre 2019 au 25 novembre 2019, n’accouchera pas d’une sou- ris. Les mots les plus forts, n’appor- teront rien, si non à noyer le poisson et les maux s’amplifieront. Il faudra des actes. Il faudra des mesures fortes pour permettre aux femmes qui souffrent de continuer à vivre librement, dans la plus grande séré- nité, sans être encore l’esclave d’un appareil porté en permanence, pour lui annoncer la proximité de son bourreau, quel qu’il soit. C’est celui- ci qu’il faut mettre impitoyable- ment, hors d’état de nuire.