Base nautique de Sainte-Anne : Un patrimoine cher au coeur des Guadeloupéens

Il est impensable d’envisager la fermeture de la base nautique de Sainte-Anne avec son école de voile pour quelque motif que ce soit. Et ce n’est point un effet de langage. L’idée de la création d’un centre nautique régional à Sainte- Anne, a germé sous la manda- ture du président Félix Proto, dans une perspective de déve- loppement lié à la mer.

La base nautique actuelle, a été réalisée sous les présidences de Mme Lucette Michaux Chevry et de Victorin Lurel en deux tranches (2003 et 2008). Dès son lancement, cette base nautique régionale a été un haut lieu d’activités intenses, organisées autour de la natation et de la voile, avec une voca- tion éducative au sens large. Son fonc- tionnement englobait à la fois, savoir- faire, savoir-être, loisirs, apprentissage, formation aux métiers de la mer, rela- tion intergénérationnelle, ouverture sur la connaissance de la mer et des perspectives qu’elle peut offrir… Cela a été possible dès le départ car, le bâtiment neuf et ses installations annexes construites par le Conseil régional a hébergé l’école de voile de Sainte-Anne qui a débuté ses activités dès février1983 et qui fonctionnait à pleine charge. Combien de petits Guadeloupéens sco- larisés se sont familiarisés avec la mer, ont appris à nager, à pratiquer les petits canots à voile (optimists) ! Combien ont pris goût à l’école grâce aux séances de natation ! Combien de vocations ont pris naissance dans cette ambiance à la fois protectrice et ouverte sur le large ! L’activité de cette base était répartie en plusieurs volets. A 80%, elle se consa- crait aux scolaires de l’archipel guade- loupéen. Régulièrement étaient organisés des centres de vacances et de loisirs, des centres aérés. Une autre partie des activités concernait les particuliers : résidants, touristes, aqua gym, aqua bike, prise en charge de per- sonnes à mobilité réduite, activités tournées vers le 3 ème âge et surtout un volet formation aux métiers de la mer, délivrance d’attestation de natation qui sont réclamées aux jeunes… Cette base hébergeait aussi une asso- ciation «Les amis de la FOLG» (Fédé- ration des oeuvres laïques de la Gua- deloupe), qui avait pour mission d’or- ganiser les compétitions qui s’y déroulaient et elle travaillait en toute harmonie avec l’école de voile. La base fonctionnait donc à plein régime et méritait surtout un élargisse- ment de ses moyens pour satisfaire la demande grandissante. Comment alors envisager la perte d’un tel outil pédagogique et d’éducation populaire au service, avant tout, de nos jeunes scolarisés, mais aussi de ceux qui ont besoin d’apprendre à nager, pour monter leur dossier de candidature à certains concours car, savoir nager est devenu obligatoire ? Comment ne pas soutenir, et augmen- ter les capacités actuelles de ce centre dont les missions s’intègrent logique- ment dans le programme du Conseil régional concernant l’économie bleue et l’aspiration de la municipalité de Sainte-Anne à développer le nautisme ?

