Retour de République Populaire Démocratique de Corée

Depuis la disparition de son président King Jong-Il et son remplacement par son fils cadet King Jong-Un à la tête de l'Etat nord-coréen,anathèmes et condamnations définitiv es n'arrêtent pas de tomber, de s'accumuler,pour présenter la Corée du Nord comme un enfer inimaginable,un camp de concentration à ciel ouvert, la dernière des dictatures staliniennes,balayée en permanence par des famines à répétition,par une misère incom- mensurable.

L es qualificatifs les plus utilisés pour dépeindre cette Corée du Nord sont, bien évidemment, et placé en tête de liste, le mot “communiste”, suprême mépris, abo - mination des abominations, associé, cela va de soi dans la bouche de l'ennemi de classe, à sanguinaire, totalitaire, arriéré, féodal, médiéval...

Il faut faire du zèle, participer activement à la “construction de l'opinion publique”, en noircis - sant, en diabolisant le plus possi- ble le “régime communiste” nord-coréen. La stigmatisation systématique, lente, constante, du “régime communiste” nordcoréen a atteint, si l'on peut dire, les sommets de la perfection, du raf finement. Il faut faire naître et consolider dans la cons - cience des peuples et des tra- vailleurs du monde entier, un profond sentimen t de répul - sion, de rejet, de haine du communisme. Pour cela tous les moyens sont utilisés, des plus sophistiqués aux plus détestables. Faux experts, qui n'ont jamais posé un pied dans ce pays, qui n'y connaissent absolument rien, sont invités sur le s plateaux de télévision, pour débiter leur morgue, leurs mensonges, leur haine viscérale du communisme, du socialisme, des mesures sociales progressistes favorables aux travailleurs. Pourtant, ce sont bien ces Coréens du Nord, présentés comme une bande de tarés intellectuels, d'handicapés mentaux, d'affamés récurrents selon certains faux experts de service, qui sont tout de même parvenus à disposer de l'armementnucléaire.

Ce ne sont ni les “gri-gri”, ni la pratique du “vaudou” coréen qui les y ont conduits. Mais, le travail, le talent, l'éducation, la transmission du savoir . Tout un ensemble de qualités que les mensonges, les dénigrements, les calomnies des médias aux ordres, ne parviendront jamais à enlever au peuple de la Corée du Nord.

Nous publions ci-dessous un texte de Madeleine Dupont membre de l'Association d'Amitié Franco-Coréenne, de retour d'un séjour en Corée du Nord.

Dunières T alis

Je ne tenterai pas ici de faire une analyse politique ou écono - mique de ce pays. Je livrerai sim - plement quelques remarques et impressions ressenties lors de ceséjour . Je faisais partie d'une délégation de l'Association d'Amitié Franco-Coréenne, et nous avons été pris en charge dès notre arrivée.

Pyong-Y ang est une grande ville moderne “construite au milieu d'un parc”, disent les cartes postales ; et on peut y croiser de nombreux habitants tenant à la main leur petit outil de jardinage, pour dés - herber ou planter, bénévole- ment. J'y ai rencontré aussi beaucoup de travailleurs balayant les feuilles mortes et cela m'a rappelé l'ex-U.R.S.S.

Cette première impression serait incomplète si je ne signalais pas tous ces écoliers souriants dans leur uniforme bleu marine, foulard rouge autour du cou et sac sur le dos.

LA GUERRE DE LIBÉRATION

Nous sommes arrivés en pleine célébration du 65ème anni - versaire du Parti du Travail. Et pour comprendre l'importan- ce donnée à ces manifesta- tions, un bref rappel historique est nécessaire.

Les Communistes, Kim Il Sung, ont joué un rôle décisif dans la guerre de Libération, et la partition du pays n'est pas leur fait mais celui des U.S.A. Au début du siècle dernier, trois grandes puissances se disputent la Corée : le Japon, la Chine et la Russie. Le Japon finit par l'annexer en 1910. Suit alors une période de répression violent contre le peu- ple coréen, pendant laquelle les communistes s'organisent en un parti que Kim Il Sung va enraci- ner dans les masses. En 1932 est créée l'Armée Révolutionnaire Populaire Coréenne qui unit ses forces à celles de la Chine dans la lutte populaire de libération.

Cette lutte s'amplifie à partir de 1941, et en 1945, l'armée sovié- tique et la guérilla coréenne libèrent entièrement la Corée. Est alors proclamée la République Populaire de Corée (de toute la Corée). Mais l'impérialisme US intervient et la Conférence de Potsdam en juillet 45 partage le pays en deux zones d'influence et d'occupation de part et d'autre du 38ème parallèle.

