L’économie verte et le développement économique en Guadeloupe

Dans le cadre de ses notes sec- torielles, l"Iedom vient de publier celle dédiée à l"économie verte. Un bulletin qui permet de dres- ser un état des lieux du secteur et de présenter les perspectives de croissance.

DÉFINITION DE L’ÉCONOMIE VERTESelon le programme des Nations Unies pour l’environnement, l’éco- nomie verte est «une économie qui engendre une amélioration du bien- être humain et de la justice sociale, tout en réduisant sensiblement les risques environnementaux et les pénuries écologiques. Sur le plan pra- tique, dans une économie verte, la croissance des recettes et la création d’emplois proviennent des investisse- ments publics et privés qui condui- sent à une amélioration des res- sources, à une réduction des émis- sions de carbone, des déchets et de la pollution, et à la prévention de la perte de biodiversité et de la dégrada- tion des écosystèmes». Selon le Commissariat général au dévelop- pement durable (CGDD), le péri- mètre des activités incluses dans l’économie verte est constitué de deux types d’activités : Les éco-acti- vités, qui produisent des biens et services ayant pour finalité la pro- tection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles. Les activités périphériques, dont la finalité n’est pas environnementale, mais produisant des biens et ser- vices favorables à la protection de l’environnement ou à la gestion des ressources naturelles (gestion de l’eau potable, isolation des bâti- ments, développement de trans- ports sobres, etc

.). Cette étude se concentre sur le premier niveau d’activités.

L"ÉCONOMIE VERTEEST À L"HONNEURL"économie verte ne se résume à la croissance verte. Elle se fonde sur l"octroi de nouveaux droits de pro- priété privée sur les biens naturels, sur le libre échange et sur la néga- tion des droits des populations. Une marche de plus est en passe d"être franchie. Les grandes fonctions écologiques de la planète -stockage du carbone, purification de l"eau, pollinisation- pourraient être trans- formées en «services éco systé- miques» échangeables et valorisa- bles ou en nouvelles marchandises globales et lucratives. L’économie verte serait une alterna- tive sérieuse pour contrer la crise climatique qui s’aggrave de jour en jour déclarait le chef de l’ONU. Les dirigeants du monde entier sont invites à présenter des «plans concrets et réalistes» pour améliorer leurs contribu- tions à la réduction des émis- sions de gaz à effet de serre. Selon ce périmètre restreint, l’éco- nomie verte est ainsi constituée de 39 activités, identifiées dans la Nomenclature d"activités française (NAF) et regroupées en cinq sec- teurs : l’assainissement et la gestion des eaux usées, les énergies renou- velables et la maîtrise de l’énergie, la gestion et la valorisation des déchets, la gestion des espaces naturels et la protection de l’envi- ronnement (incluant les services d’aménagement paysager) et enfin la recherche et développe- ment économique. L’archipel de la Guadeloupe dispose de nombreux atouts pour favoriser le développement de son économie verte, pour autant, l’économie verte ne représente encore qu’un faible part de l’activité économique. La richesse de son patrimoine natu- rel (188 km² de forêt tropicale et 33 km² de fonds marins classés dans le parc national de Guade-loupe et identifiés comme réserve de bio- sphère par l’Unesco) et des sources d’énergies renouvelables impor- tantes (géothermie, photovol- taïque, bagasse, etc.) en consti- tuent les principaux. De plus, les activités vertes s’intègrent pleine- ment dans les orientations poli- tiques prioritaires (énergie, gestion des déchets, préservation de la bio- sphère, etc.) et peuvent bénéficier de sources de financement crois- santes. Pour autant, l’économie verte ne représente encore qu’un faible part de l’activité économique. Ainsi, en 2016, 1 041 entreprises vertes sont recensées sur le terri-
▲t oire, représentant 2,5% du tissu d’entreprises marchandes. Entre 2008 et 2016, leur nombre aug- mente toutefois rapidement (+5,6% en moyenne annuelle). De m ême, l’emploi vert représente 2 712 personnes en 2016, soit 2,9% de l’emploi total marchand. C elui-ci progresse de 4,2% en moyenne entre 2008 et 2016. Dans l’ensemble des Dom, le poids de l’économie verte dans le tissu économique est plus impor- tant qu’en Guadeloupe : 3,8% de l’emploi marchand et 2,9% des entreprises marchandes.