Les bonnes questions !Pourquoi les difficultés financières de la Fédération des oeuvres laïques de la Guadeloupe débouchent ipso facto sur la liquidation de la base nautique de Sainte-Anne ? La FOLG gère plusieurs secteurs d’activités, et la base de Sainte- Anne fait partie de ceux qui lui rap- porte des recettes conséquentes, contrairement à d’autres. Pourquoi liquider cette base qui rap- porte de l’argent, alors que la FOLG en a grand besoin ? Pourquoi le président de la FOLG a refusé de suivre les nombreuses préconisations qui recommandaient de ne pas fermer la base nautique ? Ne pouvait-on pas trouver une autre solution aux problèmes financiers récurrents de la FOLG ? Pourquoi le président a procédé à cette liquidation avec autant de brutalité, sans entreprendre la moindre concer- tation avec l’équipe de la base ? Comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, la nouvelle de la fer- meture tombait sur les ondes, jetant au chômage 5 salariés par ces temps déjà si durs !Un retour en arrière pour apprécier l’ancrage de cette base.C’est sous la gestion du maire Hégésippe Ibéné, qu’est née l’école de voile de Sainte-Anne, gérée par la FOLG, alors présidée par M. Lucien Milne. Ce dernier a obtenu du maire Hégésippe Ibéné l’autorisation d’im- planter, sur une plateforme existante, une école de voile, qui a ouvert le 23 février 1983, avec comme directeur, un enseignant spécialisé, passionné par son travail : Victor Jean-Noël. Celui-ci avait autour de lui quelques jeunes saintan- nais, dont Philippe Fiston qui est devenu un grand skipper professionnel, Jocelyn Philibert, actuel directeur de la struc- ture, Carl Chipotel, jeune amoureux de la mer qui nous a montré ses qualités de marin mais aussi de formateur, et tant d"autres toujours présents tels que Ruddy Laurent, Alex Mathurin... Cette école a permis à l’ensemble des élèves scolarisés à Sainte-Anne d’avoir dans leur emploi du temps des
s éances de natation et de voile. Elle recevait pour cela une subvention communale. D’autres communes ont adhéré à cette école et cela, pour le plus grand bien des élèves. A Sainte-Anne, beaucoup se souvien- nent certainement de cette époque où, sous l’impulsion du jeune Jacques Kancel, alors maire adjoint, responsa- ble des affaires culturelles et spor- t ives, les écoles travaillaient en lien étroit avec le centre culturel et l’école de voile, pour la plus grande satisfac- tion des élèves et des familles. A l’arrivée du maire Blaise Aldo, la sub- v ention communale a été interrompue, privant ainsi les élèves de leurs activités nautiques et aquatiques pendant très longtemps. Enfin, la subvention a été rétablie, mais à un niveau inférieur qui ne permettait pas la prise en charge de tous les élèves. C’est ce même régime qui perdure avec l’actuelle municipalité. Cependant, avec les infrastructures nouvelles, les activités de l’école ont été étendues et confortées. L"associa- tion L"ANASA, ex «Les amis de la FOLG» continue aujourd"hui de façon per- formante à prendre en charge les activités liées à toutes les compéti- tions nautiques : voile tous supports, kayak, stand up paddle... Cette base nautique valorisée par son école de voile a connu une progression continue sous la direction de Victor Jean-Noël qu’on ne présente plus en Guadeloupe. Il a su former de nom- breux marins et préparer une relève qui a tenu jusqu’ici bien haut, le flambeau de la voile et la renommée de la base qui accueillait des jeunes de la Caraïbe pour des stages de formation.Où en est-on de cette misérable et brutale liquidation ?

Le 1 e r octobre dernier, s’est tenue, à l’initiative du Conseil régional, et en présence du maire de Sainte-Anne, et de Carl Chipotel, président de l’associa- tion «Aventure nautique de Sainte- Anne (ANASA)», (dénomination nou- velle des «Amis de la FOLG»), une réu- nion. La décision a été prise de signer très prochainement une convention avec l’ANASA pour assurer le maintien des activités proposées aux usagers de la base nautique, propriété de la collec- tivité régionale. Une initiative d’ur- gence a été prise dans l’attente d’une solution juridique pérenne. Le matériel, mis à la disposition de la base, sera transféré à l’ANASA, dans l’intérêtdes nombreux usagers de la structure. La collectivité régionale s’engage à s’assurer, à l’avenir, du maintien de l’activité de la base. Elle répond ainsi à sa volonté de «former la jeunesse aux métiers de l’économie bleue, en mettant en place des forma- tions adéquates». Le dispositif annoncé est en cours de finalisation. Cependant, il semblerait que le président de la FOLG cherche encore à vendre aux enchères le maté- riel promis à l’ANASA, destiné à faire fonctionner la base. Si cette menace se confirmait, ce serait la démonstration, que ce président «liquidateur» veut à tout prix détruire l’organisation de la base telle qu’elle a e xisté. Et alors, il faudrait s’interroger sur ses réelles motivations.Que faire pour sauvegarder la base nautique régionale à Sainte-Anne ?Dans tous les cas de figure, le C onseil régional et la municipalité de Sainte-Anne, se doivent de sau- vegarder une école de voile qui a un enracinement patrimonial, qui a fonctionné jusqu’ici de façon satis- f aisante et qui, surtout, présente des perspectives sérieuses de déve- loppement. L’heure est donc à un élargissement de ses capacités pour lui permettre de développer des activités dans le domaine touristique, avec les tours opérateurs, et des formations nouvelles aux métiers de la mer (au moment où on parle de «Bus de mer»). C’est aussi le m oyen de former et de recruter quelques jeunes Guadeloupéens. Il est de notre devoir de citoyens de contribuer à la sauvegarde de cet outil qui porte bien ses 36 ans d"existence, q ui a fait ses preuves et qui déploie son action à la fois dans les cadres de : - la performance sportive, - l’éducation nationale, - l’éducation populaire, - la formation professionnelle, - développement économique et touristique. Agissons donc pour que la volonté affi- chée par le Conseil régional se concré- tise, et pour que la base nautique régio- nale de Sainte-Anne reparte sur les rails du progrès, au bénéfice de la popula- tion et d"un très large public.