C'est en pensant à ce passé (et à la situation présente constamment tendue) que j'ai applaudi avec émotion l'armée populaire au défilé du 10 octobre. Quelle agréable surprise également, dans la rue, quand les camions attendaient le retour à la caserne, ces échanges joyeux entre les jeunes soldats et la population massée sur les trottoirs qui les acclamait !

POUVOIR DYNASTIQUE, MAIS ETAT SOCIALISTE.

Nous avons également assisté à ce que les Coréens appellent Grand Spectacle Gymnique et Artistique de Masse, discipline dans laquelle excellaient les expays socialistes. Et je reconnais que, personnellement - tant pis pour ceux qui n'appréciaient pas ! - j'ai été subjuguée par son ampleur, sa beauté et sa qualité. Plus de 100.000 participants ; des tableaux représentant, entre autres, la guerre de Libération, l'amitié avec la Chine, les efforts pour la réunification, l'armée, la vie quotidienne... Je dois cependant avouer, à un moment ou un autre, que le culte de la personnalité est pesant, dans le discours des gui- des truffé de formules toutes fai- tes à la gloire du “dirigeant éclairé”, dans la représentation omniprésente de ces dirigeants. Et surtout, on ne peut adhérer à la transmission familiale du pou - voir (1) . Voilà, c'est dit !

Nous avons visité plusieurs éta - blissements scolaires, des fermes et une “académie d'agriculture”, une usine textile, un chantier de construction, une maternité et une “académie” de médecine, le musée de la victoire...

Chaque visite fut l'occasion de vérifier l'ef fort de la R.P.D.C. pour le bien-être des popula- tions, caractéristique d'un Etat socialiste : des écoles dont l'équi - pement n'a rien à envier aux nôtres ; des usines, où les mères de famille travaillent 6h par jour au lieu de 8, et qui disposent de crèches, installations diverses comme le coif feur ou la salle de repos, un potager et une école à proximité, où les hommes obtiennent la retraite à 60 ans et femmes à 55 ; des hôpitaux aux soins gratuits, avec une large place à la médecine traditionnel - le ; des chantiers où les ouvriers ne sont pas esclaves du chrono - mètre d'un contremaître ; des fermes à l'économie planifiée où l'Etat joue un rôle primordial, où on développe la recherche.

SOUTIEN CRITIQUE, MAIS SOUTIEN NÉCESSAIRE !

On empiète même sur la mer avec les polders et on rabote la montagne pour gagner un peu de terre dans ce pays où les sur- faces cultivables sont plutôt réduites, afin d'atteindre l'auto- suffisance alimentaire.

La R.P.D.C. continue ses efforts “pour la construction d'un pays prospère”, même si dans les années 90 (avec la chute des pays socialistes), les U.S.A. avaient cru pouvoir prédire que l'échec du socialisme en Corée n'était qu'une question de temps, et malgré les sanctions des U.S.A. et leurs alliés, auxquelles s'ajoutent les fréquentes catastrophes naturelles.

Vers la fin du séjour, nous avons rencontré le Directeur du Département Europe du Comité Coréen des relations culturelles avec les pays étrangers. Il a insisté sur l'incident du navire coulé dernièrement, pour montrer la tension maintenue par les U.S.A. dans le but de saboter toute tentative de négociation sur la réunification, constante de la politique de la R.P. D.C..

A la question que je lui ai posée sur l'effet des réformes économiques et les dif férences avec celles appliquées en Chine, il est resté très vague : “On essaie d'adapter l'expérience chinoise au pays ; on encourage la coopéra- tion avec les pays étrangers ; l'é- conomie a perdu quelque rigidi- té pendant la période difficile ; et si un effet positif survient dans un domaine, il se fera sentir dans tous les domaines...”

La nécessité d'affirmer sa solida- rité avec la Corée socialiste n'est en rien une approbation sans critique ; elle nécessite de continuer notre action pour sortir notre pays de l'O.T.A.N. et de l'Alliance Atlantique afin que s'établissent des relations normales de coopération entre la France et la R.P.D.C.

Madeleine DUPONT Source : “Initiative Communiste”, n °103, décembre 2010

(1) Nicolas Sarkozy, à l'image de King Jong-Il a tenté d'imposer son fils Jean, “brillant” étudiant en droit, bloqué depuis cinq ans en deuxième année, à la direction du Centre des Affaires de la Défense. Il a fallu une levée de boucliers, notam - ment du Parti communiste français, pour empê- cher que le rêve du monarque français ne devienne réalité. Comme quoi, la volonté de la “transmission familiale du pouvoir” n'est pas un avatar essentiellement nord-coréen.