C’est en Guyane qu’il est le plus élevé et à Mayotte qu’il est le plus faible (respectivement 4,8% et 0,8% des entreprises du secteur marchand). L’essor de l’économie verte est toutefois plus important en Guadeloupe : l’emploi total des activités vertes a progressé de +4,2% par an en moyenne entre 2008 et 2016 contre +3,6% pour les Dom. Les crédits bancaires accordés aux entreprises vertes s’élèvent quant à eux à 118,1 millions € à fin 2017, soit 2,3% de l’encours bancaire accordé aux entreprises. L’emploi total marchand est défini comme la somme de l’emploi salarié privé et de l’emploi non salarié. À travers chacune des activités qui la composent, l’économie verte constitue une triple opportunité pour l’archipel guadeloupéen : • protéger et valoriser un patri- moine naturel exceptionnel. • créer des emplois locaux et non délocalisables dans un contexte de taux de chômage élevé (22% de la population active en Gua- deloupe en 2018). • Contribuer au rayonnement de la Guadeloupe dans la Caraïbe et en France. Trois secteurs représentent plus de 80% de l’économie verte : le secteur la gestion des espaces natu- rels et de la protection de l’environ- nement, celui des énergies renou- velables et la maitrise de l’énergie et celui de la gestion et de la valorisa- tion des déchets. Ces secteurs sont en pleine expansion depuis 2008. Les plans de développement locaux contri- buent à renforcer leur place dans l’économie. Le secteur de gestion des espaces naturels et de la pro- tection de l’environnement constitue le bassin d’emploi le plus important en Guadeloupe.

Au coeur de la stratégie natio- nale de lutte contre l’érosion de la biodiversité, ces activités seront davantage structurées à l’aide de l’Agence régionale pour la biodiversité et grâce à l’appli- cation systématique de la séquence ERC. Elles favorisent par ailleurs la valorisation du patrimoine naturel guadelou- péen et participent à l’émer- gence d’un tourisme vert. Après l’essor du secteur des éner- gies renouvelables et la maîtrise de l’énergie entre 2010 et 2014, l’acti- vité s’est stabilisée entre 2014 et 2016. La PPE (plan pluri annuel de l’énergie) 2016-2023 souhaite don- ner une nouvelle impulsion à ce sec- teur, avec comme objectifs une part de 50% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique en 2020 et l’au- tonomie énergétique en 2030. Les récents investissements dans le secteur, les projets en cours (géo- thermie, photovoltaïque, bagasse, éolien, etc.), ainsi que l’amélioration des techniques de production d’énergie renouvelable portent à croire que l’objectif fixé pour 2020 sera atteint. Parallèlement, la demande d’énergie est de mieux en mieux maitrisée grâce au déploie- ment d’équipements plus efficients. La généralisation de l’utilisation des véhicules électriques et des véhicules hybrides rechargea- bles constitue par ailleurs, en Guadeloupe comme à l’échelle nationale, un défi majeur condi- tionnant la réussite de l’autono- mie énergétique. Le secteur de la gestion et de la valorisation des déchets, deuxième employeur vert de l’archipel, s’orga- nise quant à lui pour multiplier les circuits de traitement des déchets et répondre à l’objectif zéro déchet en 2035. La construction de nou- velles déchèteries, le développe- ment des filières REP et la mise en place des consignes sont autant d’éléments qui devraient permettre au secteur de se consolider dans les années à venir.

L"EMPLOI DANSL"ÉCONOMIE VERTEL"emploi dans l"économie verte représente 440 950 postes dans les éco-activités et 455 700 postes dans les activités péri- phériques. En 2017, la part des offres d"emploi dans l"économie verte est de 16,5%. La grande majorité de ces pro- fessionnels exerce un métier lié à la production et distribution d’énergie et d’eau (44%) ou à l’assainissement et au traite- ment des déchets (36%). Le développement de cette écono- mie verte, devrait contribuer, à développer l’emploi local, non dé localisable et aussi à contribuer au rayonnement de la Guadeloupe en termes d’activités touristiques. Malheureusement le chômage endémique frappe de plus en plus la population et singulièrement les jeunes auxquels qui seul l’ex- patriation est proposée comme alternative, démontre que c’est cette économie fut elle verte ou bleue n’est pas pour l’instant en mesure de porter des solutions aux préoccupations immédiates de nos populations.